Ouverture des restaurants- Travailleurs recherchés
Par France Poirier
La pénurie de main d’oeuvre n’est pas arrivée avec la pandémie dans certains secteurs d’activité, mais celle-ci n’a pas amélioré la situation.
À la veille d’ouvrir leurs portes, plusieurs restaurateurs devront prendre les bouchées doubles pour offrir le même service avec moins de personnel. D’autres ont décidé de faire les choses autrement pour répondre à la demande. Nous avons discuté avec plusieurs restaurateurs de la région qui sont très heureux de rouvrir leurs portes, mais appréhendent la situation de la pénurie de main d’oeuvre.
« Des gens se sont relocalisés dans d’autres emplois. Est-ce qu’il faut augmenter les salaires? Et si on augmente les salaires, on doit monter nos prix. Il n’y a pas de solution. Nous on a décidé d’ouvrir moins de jours, on n’a pas le choix. Avec la COVID, on a réalisé aussi que ce n’est pas nécessaire de travailler cent heures par semaine », souligne David St-Germain du Lola 45 à Saint-Sauveur.
Pour Hugo David des restaurants La folie et La Bohème de Saint-Sauveur, il y a un enjeu. « On dirait que personne ne veut travailler. J’ai mis des annonces partout. J’ai des amis entrepreneurs dans d’autres milieux qui vivent la même situation. Ceux qui veulent travailler sont prêts à faire cent heures par semaine. On ne pouvait pas leur donner ça en étant fermé. Je suis heureux de rouvrir, ça fait 36 ans que je fais ça. On trouve des solutions. Je fais un menu fixe et tous les employés seront entraînés pour travailler dans les deux restos. »
Normand Vezeau du Mikes Saint-Jérôme abonde dans le même sens: « On fait des annonces pour trouver du personnel. Tant que le gouvernement offrira du chômage COVID, c’est plus difficile. Certains ont trouvé d’autres emplois. Il va nous manquer du personnel. On ne pensait pas ouvrir avant la mi-juin, alors là on recherche intensivement. Ce ne sont pas les clients qui vont manquer, ce sera le personnel, mais nous sommes très heureux de rouvrir. » Le restaurant Soléo de Saint-Jérôme vit la même situation alors que plusieurs employés se sont trouvés d’autres emplois dans des domaines très différents, en rénovation, dans des pépinières, par exemple, à cause de l’incertitude dans le milieu de la restauration.
« La bonne nouvelle est qu’on a réussi à récupérer des gens dans des postes secondaires, mais essentiels comme des plongeurs. Nous avons hâte de rouvrir. Nous sommes certains que les clients vont être au rendez-vous. »
La poissonnerie-Bistro Olynicks de Saint- Sauveur a ouvert ses portes il y a moins de deux semaines et les propriétaires ne pensaient pas qu’il serait si difficile de trouver du personnel. « Avec la poissonnerie on se débrouille à cinq employés, mais le bistro n’est pas encore ouvert. Ce sera notre grand défi, l’ouverture du bistro. On voulait ouvrir avec un menu haut de gamme et on réalise que les gens ne cherchent pas d’emploi en ce moment en restauration. Ils ont encore du chômage d’urgence, ce qui fait mal aux commerces, pas juste les restaurants », souligne l’une des propriétaires Alexandra Beaulieu.
Danny Berger du Complexe Le Vieux Shack s’estime chanceux alors que dans son entreprise la majorité des employés reviennent. « Au niveau de la cuisine, le personnel est pratiquement complet et tous les plongeurs reviennent, ce qui m’a surpris. J’ai mis une annonce parce que je pensais que ce serait pire. Quand tout est en opération, nous comptons 75 employés avec les deux restos, le bar et la salle de spectacles. Nous avons des employés qui sont chez nous depuis longtemps, alors ça va bien. »
Howard Sauvé de la Brûlerie des Monts à Saint-Sauveur dit avoir tout le personnel pour rouvrir.
« On n’a jamais fermé parce qu’on fournit les épiceries. J’ai coupé mon personnel. En rouvrant, on va offrir le service au comptoir, mais plus de service aux tables. Ça permet de réduire les dépenses et d’avoir tout le personnel dont on a besoin. J’avais pris cette décision le printemps dernier. Les gens peuvent profiter de nos tables et de la terrasse sans service aux tables ».