(Photo : Archives)
Le marché immobilier est en surchauffe et les pancartes à vendre ne restent pas longtemps.

Un rêve inaccessible pour les couples ?

Par France Poirier

L’achat d’une première maison est souvent un rêve que caressent plusieurs couples et qui est souvent un pas important, un engagement l’un envers l’autre et, pour ceux qui le désirent, le point tournant pour penser à fonder une famille.

Il y a une crise du logement actuellement au Québec et la région ne fait pas exception. À Saint-Jérôme, Louis- Philippe Beaulieu, candidat comme conseiller indépendant à l’élection municipale de l’automne dernier, est à la recherche d’une maison avec sa conjointe et c’est très difficile. Ils commencent même à regarder plus loin.

« Je trouve ça désolant parce que j’aime Saint-Jérôme et j’aurais voulu m’y établir et élever une famille, mais nous n’aurons pas le choix », nous explique-t-il.

Des solutions ?

Lors de l’assemblée du conseil, M. Beaulieu a demandé au maire ce que le conseil comptait faire pour cette crise du logement. « J’ai été choqué par une déclaration sur l’importance du développement industriel, plus que celui de l’immobilier à Saint-Jérôme. J’y ai vu un manque de sensibilité du conseil. Quand j’ai demandé si le maire était préoccupé par la crise du logement. Il a répondu que la situation était partout la même au Québec, à cause de la rareté des maisons. Par ailleurs, je vois d’autres municipalités ou MRC qui font des efforts pour trouver des solutions. On n’a qu’à voir la Ville de Trois-Rivières qui à grands coups de publicités, invite les familles à venir s’établir chez eux. C’est bien de créer des emplois, mais si les gens ne peuvent pas se loger, ça ne fonctionnera pas », a expliqué Louis-Philippe Beaulieu.

À la recherche depuis un an

M. Beaulieu et sa conjointe Claudie Raymond sont tous deux enseignants et ont un revenu familial de plus de 120 000 $. Ils sont incapables de trouver une maison.

« Ça ne fait pas de sens actuellement. On a commencé à chercher intensément il y a un an, au début 2021. Je ne savais pas que le marché était difficile comme ça. La première maison sur laquelle on s’est intéressée était dans le domaine Parent à Saint-Jérôme. Elle avait besoin de beaucoup de rénovations. Elle était affichée à 300 000$, on a offert 315 000 $ et elle a été vendue 350 000 $. C’est là que j’ai réalisé que le marché était rendu ailleurs. Et depuis un an, les prix ont continué de grimper. On a pris une pause, mais ça n’a pas été une bonne idée. Les prix ont continué d’augmenter de façon incroyable », explique le jeune homme.

Louis-Philippe Beaulieu et Claudie Raymond devront sortir de Saint-Jérôme pour espérer trouver une maison abordable.
Louis-Philippe Beaulieu et Claudie Raymond devront sortir de Saint-Jérôme pour espérer trouver
une maison abordable.

Actuellement, la plupart des maisons en bas de 400 000 $ ont de nombreuses rénovations, souvent majeures à faire. « À un certain moment, on devait aller faire une visite d’une maison jumelée avec un bachelor. Tout le monde était excité. Elle n’était pas affichée trop cher. Il y avait 55 visites prévues. Nous avons annulé notre visite », souligne M.Beaulieu.

« C’est choquant, on a une bonne situation financière, de belles carrières, on n’est pas dans la rue, mais je trouve que c’est difficile comme situation pour ceux qui désirent acheter une maison. Ça frappe l’imaginaire de ne pas avoir accès à une maison avec des revenus supérieurs à 120 000 $ par année et un bon montant d’argent à mettre en dépôt. Si on écoute la banque, la limite qu’on m’accorde, je trouve que c’est trop. On veut pouvoir vivre. Je ne veux pas offrir moins à mes enfants que ce que j’ai reçu de mes parents. Je ne me vois pas demeurer dans un 4 1/2 avec des enfants. On est rendu là dans notre vie. On ne veut pas baisser nos critères, les gens recherchent tous trois chambres, deux salles de bain, mais on pense sérieusement à chercher plus loin », poursuit le jeune trentenaire.

Le marché en surchauffe

Actuellement avec le marché immobilier qui est en surchauffe, il est extrêmement difficile d’avoir accès à une première propriété. Les propriétaires vendeurs concentrent les visites en un seul week-end et les chercheurs de maisons sont convoqués, dans bien des cas, aux quinze minutes. Quinze minutes pour visiter une maison qui sera le plus gros achat de sa vie, c’est peu. À la fin des nombreuses visites, les acheteurs potentiels doivent faire la meilleure offre possible, la plupart du temps sans garantie légale. Plusieurs écrivent même une lettre d’intention aux propriétaires pour faire valoir qu’ils sont les meilleurs candidats pour acheter leur maison. Toutes les offres doivent être déposées une journée précise, où le vendeur prendra sa décision.

Actuellement, il est fréquent que dix à quinze offres soient déposées sur une même maison. On voit sur le marché des maisons dont l’évaluation est de moins de 300 000 $, le prix demandé est de 400 000 $ et elle se vendra au bout du compte sans garantie légale à 475 000 $, ce qui n’est pas rare dans le marché présentement. Sans oublier, qu’il y aura des rénovations à y faire. De quoi décourager les premiers acheteurs dont certains cherchent depuis plusieurs mois.

Même chose du côté de la Rive-Sud

Valérie et David cherchent une maison sur la Rive-Sud de Montréal à cause de leur travail. Après avoir cherché pendant six mois dans le secteur de Longueil, ils se sont rendus à l’évidence qu’ils ne trouveraient pas selon leurs critères. Ils ont un revenu familial de près de 140 000 $, un budget de 460 000 $ et 20% du montant comme mise de fonds. « Nous travaillons fort et avons fait des économies pour réaliser notre rêve d’acheter notre première maison, mais après six mois de recherches, on réalise que ce n’est pas facile », explique Valérie.

Depuis le mois d’août, ils ont visité 37 maisons et ont fait six offres. Dans tous les cas, il y avait entre 9 et 19 offres sur ces maisons. « C’était toutes des maisons ordinaires qui avaient besoin de travaux, quelquefois majeurs. Notre courtière nous a dit qu’entre 2020 et 2021, le prix de vente des maisons a augmenté de 100 000 $. C’est vraiment peu encourageant et c’est difficile moralement. Il ne semble pas que ça va s’améliorer », souligne Valérie. Tout comme le couple Beaulieu-Raymond, Valérie et David se résignent à s’éloigner de Longueil pour espérer trouver une maison.

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