Bilan automobile – Pénuries partout
Par Simon Cordeau
Pénurie de véhicules, qu’ils soient neufs, usagés ou électriques, et même pénurie de pièces pour faire réparer votre voiture : le marché de l’automobile est loin d’être revenu à la normale, selon Benoit Charette, journaliste de L’Annuel de l’automobile. « Et ce n’est probablement pas pour 2023. On parle de 2024 avant de retrouver un certain équilibre. » Analyse.
D’abord, la pénurie de puces électroniques n’est toujours pas terminée, explique M. Charette. Ensuite, il y a encore des problèmes dans les chaînes d’approvisionnement, commencés par la pandémie. « Les usines ne tournent pas à plein régime, parce qu’il n’y a pas assez de pièces pour produire », illustre le journaliste.
Délais pour réparer
Cela touche même ceux qui ont déjà un véhicule, mais qui doivent le faire réparer. « Habituellement, une réparation prend trois ou quatre jours. Là, j’ai des gens qui m’appellent : ça fait quatre mois qu’ils attendent et il n’y a toujours pas de pièces. » Alors que les compagnies d’assurance fournissent un véhicule de courtoisie pour seulement un mois, explique M. Charette, cela peut devenir un vrai casse-tête. « Il y a beaucoup de concessionnaires qui n’ont même plus de véhicules de courtoisie! », s’étonne-t-il.
Patience pour l’électrique
Les véhicules électriques sont très en demande, mais là non plus, la production ne suffit pas. « Donc les constructeurs vont d’abord dans les marchés où les lois environnementales sont les plus sévères. L’Europe, la Californie et 11 États américains avec des lois semblables : les véhicules vont là en premier. Après, ce qui reste ça va ailleurs, comme au Canada », détaille le journaliste automobile.
C’est pourquoi plusieurs organismes font des pressions auprès des gouvernements fédéral et provincial. « Si on avait des règlements semblables à la Californie, on aurait beaucoup plus d’autos électriques demain matin », argue M. Charette.
D’ailleurs, 94 % de tous les véhicules électriques vendus au Canada le sont au Québec et en Colombie-Britannique, précise-t-il. Malgré cela, il faut attendre entre 18 et 24 mois pour recevoir un modèle électrique. « La seule exception, c’est Tesla. Ça prend entre six et neuf mois. »
Cependant, la production augmente, souligne le journaliste. Il a visité une usine de Volkswagen au Tennessee qui a remplacé sa production de Passat par la ID.4, un modèle électrique. « L’usine produit 25 véhicules à l’heure, ce qui est une production correcte. Mais le patron me disait qu’il aimerait augmenter à 45 véhicules à l’heure », témoigne M. Charette. Encore là, c’est l’approvisionnement en pièces qui fait défaut.
Manque de voitures usagées
Si vous pensez plutôt vous rabattre sur une voiture usagée, là aussi vous pourriez avoir des surprises. « C’est presque aussi compliqué que trouver une voiture neuve », indique M. Charette. Comme il y a moins de voitures neuves, et que ce sont elles qui fournissent le marché d’occasion, ce marché-là vit aussi une pénurie.
Un autre facteur vient jouer : la pandémie. « Les gens n’avaient plus besoin de véhicules. Les compagnies de location, elles, ont vendu leur inventaire. Après, quand elles ont voulu en racheter, il n’y avait plus de véhicules neufs. Donc elles ont acheté des véhicules d’occasion. Et quand tout le monde est revenu sur le marché, il n’y en avait plus », raconte le journaliste.
Ainsi, le prix moyen a augmenté significativement, passant de 38 000 $ pour une voiture d’occasion à plus de 55 000 $. « Avant, les gens cherchaient des modèles vieux de trois ou quatre ans. Maintenant, ils cherchent des modèles de sept, huit ou neuf ans. Les gens ont le même budget. Mais les véhicules plus vieux demandent plus d’entretien, plus de réparations et ne sont plus garantis », avertit M. Charette.