La brasserie Herman à Prévost a brassé la Marrakech en collaboration avec Merci la Vie à Piedmont. Courtoisie

Brasser avec d’autres brasseurs

Par Simon Cordeau

De plus en plus de microbrasseries offrent des bières « collab » : des bières brassées en collaboration avec d’autres brasseurs ou des producteurs locaux. Pour John Marcel Tremblay, cofondateur de la brasserie artisanale Herman à Prévost, et Jean-François Gravel, brasseur et copropriétaire de Dieu du Ciel!, c’est l’occasion de partager des savoir-faire.

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Après une collaboration avec 5e Baron, Herman a brassé la Vitis, une IPA fermentée sur moût de raisin. Crédit : Studio Tangible

« Le but premier, c’est le plaisir. C’est toujours le fun de se regrouper. Et ça fait une belle visibilité », souligne John. Échanger des connaissances brassicoles fait aussi partie des attraits. « Si on brasse avec Sir John [à Lachute] qu’on aime beaucoup ou avec Messorem [à Montréal] qui a des styles très différents de nous, ça permet d’apprendre des trucs et d’en donner », illustre-t-il.

Jean-François abonde dans  le même sens. « J’en ai fait beaucoup avec Trou du Diable [à Shawinigan]. On se challenge parce qu’on a différentes approches. » C’est aussi l’occasion de sortir du cadre. Avec Tête d’allumette, à Kamouraska, il a brassé À demain le soleil : une scotch ale bouillie 5 h sur feu de bois. « Ce n’est pas quelque chose qu’on fait régulièrement : ça prend trop de temps ! [Rires] Donc on se paye la traite un peu. »

Par exemple, raconte John, 5e Baron à Gatineau brasse avec du moût de raisin. « On s’est appuyé sur leur expertise et on a essayé ça. » Herman vient d’ailleurs de brasser la Vitis, une IPA fermentée sur moût de Gewürztraminer.

Tisser des liens

John souligne que le milieu brassicole est « très fraternel ». « Plus la bière est bonne, partout, plus il va y avoir de gens qui vont vouloir en boire. Si quelqu’un essaie de la microbrasserie et prend une mauvaise bière, ça se peut qu’il arrête là », ajoute-t-il.

Pour Jean-François, c’est aussi une façon de raffermir les liens entre les brasseurs. « Ça crée un happening et amène de l’attention. Et ça fait grandir le marché au lieu de se battre ensemble. »

Mais la collaboration peut aussi se faire avec des producteurs locaux sans lien avec la bière, souligne John. « On vient de brasser la Marrakech avec [la boulangerie de Piedmont] Merci la Vie. On a fait une saison de riz à laquelle on a ajouté des agrumes grillés qu’ils ont travaillé et du curcuma de leur jardin. J’habitais à Piedmont, j’allais souvent chez eux et eux venaient souvent au pub. On partage les mêmes valeurs. »

« On se fait des amis à travers tout ça », souligne John Marcel Tremblay, cofondateur d’Herman.

Jean-François donne l’exemple de la Saison Umami. Brassée avec le restaurant Umami Ramen, elle utilise un ingrédient unique : le yuzu koshō, un condiment japonais. « On aime bien jumeler le culinaire avec la bière. »

Sortir et recevoir

Aussi, diriger une microbrasserie occupe beaucoup. « Mon partner Fred et moi, c’est rare qu’on sort. Donc quand on va brasser à Québec, à Plessisville ou à Montréal, ça nous permet de tâter le pouls, de sortir et de prendre une bière avec des chums », illustre John.

Mais Herman reçoit aussi des brasseurs chez eux. « On essaie d’en faire un bel événement, de bien les recevoir et de partager une belle bouffe. » Récemment, la brasserie a collaboré avec Burdock Brewery de Toronto. « Ça, c’était fantastique. Matt [leur brasseur] a pris un train, a loué un hôtel et une voiture et est venu dans le coin. C’était surréel : c’était une brasserie avec laquelle on s’était donné l’objectif de brasser, à très long terme. Donc quand c’est arrivé, on était très excités », raconte John avec enthousiasme.

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