Travail intergénérationnel : Quand les jeunes et moins jeunes se côtoient
Par Luc Robert
« La pandémie aura été une mine d’or, pour moi, tant au niveau du travail, que des relations humaines avec les autres employés. Ici, il y a juste une équipe : celle qui se soutient à la tâche. » À 57 ans, Shawn Guay, un ancien professeur d’éducation physique, à l’école du Champ-Fleuri à Prévost, a décidé de relever ses manches et retourner travailler avec des plus jeunes, cette fois à l’atelier du magasin Sports Experts, de Saint-Sauveur.
« J’ai toujours été manuel et je ne me voyais pas me tourner les pouces à la maison. Tous mes amis enseignants reprenaient le collier aux écoles, mais pour moi, mis à part un peu de remplacements, c’était terminé. J’ai donc décidé de me servir de mes mains pour ajuster des dérailleurs et autres pièces de vélos, polir des planches et des skis alpins, ajuster des bottes et fixations de skis. Nous sommes 4 ou 5 vétérans, parmi la bande de jeunes, et les échanges sont excellents. »
Accompagné à l’atelier de Stéphanie Plante, 29 ans, une ancienne du Sommet Saint-Sauveur, M. Guay adore les contacts humains avec les plus jeunes.
« Je m’entends bien avec Steph et les autres. C’est quelqu’un avec qui je peux échanger. On s’épaule mutuellement, quand beaucoup de travail survient en même temps. Elle m’apprend des choses, et certaines fois, mon expérience facilite les choses. On a tous notre champ d’expertise », a repris le Prévostois.
Originaire du secteur Bellefeuille de Saint-Jérôme, Shawn Guay est aussi appuyé lors des fins de semaine par sa fille Karelle. L’aînée Jolianne, une joueuse étoile de basketball à l’Université du Nouveau-Brunswick, vient aussi faire des quarts de travail, lorsqu’elle se trouve dans le coin des Laurentides.
« Les jeunes ne nous font pas sentir comme de p’tits vieux, qui ne savent rien. Au contraire, tant avec Stéphanie, mes filles et les autres, on partage de beaux moments. Karelle est plus à l’aise à la division du linge, moi à autre chose. Travailler ensemble, c’est comme participer à une activité familiale, malgré le contexte de pandémie. Au lieu d’être en confinement, on reste sain d’esprit en bougeant et en s’occupant. »
Ancien coach d’élite
Si Shawn Guay est reconnu dans les Laurentides pour avoir formé une meute de jeunes basketteurs et basketteuses, son expérience sportive remonte aussi loin qu’aux années 1970 et 1980.
« Mon père Gérald m’a vite initié aux sports. J’ai entraîné en ski de fond des jeunes de la région. On pense avoir fait un bon travail avec quelques noms (rires), tels que Rémi Brière (Fondeurs du Nord) et Julie Bruneau (mère de Cendrine Browne). J’ai aussi été entraîneur de l’Équipe du Nouveau-Brunswick de ski de fond. On participait à des Coupes du Monde et des Coupes Canada. À un moment donné, ça devenait lassant de vivre avec des contrats annuels. Je suis revenu ici comme professeur. »
Son mentor
Même à son expérience, M. Guay trouve le moyen d’en apprendre quotidiennement.
« Les jeunes sont source d’inspiration. Je n’arrive pas au magasin avec mes gros sabots. J’ai de l’expérience, mais j’accepte volontiers l’aide de Dawson, un jeune talentueux de 21 ans en matière de dérailleurs. On a tous notre expertise, mais on s’entraide. Je vais dépanner de temps à autre aux ajustements de bottes. C’est un travail d’équipe. »
« D’ailleurs, je dois une fière chandelle à Pierre Côté, un spécialiste des vélos électriques, qui m’a formé à plusieurs choses. Les subtilités des machines, l’entretien, le nivellement des skis, les fixations et autres, il a les secrets de tout ça. Il voit même à nous préparer aux examens des fabricants, pour que nous obtenions notre accréditation. J’ai appris à jouer avec les talonnières, pour que la tension soit sur mesure. Sérieusement, je ne pouvais mieux tomber pour une troisième carrière. Le personnel, peu importe les différences d’âge, est très fraternel (easy going). »