L'Institut du véhicule innovant (IVI) a construit son nouveau centre de recherche de pointe dans le QII. Courtoisie

Saint-Jérôme mise sur son QII

Par Simon Cordeau

« Tout développement du véhicule électrique part en grande partie de Saint-Jérôme », souligne fièrement Martin Pigeon, conseiller municipal et responsable de la commission du développement économique et de l’électrification des transports. Il y a ainsi une grappe industrielle qui s’est développée. En guise d’exemples, M. Pigeon nomme Écosolaris et Lion électrique, des fleurons jérômiens qui font leur place à l’international. « Et il y a plein de petites entreprises autour. » Pour développer ce créneau davantage, Saint-Jérôme mise sur le Quartier d’innovation industrielle, ou QII.

Le quartier de 3 millions de pieds carrés se développe sur la rue Claude-Audy, dans le quadrilatère des rues Maisonneuve, de Martigny Ouest, Lamontagne et le boulevard Lajeunesse Ouest. « Il n’y a presque plus de terrains industriels libres au sud de Saint-Jérôme. Donc on devient une terre très primée pour l’industriel qui se cherche du pied carré. » L’objectif est d’y attirer des industries de secteurs particuliers, dont l’électrification des transports, les technologies environnementales, les technologies de l’information et de la communication, l’intelligence artificielle, l’aéronautique et les sciences de la vie.

L’Institut du véhicule innovant (IVI), qui évolue à Saint-Jérôme « depuis près de 30 ans », a construit son nouveau centre de recherche de pointe dans le QII. « C’est notre gros partenaire et le coeur du quartier. […] Étant la capitale nationale de l’électrification des transports, on a voulu donner un créneau particulier au quartier et le développer, pour ne pas se faire avaler par d’autres créneaux », explique M. Pigeon.

Expertise

Avec les entreprises déjà établies et l’expansion que connaissent les Laurentides ces dernières années, « on attire maintenant une qualité de travailleurs qui est fort intéressante », se réjouit M. Pigeon. « C’est l’orientation qu’on s’est donnés en 2021 : d’amener une intelligence industrielle à Saint-Jérôme. »

Le Centre de développement des composites du Québec (CDCQ), affilié au Cégep de Saint-Jérôme, offre une expertise unique en matériaux composites. On fait aussi des démarches pour avoir un profil universitaire en ingénierie à Saint-Jérôme, indique M. Pigeon. « On va avoir besoins d’ingénieurs électriques, d’ingénieurs mécaniques, d’ingénieurs de toutes les sortes. On aimerait avoir ces compétences sur le territoire. Et on parle aussi d’un DEP avec le Centre de services scolaire, qui se développe autour d’une main-d’oeuvre plus manuelle. Donc oui, il y a une effervescence. »

D’ailleurs, la Ville de Saint-Jérôme devrait annoncer bientôt « une belle surprise » pour « encore bonifier l’offre industrielle », révèle le conseiller municipal sans en dire davantage. Il confie toutefois qu’il aimerait que Saint-Jérôme devienne un lieu d’innovation pour le déplacement autonome, pour un autobus sans pilote par exemple. Il parle aussi d’une ambulance électrique, sur laquelle Lion et l’IVI travaillent. « Et l’IVI travaille présentement sur un prototype : un hélicoptère à pile ! », raconte-t-il avec étonnement.

Milieu de vie

Loin des vieux quartiers industriels bétonnés et peu accueillants, le QII sera un véritable milieu de vie, avec des espaces verts, une piste multifonctionnelle, des écoles primaire et secondaire ainsi que des développements résidentiels à proximité.

« Avec les nouveaux parcs industriels, on n’est plus dans ceux qu’on voyait, avec des grosses boîtes en tôle carrées. […] C’est une autre façon de vivre dans l’industriel. Ce qu’on veut, ce sont des parcs, du boisé qui va rester en place, des stationnements plus écologiques, bref une qualité de vie pour l’entreprise, mais surtout pour les travailleurs », illustre M. Pigeon.

Freins au développement

Cela dit, M. Pigeon reconnaît qu’il y a présentement des « freins » au développement industriel, dus à la conjoncture économique actuelle. La crise inflationniste et les taux d’intérêt élevés ont « bloqué un peu les investissements de tout le monde », explique-t-il.

Mais les choses bougent déjà pour le QII. Des jeunes pousses (startups) sont intéressées à s’installer dans le coin, confie M. Pigeon. Et la Ville est en pourparlers avec une compagnie d’hydrogène qui pense s’établir à Saint-Jérôme. « C’est une autre entreprise en démarrage avec des jeunes très motivés », s’enthousiasme le conseiller municipal.

Et lorsque le climat économique sera plus favorable, alors que les taux d’intérêt pourraient diminuer dès ce printemps, Saint-Jérôme sera prêt. « Il y a une ligne de départ qui s’en vient. Et on aura un gros avantage sur d’autres municipalités », prédit M. Pigeon.

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