Valérie Maisonneuve : Enseignante au CFTR, elle a conduit des camions lourds
Par France Poirier
Dès l’âge de 11 ans, Valérie Maisonneuve savait qu’elle ferait un métier incluant la conduite. Âgée de 40 ans, elle enseigne au Centre de formation du transport routier (CFTR) depuis 13 ans. Auparavant, elle a conduit des véhicules lourds.
« Déjà à 11 ans, je faisais des petits travaux pour amasser de l’argent et m’acheter une voiture. C’est à l’âge de 15 ans que je l’ai achetée. Je n’avais pas encore mon permis de conduire et j’avais ma voiture dans la cour. Dans ma famille, il n’y a aucun camionneur, c’est vraiment moi qui a toujours été attirée par les véhicules. J’ai eu des motos. La conduite c’est une passion pour moi », nous raconte Valérie Maisonneuve.
Elle s’est inscrite au CFTR à 19 ans et il y avait un an d’attente dans le temps. À 20 ans elle a fait son cours. « Je savais déjà que je travaillerais dans un domaine où il fallait conduire. Dans mon cours, nous étions trois femmes, les deux autres suivaient le cours pour travailler en équipe avec leur mari. Moi, ce n’était pas mon cas. Je n’avais jamais embarqué dans un camion avant. Je n’en revenais pas qu’on pouvait avoir un travail qui nous permettait de voir du paysage et de conduire. Pour moi ce n’était pas un travail, c’était juste du plaisir », se rappelle Valérie.
De longs périples
Au fil de sa carrière de routière, elle a fait toutes les sortes de transports sauf l’oversize. Principalement, elle a fait du transport d’explosifs. « J’ai toujours voyagé seule, je partais des 21 jours en ligne, je n’ai pas d’enfant alors ça me convenait. J’ai toujours aimé partir à l’aventure. Je faisais du 21/7.
Je dormais et me lavais dans les trucks-stop et je mangeais dans mon camion. Je me promenais beaucoup et j’étais prudente. Je n’allais pas me stationner dans les coins noirs. Il ne m’est jamais rien arrivé de mésaventure. »
Une femme dans le domaine se fait observer. « Je me souviens quand j’ai commencé, j’avais 21 ans et lorsque j’arrivais chez un client, les gars sortaient tous à leur pause pour me regarder reculer. Quelquefois, ils étaient quatre, cinq gars accotés près des quais de chargement qui m’observaient reculer. Ça crée une pression. Ils ne faisaient pas ça quand c’était un collègue masculin. Dans le temps, ils me voyaient arriver et certains disaient : ‘’Ben voyons c’est toi qui chauffes? ‘’ Je me suis déjà fait dire chez un client quand je suis rentrée avec mes papiers. ‘’Vous direz à votre mari de reculer à telle porte.’’ Je répondais en riant. Je n’ai pas de mari, c’est moi qui conduis. »
« C’était la mentalité d’il y a vingt ans. Je n’ai jamais senti de discrimination à mon égard de la part de mes confrères. Les gars sont toujours venus m’aider. Je pense qu’il y a l’attitude aussi. Je suis quelqu’un de sociable, souriant, toujours de bonne humeur, je parle à tout le monde. J’ai toujours fait ma petite affaire et je n’ai jamais eu besoin de me prouver, j’agissais comme eux. »
Transmettre sa passion
« J’enseigne depuis 13 ans et, de temps en temps, je fais des voyages pour des compagnies. J’avais vraiment le goût de transmettre ma passion. C’est pour ça que j’ai opté pour l’enseignement. Quand des étudiants me disent merci de ce que je leur apprends, c’est pour moi une paye, j’adore ça. Je fais aussi du mentorat pour les filles. Je les encourage. Quand une fille est un peu découragée, on me jumelle avec elle et je la soutiens. »
Valérie a un baccalauréat pour enseigner. « Ça fait 8 ans que je m’occupe des stages et je peux dire que chaque étudiant reçoit 4 ou 5 offres de stage, puis d’emploi. Pour la dernière cohorte, une compagnie de béton a pris 12 étudiants, alors que les groupes sont d’environ de 24. C’est certain qu’il y a de l’avenir en transport routier », conclut Valérie.