La musique et Morin-Heights, inséparables
Par Simon Cordeau
« Il y a comme un engouement pour garder une certaine culture, l’histoire de la musique et celle de Morin-Heights », explique Daniel Voyer. Lui-même est musicien dans la région depuis une trentaine d’années. Son idée de documentaire « a fait boule de neige », et il se réjouit de l’enthousiasme de la communauté. « Il y a beaucoup de monde impliqué. »
« En 2017, Morin-Heights est arrivée deuxième au Canada comme ville d’importance musicale, et la seule au Québec, au palmarès Air Miles Detour. Sa contribution culturelle est significative au niveau national », souligne le réalisateur. Le documentaire, qui sera présenté cet automne, recule dans l’histoire pour raconter Morin-Heights à travers la musique.
Une longue tradition
Quand la musique arrive-t-elle à Morin-Heights? « Trevor Leslie, propriétaire du Commons, me raconte que dans les années 1920, il y avait des danses carrées, des réunions et des rigodons. Jusqu’où cela a influencé ce qui vient après? C’est difficile à dire, et il faudrait fouiller plus », partage M. Voyer.
Pour voir la bande-annonce du documentaire, suivez le lien : youtu.be/HV2saBb-wqQ
Dans les années 1960, la musique folk prend sa place, influencée d’abord par les États-Unis, mais aussi par les traditions québécoises. Muddy Waters, les sœurs McGarrigle, Penny Lang et d’autres choisissent Morin-Heights pour pratiquer leur art. « Ç’a commencé dans les années 1960 à s’établir ici, et les gens se déplaçaient. »
Puis dans les années 1970, Le Studio d’André Perry attire des artistes de partout dans le monde. « C’est sûr que Le Studio a mis Morin-Heights sur la carte, au niveau international », dit M. Voyer.
Préserver la mémoire
« Il y a la communauté, aussi, qui a influencé. Ces gens-là sont encore à Morin-Heights, mais ils ne sont pas jeunes. Pour moi, il fallait faire quelque chose avant qu’ils ne partent », explique le réalisateur.
La musique est toujours bien vivante à Morin-Heights. De jeunes artistes continuent de s’y installer et des événements la mettent à l’honneur, comme le festival Superfolk. Mais préserver sa mémoire est également essentiel, selon M. Voyer.
« Les gens me racontent des choses. Par exemple, la sœur de Trevor [Leslie] a enseigné à Sting comment skier sur les pentes du parc Basler. Ce sont ces petites affaires-là que j’aime et que je veux dans le film. Je veux mettre beaucoup de musique aussi », explique le réalisateur.
« Ce que je veux vraiment amener, c’est : pourquoi Morin-Heights? C’est vraiment quelque chose de communautaire. » – Daniel Voyer, réalisateur
« Je découvre plein de monde, beaucoup d’histoires, que je ne pourrai pas mettre. Bref, il faut que j’arrête de filmer : j’ai déjà plein de matériel », raconte M. Voyer, alors qu’il s’apprête à commencer le montage. Son sujet est si riche qu’il aurait pu faire une série documentaire, admet-il.
Mais l’objectif, souligne M. Voyer, est d’abord de donner un aperçu global d’une culture toujours vivante.
« Le projet ne donne pas plus d’importance au Studio, au Commons ou même au Rose’s Cantina. Ce que je veux vraiment amener, c’est : pourquoi Morin-Heights? Musicalement, qu’est-ce qui est arrivé? C’est vraiment quelque chose de communautaire », explique-t-il.