Benoît Charette fait le point sur le marché automobile du Grand Saint-Jérôme
Par Simon Cordeau
Pour le Buzz auto du journal Le Nord, le journaliste automobile et rédacteur de L’Annuel de l’automobile Benoît Charette a fait le tour des concessionnaires du Grand Saint-Jérôme. Nous faisons le point sur les nouveautés et les tendances du marché avec lui.
Simon Cordeau : Tu es allé chez Kia des Laurentides. Quelles sont les nouveautés chez eux ?
Benoît Charette : Chez Kia, l’électrification, ils ont déjà les deux pieds dedans. Mathieu Leroux, qui est le directeur général, nous disait qu’en 2024, il y aura 60 % des véhicules qu’on va vendre qui sont électriques. Le EV9 est le modèle le plus récent en ce moment, mais on attend le EV3, le EV5 et le EV7 et il y aura un nouveau modèle K4. Donc chez les Coréens, ça bouge, c’est actif et on est prêts.
Et on va même avoir plus de véhicules qu’à l’habitude. Parce que la subvention va diminuer au 1er janvier 2025. Donc on croit que les gens vont venir en plus grand nombre cette année, pour profiter du 7 000 $ qui est encore là.
SC : D’ailleurs, avec la venue des véhicules électriques, on change les façons de faire. Comment ça se passe chez Elite Ford ?
BC : On a rencontré Éric Boyer, qui est directeur du service, et il nous a beaucoup parlé de la formation. Évidemment, la formation en véhicules électriques et celle en véhicules à essence sont différentes. On travaille avec de la haute tension. C’est comme si vous travailliez sur un véhicule à essence, mais que le moteur fonctionne. Il y a de la formation qui est faite par Ford, en présentiel, pour les techniciens. Il y en a aussi par vidéoconférence. Donc on a beaucoup insisté sur le fait d’être prêt à cette nouvelle révolution automobile.
SC : Lors de ton passage chez Jeep Rive-Nord, vous avez parlé des nouveaux modèles à venir. Peux-tu nous en parler ?
BC : En fait, chez Stellantis, on commence l’électrification. J’ai parlé de Kia, qui a déjà tracé les 10 prochaines années devant elle. Chez Stellantis, on est encore un peu dans la brume. C’est-à-dire qu’il y a des considérations autour des modèles à venir. Récemment, on a ralenti la production de modèles électriques. Parce que, justement, les ventes à travers le monde ont ralenti.
Là, on a des modèles, comme le Wagoneer S et le Recon, qui sont en préparation, qui sont 100 % électriques et qui vont arriver. Mais on n’a pas encore de date. Même chose pour le RX. On a aussi décidé de remplacer des modèles qui devaient être 100 % électriques par des hybrides branchables.
SC : C’est ça : on est en pleine transition pour l’électrification. Comment ça se passe chez Nissan ?
BC : Chez Nissan, on a vu Daniel Ouellette, qui est directeur des ventes. Il a parlé aussi de renouveau. Parce que Nissan ont été les premiers à lancer l’électrification avec la Leaf, en 2012. Ça fait déjà 12 ans. L’an dernier, on vient d’amener l’Arya, qui est le nouveau modèle électrique, qui est un peu dans le format d’une Murano. Et on parle d’amener 15 nouveaux modèles électriques à travers le monde d’ici 2030.
SC : Est-ce que les ventes d’accommodation sont encore intéressantes chez les concessionnaires ?
BC : C’est une question qui revient souvent. On l’a posée à Jean-Luc Gagné, qui est directeur général chez Hyundai Saint-Jérôme. Il dit que certains avantages de la vente chez un concessionnaire c’est, évidemment, les taxes : on ne paie pas le même montant quand on a un véhicule en échange.
Aussi, le concessionnaire va prendre en charge le véhicule : c’est-à-dire qu’il n’y aura plus de lien financier avec le véhicule que vous aviez. Donc pour celui qui va racheter le véhicule, le fait d’avoir un véhicule qui a été vérifié, c’est un avantage. Et souvent aussi, les véhicules certifiés vont offrir un meilleur taux d’intérêt.
SC : Mitsubishi, de leur côté, possèdent un modèle hybride qui est très populaire depuis des années : le Outlander. Mais ils doivent avoir d’autres modèles ?
BC : Ça se prépare ! Parce que le Outlander PHEV représente à peu près 68 % des ventes totales de Mitsubishi : pour un modèle ! Heureusement, ça fonctionne bien, mais on dépend beaucoup de ce modèle-là. Et Martin Demers, le directeur général, nous expliquait que là, on est dans l’alliance Renaud-Nissan-Mitsubishi. On travaille sur deux modèles électriques qui s’en viennent. L’un serait un pick-up, basé sur le Frontier chez Nissan mais vendu chez Mitsubishi. Et l’autre serait la Leaf, mais avec un logo Mitsubishi. Il y aura aussi deux modèles hybrides branchables qui vont s’ajouter à ça. On parle entre 2026 et 2030.
SC : Tu étais aussi chez Mazda Saint-Jérôme. Vous avez parlé de la fidélisation de la clientèle. Comment ils s’y prennent ?
BC : Sébastien Cloutier, qui est le président de la concession, a travaillé dans plusieurs concessions et plusieurs compagnies. Donc il est à même de voir les mentalités de chacune. Et il dit : peu importe où vous travaillez, ce qui est important, c’est de connaître sa clientèle. Leur parler, savoir leur nom, savoir par exemple qu’ils ont un intérêt, une passion et d’en parler avec eux : c’est comme ça qu’on devient non seulement des clients, mais aussi des amis, des confidents. C’est pour ça que les gens vont revenir, acheter d’autres voitures.
Évidemment, c’est un commerce. Donc qu’on vende des autos, des souliers ou des chandails, le principe de base est le même : les gens vont retourner à un endroit où ils se sentent à l’aise.
SC : Tu as aussi visité Alfa Romeo. Qu’est-ce qu’ils ont de nouveau ?
BC : Alfa Romeo est un peu dans le même bateau que Jeep. Les deux sont dans la famille Stellantis. Il y a des modèles qu’on a annoncés, mais qu’on n’a pas encore confirmés en termes de date. Et Stéphane Robert, qui est le directeur général, dit que la perception qu’on a d’Alfa Romeo, en Amérique du Nord n’est pas la même qu’Europe. En Europe, c’est une marque accessible. Alors qu’ici, on voit ça comme une marque d’exception, d’élite. C’est vrai que les deux premiers modèles qu’on avait, la Giulia et la Stelvio, étaient comparables à des Mercedes, des BMW et des Audi.
Mais là, on a la Tonale, qui est un modèle plus abordable et qui a bien fonctionné. Parce que 80 % des ventes chez Alfa Romeo, c’est la Tonale. Donc on souhaite qu’on ait plus de modèles comme la Tonale, qui vont être capables de supporter les concessions et les ventes.
SC : On a beaucoup parlé des concessionnaires. Mais est-ce qu’il existe un autre modèle d’affaires en automobile ?
BC : On est allé voir Prêt Auto Partez et on a rencontré Annabelle Barrette. C’est une façon différente de vendre une voiture. Il n’y a pas de vendeur : il y a un analyste financier. C’est une compagnie qui s’est beaucoup basée au départ sur les deuxièmes chances au crédit. Maintenant, on fait affaires avec tout le monde.
Une fois que vous entrez, il y a une seule personne qui s’occupe de vous, donc pour toutes les étapes. Et on travaille beaucoup à reconstruire le crédit des gens qui ont des difficultés financières. Ça, c’est assez unique.
SC : À travers tout ça, le milieu de l’automobile est en pleine transition avec l’électrification. Comment on fait pour former la main-d’oeuvre à travers ces transformations-là ?
BC : Ça, c’est un grand défi ! Parce que l’industrie automobile, elle, va à une vitesse, et les autres derrière, suivez-moi ! On est allé au CEP, le Centre d’études professionnelles à Saint-Jérôme, où on a les métiers automobiles. On a rencontré Sylvie Fortin, qui est directrice adjointe de l’école. On tente de travailler de concert avec l’industrie pour parfaire la formation. Il y a certains cours où il y a des stages en industrie. Donc on est à même de voir que l’industrie évolue. On a des stages aussi qui sont payés. Ça, c’est intéressant parce que ça garde les élèves à l’école. Souvent, ils ne peuvent pas travailler et étudier, parce qu’ils ont une auto et un logement à payer. Là, en faisant les deux, ça permet moins de décrochage.