(Photo : Archives)

Les agents rivalisent d’adresse en pénurie

Par Charlier Mercier

Devant le nombre réduit d’affichages de maisons à vendre sur le marché, seuls les agents immobiliers les plus motivés et astucieux font de bonnes affaires.

Les habitants riverains ont noté dans la dernière année qu’il se passe rarement une semaine sans qu’une carte de visite ou une publicité soit accrochée à la poignée de porte de leur demeure pour la vendre.

Cette publicité traditionnelle des agents connaît une certaine efficacité, mais des moyens plus « modernes » existent pour courtiser les afficheurs.

Certains courtiers ont organisé des brunchs mensuels avec des clients potentiels, un invité de marque et des gens du milieu des affaires. À une certaine époque, alors qu’il était libre d’affiliations, Marc Bourcier a participé comme invité à un événement réseautage de son vieil ami Ronald Lécuyer, alors copropriétaire d’un club de la Ligue de baseball majeur du Québec.

« Les brunchs réseautage m’ont bien servi entre 2010 et 2020. Tu rencontres des gens de tous les milieux et le sérieux de ton entreprise se propage via le bouche-à-oreille. Mais les brunchs sont moins tendances ces années-ci », a confié M. Lécuyer, courtier de Royal LePage Plus à Saint-Jérôme.

De nos jours, il mise plus sur l’entregent pour dénicher des maisons attirantes. « C’est banal des fois, mais efficace. Ma femme et moi sommes inscrits dans une ligue de quilles et j’ai croisé un sportif du passé. Tu prends des nouvelles, tu te soucies du client et la suite se développe. »

Baisse des inscriptions

Les courtiers vibrent au rythme du marché. Ils font encore des ventes en s’associant à des promoteurs de projets.

« Il faut dire en partant que les inscriptions ont fondu : à Saint-Jérôme, il pouvait y avoir un inventaire affiché de 800 maisons ou terrains. De nos jours, on parle de 150 inscriptions, dont la moitié en promesses d’achat. L’affichage n’est plus ce qu’il était entre 2015 et 2017. »

Actuellement, le marché demeure incertain et les ventes, limitées. « Le boom de la pandémie est terminé. L’indice de confiance du consommateur semble à la baisse. En observant la tendance des municipalités à limiter les permis de construction et à être plus restrictives dans le zonage, ça envoie un double message : les villes veulent attirer de jeunes familles et du personnel pour les entreprises locales. Mais en même temps, il faut loger cette main-d’œuvre de qualité quelque part. Il faut trouver un juste équilibre », a estimé Ronald Lécuyer, actif dans la MRC de La Rivière-du Nord.

Pays-d’en-Haut

Un peu plus au nord, son collègue Louis Saint-Jean, de Sainte-Anne-des-Lacs, cons-tate que le marché a aussi ralenti.

« C’est ardu, tant pour les acheteurs et les vendeurs, que pour les entrepreneurs. Pour les courtiers et les vendeurs, c’est rendu une bataille de trouver des gens pour afficher leur immeuble. Je suis un chanceux de la vie d’avoir une belle clientèle : je ne fais aucune promotion. Le succès dépend toujours de ton bagage. J’ai fait plusieurs connaissances pendant mes 30 ans à travailler chez Demers Sports, avant de me lancer avec Royal LePage Plus. Plusieurs m’ont suivi », a expliqué M. Saint-Jean, de Royal LePage Plus.

Les nouveaux venus trouvent le métier difficile, en général. « Pour les agents qui commencent dans le milieu, il y a loin de la coupe aux lèvres. Pour un 20 % qui gagnent bien leur vie, il y en a près de 80 % qui mangent actuellement leurs bas. »

Acheteurs motivés

La rareté influe directement sur l’exposition des demeures à vendre. « Pour 70 visites, il peut y avoir jusqu’à 400 offres sur une maison. Les rendez-vous sont tellement rares, avec des ventes rapides, que tu as de la misère à avoir des réservations pour ta propre visite. Des clients veulent même renoncer à l’inspection des lieux, ce que nous déconseillons fortement, pour devancer d’autres acheteurs. C’est rendu fou comme marché ! », a évalué M. Saint-Jean.

Bien adapté

Nouveau venu dans le domaine, M. Bruno Laroche se compte chanceux d’avoir une multitude de clients chez Royal LePage Humania.

« Pour les récents diplômés, c’est certain que c’est difficile si tu n’es pas connu. J’ai la chance d’être bien entouré avec François Léger. L’approche et la présentation sont essentielles. Autant les acheteurs veulent se faire soutenir dans toute la démarche par un pro qui connaît les étapes, autant les proprios vendeurs veulent un courtier qui est sensible aux variations du marché et qui pourra exhiber le meilleur de leur immeuble. »

Et la technique magique pour trouver des afficheurs ? « Pour obtenir des inscriptions, il n’y a pas 50 moyens : tu procèdes par appels téléphoniques, par des visites à des domiciles ciblés et tu dois leur prouver que tu connais tes dossiers. Les gens sont plus connaissants de nos jours et déterminent vite ceux qui parlent au travers de leur chapeau et avec qui ils voudront faire affaire », a ajouté l’ancien maire de Saint-Hippolyte, devenu aussi un consultant enregistré en développement immobilier.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *