La sexualité après 60 ans : toujours présente malgré les changements

Par Daniel Calvé

Cahier « Génération B »

Sujet tabou malgré une société de plus en plus sexualisée, la vie sexuelle et intime chez les aînés de 60 ans et plus est bien réelle.

Dans l’industrie cinématographique, « la sexualité après 55 ans va être représentée par des cougars ou par des vieux pervers. Ce n’est pas ça la vie », mentionne la sexologue Kanica Saphan en discutant de la représentation de cette génération à la télévision.

Kanica Saphan donne des conférences auprès des aînés, où elle remarque qu’eux aussi abordent la sexualité de la même façon que le reste de la population, c’est-à-dire que la sexualité est inexistante après la ménopause ou l’andropause. « Après un certain âge, ils vont se mettre eux-mêmes des barrières. Pour certains, après le décès de leur conjoint, c’est la fin de leur sexualité. Pour eux, c’est dans le cadre du mariage ou de procréation », explique la sexologue en spécifiant qu’ils ont été élevés comme ça.

En quête de réponse

Si les millénariaux et la génération X vivent leur sexualité sans gêne, la réalité est différente chez les baby-boomers. Lorsqu’elle donne ses conférences, Mme Saphan remarque qu’ils sont plus gênés étant donné l’éducation reçue. Par contre, ils sont curieux et n’hésitent pas à poser leur question anonymement.

Barrière physique et psychologique

En vieillissant, le corps et la perception changent. C’est un obstacle majeur, autant pour l’homme que pour la femme. « Nous sommes dans une société qui valorise la jeunesse et le corps. Ils auront de la difficulté à se trouver beaux et attirants » explique la sexologue. Chez la femme, l’apparence sera mise à rude épreuve tandis que chez l’homme, c’est la performance.

« Ces barrières viennent jouer sur l’estime de soi et auront un impact sur le désir sexuel. Ils vont se dire qu’ils ne sont plus capables, que leur corps ne suit plus ou qu’ils ne sont pas assez beaux et désirables », souligne Kanica Saphan.

Une sexualité différente

La sexologue est claire : « Il faut défaire l’idée que ça n’existe plus après un certain âge, c’est faux ! La sexualité change et s’adapte avec les années tout simplement ». Selon la spécialiste, ces changements sont courants, même chez les plus jeunes. Par exemple, après la naissance du premier enfant, la sexualité sera différente que celle vécue à l’adolescence. La sexualité est toujours présente, mais d’une autre façon.

Nouvelle relation et sexualité

« Les aînés vivent un conflit entre ce qu’ils ont appris à être acceptable à l’époque et ce qui est acceptable en 2020 » explique la sexologue en parlant des nouvelles relations amoureuses. Seuls trois critères permettent de déterminer si c’est acceptable ou non : le positif, le consentement et la sécurité.

Enfin comme toute nouvelle relation, il est très important d’utiliser le condom. « Il y a une recrudescence des ITSS chez les aînés parce qu’ils pensent que les condoms, c’est uniquement pour prévenir les grossesses, mais non, il faut encore utiliser le condom » souligne la sexologue.

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