(Photo : Wikipédia)
Un « fast food » romain déterré à Herculaneum.

Le commerce à travers les siècles

Par Simon Cordeau

Depuis la Préhistoire, les communautés humaines font du commerce. Elles s’échangent de la nourriture, des bijoux, des outils et, en même temps, des idées. Avec le temps, des artisans se spécialisent et produisent des surplus dans l’objectif direct de les vendre, et des commerçants établissent des routes commerciales entre les villes, ce qui permet des échanges sur de longues distances. En Occident, ce marché fleurit surtout sous l’Empire romain.

Un monde interconnecté

Vous êtes à Rome au 2e siècle, durant l’âge d’or de l’Empire. Pour dîner vous arrêtez dans un thermopolium : un restaurant rapide où vous pouvez prendre un repas chaud sur le pouce. Le pain est fait de blé venu d’Égypte, et l’huile d’olive est pressée en Grèce. On vous sert le tout dans de la poterie rouge, cuite en Afrique du Nord. Pour accompagner tout ça, peut-être un peu de vin de Gaule? Vous payez avec votre monnaie, dont certaines pièces ont été frappées à Londres et en Turquie.

Cette diversité de produits, elle se trouve dans la plupart des grandes villes de l’Empire. L’unité et la stabilité politique sur un vaste territoire permet de produire de grandes quantités et de les transporter efficacement sur de longues distances, tout en faisant un profit. Il faut dire que l’Empire lui-même subventionne une partie de ces échanges. Il a besoin d’équipements pour armer ses soldats, de denrées pour les nourrir et, surtout, d’argent pour les payer. La libre circulation des biens est donc primordiale à la cohésion et à la défense de l’Empire.

L’autonomie alimentaire

Vous êtes seigneur en Grande-Bretagne au 5e siècle. Depuis quelques décennies, vous ne payez plus vos taxes. De toute façon, lorsque des barbares attaquent vos terres, les soldats romains sont nulle part pour vous protéger. Récemment, même le collecteur de taxes ne se présente plus!

Au marché de la ville, il y a de moins en moins de produits disponibles. Le port a besoin de réparations et l’aqueduc ne fonctionne plus. En fait, même la monnaie semble avoir disparu, et de plus en plus les échanges se font par le troc. Mais cela vous préoccupe peu : vous quittez rarement votre seigneurie. Vous « louez » vos terres à des paysans qui les cultivent pour vous, et vous produisez vous-mêmes tout ce dont vous avez besoin.

Alors que le monde romain se fracture, expédier des marchandises devient cher et dangereux. Les infrastructures sont laissées à l’abandon, et l’Empire n’est plus là pour investir et injecter des fonds. Le monde interconnecté redevienne local.

La mondialisation

Vous êtes marchand portugais au 17e siècle. Les explorateurs qui vous ont précédé ont établi des routes commerciales qui connectent l’Inde et la Chine avec l’Europe, en passant au sud de l’Afrique. Dans vos bateaux, vous ramenez de l’ivoire, de la soie, de la porcelaine et des épices, que vous revendez à prix d’or aux nobles portugais et à une classe bourgeoise de plus en plus importante.

À l’ouest, les colonies établies en Amérique produisent même des aliments jusqu’alors inconnus en Europe. Le tabac et le chocolat, bien sûr, mais aussi la pomme de terre, la tomate, le maïs et la vanille font lentement leur apparition sur les tables européennes. Pour augmenter ses profits, et répondre à la demande, on cherche à produire à grande échelle. On crée d’immenses plantations, de canne à sucre et de coton par exemple, mais qui nécessitent énormément de main-d’oeuvre. Malheureusement, on peut se procurer des esclaves aussi facilement que n’importe quelle autre marchandise.

Depuis, le monde a continué de se connecter et de se spécialiser. L’industrialisation permet de produire plus avec moins d’effort. Et le transport est toujours plus rapide, fiable et abordable. Surtout, les communications désormais instantanées permettent l’échange d’idées, de technologies et d’expériences.

Sources: The History of Rome de Mike Duncan et Wikipédia.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *