Une tradition qui se perpétue depuis trois générations
Par Luc Robert
Créé en 1945, le café-restaurant de style américain Johnny de Saint-Jérôme, reçoit beau temps, mauvais temps, des voyageurs qui ont emprunté la sortie 45 expressément pour venir déguster un de leurs fameux club sandwichs.
Une fois la côte de la rue de Martigny franchie, il reste seulement un coin de rue vers le Nord à faire, sur Saint-Georges, pour retourner dans le temps. On y trouve des installations qui ont bercé le jeune temps de plusieurs boomers, avec ses tabourets de bar, son ambiance rétro et ses « mets traditionaux ».
« Ça peut paraître bizarre pour certains, mais nos clubs sont demeurés le sandwich préféré année après année. C’est sûr que nos frites maison, que j’ai moi-même épluchées étant un jeune enfant de 10 ans dans le sous-sol de l’établissement, ont contribué à attirer du monde. Quand je me promène, et qu’on me dit encore – ouin, va falloir que je retourne bouffer un de tes clubs sandwichs sous peu : ça me manque !
Et bien, ça fait plaisir », a souligné avec fierté Maurice Gibeault, qui a pris les commandes de chez Johnny en 1975.
Même goût
L’établissement a été fondé par le grandpère, Jean, à la fin de la 2e guerre. Dès 1984, c’est sa petite fille Anik qui a poursuivi la « vocation familiale », en joignant ses efforts aux deux autres générations, dès l’âge de 16 ans.
« Je crois que ce qui a créé notre renommée, c’est la qualité et la constance de notre nourriture. Aucune recette n’a changé depuis mon enfance. Les habitués sont heureux de me dire que le goût est pareil à ce qu’il était il y a 20-25 ans. Ça va plus loin que servir des hot dogs et des hamburgers. C’est une fierté familiale d’offrir ce p’tit goût de revenez-y ! », a assuré Anik Gibeault.
La gérante-actionnaire y est même allée d’une révélation intéressante au niveau des clients.
De génération en génération
« À l’heure où tout change dans la société pour plusieurs, les gens se sentent en sécurité de revenir manger leur mets habituel. Quand je vois une grand-mère arriver avec ses enfants et les petits-enfants, ça me touche aussi. Récemment, une mamie expliquait où elle était assise quand tel ou tel événement s’est produit, tout en prenant sa poutine. On en vient à connaître les habitués, leur famille et leurs anecdotes. On voit des personnes pendant juste 5 ou 10 minutes pour une commande à emporter. Mais je veux que mes employés offrent un sourire à chaque client. Il faut qu’il se sente encore chez lui, après toutes ces années », a poursuivi Anik.
Mesures sanitaires
En matière de santé et de sécurité, chez Johnny n’a pas lésiné. Notamment sur l’usage du masque et des mesures de désinfection de surface entre chaque client, pendant la pandémie. C’est presque un exploit, dans l’exigu commerce, où le va-et-vient des clients reste un feu roulant.
« On a été très chanceux de ne pas avoir été si affectés que ça pendant la pandémie. Oui, on est passé de 35 à 27 employés, mais les gens ont continué à nous fréquenter. Les hivers sont demeurés nos grosses saisons. Le printemps venu, ce sont les autres Patates extérieures qui grignotaient plus de notre clientèle. Mais dès les grandes chaleurs, on a récupéré notre volume de clients, avec notre air climatisé. Plusieurs gens ne sont plus capables de bouffer à la chaleur, par 35 degrés et plus à l’extérieur. »
Chez Johnny, il n’y a pas de livraison. Mais faire le détour jusqu’à leur comptoir fait aussi partie de la tradition jérômienne.
« Quand j’ai pris le resto en charge, au milieu des années 1970, la salle à manger se trouvait déjà là. On a juste maintenu notre niveau de qualité et les gens nous ont recommandés. Nous sommes vraiment choyés de continuer à opérer après tant d’années », a achevé le patriarche Maurice Gibeault.