Des outils pour surmonter les défis de la lecture

Par Simon Cordeau

Dès la maternelle, ce sont 35 % des garçons qui ont au moins un facteur de vulnérabilité en lecture, apprend-on dans la série documentaire Du côté des hommes. Chez les filles, ce sont 24 % d’entre elles. Pour Annie Lussier, orthopédagogue de la Clinique Apprendre!, à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, cela n’a rien d’étonnant. Heureusement, il existe une panoplie d’outils pour faciliter l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, explique-t-elle.

Mme Lussier indique qu’il y a deux types d’élèves qui ont des difficultés en littératie. Certains ont des défis neuro-développementaux, comme un déficit d’attention, de la dyslexie ou de la dysorthographie. Pour d’autres, c’est la motivation qui est déficiente ou un manque de maturité qui empêche d’apprendre.

Cependant, ces facteurs ne sont pas insurmontables, assure l’orthopédagogue. « Il faut juste une autre approche. » Faire la pédagogie par le jeu, par exemple, est beaucoup plus efficace selon son expérience. « J’ai toute leur attention et ça enlève leur anxiété. Le meilleur travail d’un enfant, c’est le jeu. »

L’orthographe, ce n’est pas tout

Par exemple, il est inutile de forcer un enfant à lire s’il ne le veut pas. « Moi la première, j’ai eu des troubles d’apprentissage à l’école. Donc à Noël, tout le monde me donnait des livres. Et c’était pire que recevoir du linge », confie l’orthopédagogue.

Si l’enfant n’aime pas lire, Mme Lussier conseille aux parents de lui faire la lecture. De cette manière, il développe tout de même ses compétences pour comprendre l’histoire et faire des liens entre les idées et thèmes explorés. « Ou allez au cinéma! Et parlez-en après, faites un résumé, posez des questions sur le film », ajoute l’orthopédagogue. On peut aussi offrir des alternatives, comme des livres audio ou des bandes dessinées. « Des parents me disent : il veut juste lire des BD. Moi je leur réponds : tant mieux! »

L’important, souligne Mme Lussier, c’est davantage d’être articulé que d’écrire sans faute. « Et je ne suis pas sûre que ce sont tous les analphabètes qui ont des problèmes de compréhension », nuance-t-elle. Par exemple, on peut avoir de la difficulté à décrypter un texte, mais tout de même en comprendre le sens correctement.

D’ailleurs, les évaluations scolaires accordent seulement 20 % à l’orthographe d’usage et grammaticale. Les autres 80 % évaluent plutôt l’adaptation à la situation d’écriture, la cohérence du texte, l’utilisation d’un vocabulaire riche et approprié, et la construction des phrases et leur ponctuation. « Juste de savoir ça, les parents sont soulagés, et les enfants aussi », indique Mme Lussier. C’est pourquoi il est plus important de pousser les élèves à avoir de bonnes idées. « Ce n’est pas tant l’orthographe qui compte. »

La technologie donne des outils puissants

Aussi, apprendre n’a jamais été aussi facile, avec les bons outils. « Aujourd’hui, il y a tellement de logiciels. La technologie va palier les difficultés. » Mme Lussier me montre l’application Prizmo Go. Avec son téléphone, elle prend en photo une feuille de texte. Instantanément, l’appareil lit le texte à voix haute. On peut même régler la vitesse de lecture.

Sur Word, on peut dicter tout un texte. « Même avec un accent, ça fonctionne parfaitement », m’indique-t-elle alors que ses mots apparaissent à l’écran en simultané. Puis elle me montre une petite application, autorisée par le ministère de l’Éducation, pour assister l’écriture. Lorsqu’on écrit un mot, une liste de ses possibles orthographes apparaît, chacune accompagnée d’une image pour les identifier. Cela peut aider l’élève à différencier les mots « mer, mère et maire », par exemple.

Avec ces outils, les enfants peuvent apprendre plus facilement. Même les adultes peuvent les utiliser pour naviguer le monde plus facilement malgré leurs défis. « Et ils seront moins au ban de la société », se réjouit l’orthopédagogue.

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