La Rivière du Nord, la meilleure au pays
Par Simon Cordeau
La Rivière du Nord, de la microbrasserie Shawbridge, a remporté le prix de la meilleure English Style Pale Ale au pays, aux Prix canadiens de la bière 2021. Entrevue avec le maître-brasseur Thierry Gautrin Molotchnikoff.
Lorsque je rejoins Thierry au téléphone, il est en pleine séance de brassage. « Je viens d’empâter mes céréales. J’ai 30 minutes pour toi. »
Questionné sur le prix qu’il a reçu, il parle d’une « belle récompense ». « C’est une grande fierté et un bel accomplissement pour notre équipe, pour Shawbridge au complet. Je pense aussi que c’est excellent en termes de promotion. Ça démontre qu’on est capables de faire des bières de qualité. »
La catégorie des English Style Pale Ale offrait une compétition féroce, ce qui rend le brasseur encore plus content que la Rivière du Nord soit parvenue à se démarquer. « C’est l’fun, surtout la médaille d’or! Ce n’est pas comme si on l’avait gagnée pour une gose ou quelque chose de fou. Toutes les microbrasseries font des pale ales, et là, c’est tout le Canada! », se réjouit Thierry.
Goûter la rivière
Le maître-brasseur croit que la Rivière du Nord est encore méconnue des amateurs, occultée par la plus populaire 117, une IPA. Avec ce prestigieux prix, elle parviendra à mieux faire sa place.
« La rivière du Nord, c’est la rivière des Laurentides. On s’est tous baignés dans une rivière du Québec. Je voulais recréer ce sentiment. Il y a un côté pin, boisé, forestier, que je voulais faire ressortir dans la Rivière du Nord, avec un houblonnage à froid et la sélection des houblons. Elle a un côté chaleureux mais aussi une fraîcheur, qui fait qu’on se sent tellement bien l’automne », détaille Thierry.
Soucieux de bien rapporter les faits, je suis allé sur place pour goûter de nouveau cette bière que je connaissais déjà, mais avec en tête cette image que tente de capturer Thierry. Comme lui, j’aurais de la difficulté à traduire en mots cette sensation familière, réconfortante et rafraîchissante de « prendre une gorgée de rivière ». Mais l’effet est réussi : après avoir trempé les lèvres, il n’y a qu’à fermer les yeux, et on est transporté sur les berges de la rivière, le goût de l’eau dans la bouche et l’odeur de la brise dans le nez.
Raffiner les recettes
Shawbridge a ouvert ses portes à Prévost en 2018, il y a à peine 3 ans. Il peut donc paraître surprenant qu’une microbrasserie si jeune récolte déjà les lauriers à l’échelle du pays. Mais il faut savoir que Thierry est un vétéran du monde brassicole.
Ingénieur mécanique de formation, il a fait ses classes chez Labatt, avant de devenir directeur d’usine chez Les Brasseurs du Nord (Boréale) pendant plusieurs années. Il a ensuite fondé sa firme d’ingénierie pour la fermentation, mais brasser lui manquait. En 2018, il a donc décidé de « mettre [s]es billes » avec Hugues Néron pour démarrer Shawbridge.
Le maître-brasseur préfère aussi travailler sur moins de recettes, mais qu’il brasse avec minutie. « Notre portefeuille compte seulement huit bières en ce moment. On prend le temps de faire chaque bière, l’une après l’autre. On ne commence pas avec 25 recettes comme d’autres microbrasseries : on n’a même pas de New England IPA, ni de lager. Les huit bières qu’on fait, on les perfectionne et on les pousse à l’extrême », illustre Thierry.
Je continuerais bien de discuter avec lui, mais les 30 minutes ont sonné. Le maîtrebrasseur doit retourner à ses Thierry Gautrin Molotchnikoff est fier de sa Rivière du brassins.