Benoît Charette décortique le marché automobile de Saint-Jérôme
Par Aurélie Moulun
Après avoir discuté avec plusieurs concessionnaires de la grande région de Saint-Jérôme, le journaliste automobile Benoit Charette présente désormais un résumé de ses rencontres. En entrevue avec Le Nord, il aborde l’état et le développement du marché automobile dans la région.
Quels sont les développements majeurs à venir dans le domaine de l’électrification au cours des prochaines années ?
Ça, c’est à géométrie variable. Il y a des constructeurs en ce moment qui sont prêts, qui ont déjà de l’inventaire électrique. Il y en a d’autres pour qui ça tarde un peu, qui sont un peu derrière, mais tout le monde s’en va là. Ça, ça a été la réponse unanime.
Par exemple, chez Élite Ford, on a interviewé Michel Valiquette, directeur des ventes et Charles Dufresne au marketing. Ils parlaient de la conformité du côté de chez Ford. On est extrêmement exigeant envers les concessionnaires. Ils expliquaient qu’il va y avoir une dizaine de bornes : des bornes pour le service, des bornes pour les clients, des bornes de niveau 3. Si on répond à tous les critères de Ford, on va avoir une meilleure allocation de véhicules électriques. Donc, on récompense les gens qui vont aller dans le sens où la compagnie veut se diriger.
On a aussi Colin Robitaille de Kia Laurentides qui lui nous parlait entre autres de l’intérêt qu’on a vis-à-vis du modèle EV9, c’est le premier utilitaire trois rangées électrique à un prix réaliste. Parce qu’il y en a un ou deux sur le marché, mais là, on va avoir quelque chose d’abordable et on fonde beaucoup d’espoir sur ce modèle.
Comment se porte le marché automobile de Saint-Jérôme ?
Bon, ça c’est intéressant. En fait Saint-Jérôme, comme beaucoup de marchés, a été affecté pendant la pandémie : difficultés d’approvisionnement, donc pas beaucoup de modèles dans la cour des concessions. Mais on a quand même rencontré Sébastien Cloutier, président de Mazda Saint-Jérôme, qui expliquait qu’il a eu un approvisionnement suffisant pour répondre aux besoins de la clientèle. Donc, c’est la preuve qu’il y a des concessionnaires qui ont quand même réussi à travers tout ça à avoir suffisamment de véhicules.
Pendant la pandémie, beaucoup de gens ont quitté Montréal ou la région proche de Montréal pour s’établir dans les Laurentides. Plusieurs concessionnaires ont souligné que la clientèle augmente, qu’on a plus de gens qui viennent en concession. Donc, ce sont des bonnes nouvelles pour les concessionnaires de la région.
Avec les taux d’intérêts actuels, qu’est-ce que les gens privilégient ?
C’est un beau casse-tête parce que les taux d’intérêt ont fait en sorte, évidemment, que les mensualités ont fortement augmenté. On nous a souligné qu’il y a beaucoup plus de gens que d’habitude qui ont acheté des véhicules comptant parce qu’on se passait des taux d’intérêt.
Amélie Chevanel, directrice générale de Rive Nord Chrystler, nous a dit avoir constaté que les gens font des sacrifices, des compromis. On arrive avec une idée en tête et quand on voit le paiement mensuel, on se dit que c’est un peu ambitieux. Et les gens vont repartir avec un modèle qu’ils n’auraient peut-être pas acheté.
Comment ça se passe du côté du marché des véhicules d’occasion ?
Ça a été difficile parce que pendant plusieurs années, on n’a pas eu de véhicules neuf et comme ce sont les véhicules neufs qui alimentent les véhicules d’occasions, on n’en a pas eu plus.
Généralement, chez les concessionnaires, on a des critères d’admissibilité de haut niveau. On veut vendre des bons véhicules d’occasion aux gens qui sont là et Welby, ventes chez Belvédère Nissan, soulignait qu’il y a seulement 30 % des véhicules qu’on recevait en échange qui correspondaient aux critères de la concession. On était obligé d’envoyer 70 % des véhicules à l’encan parce que les gens ont gardé leur voiture plus longtemps.
Il y avait un très haut kilométrage. Ce n’est pas facile pour une concession de vendre un véhicule qui a 250 000 km et sur laquelle on doit faire beaucoup de réparations. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’on est du bon côté, ça commence tranquillement à revenir.
À quand le retour de l’inventaire des véhicules neufs en concession ?
Ah, la question de l’heure ! On a eu des gens qui ont dit janvier-février 2024 et d’autres, novembre 2023. Jean-Luc Gagné, directeur général de Hyundai St-Jérôme, expliquait que, pour lui, à partir du mois d’août, ça va revenir.
Mais il a une problématique un peu particulière. C’est que le port de Vancouver en ce moment est en construction et il y a beaucoup d’autos qui attendent là. C’est-à-dire que les voitures sont là, mais pas de train, pas de camions, on ne peut pas les emmener. C’est une problématique qu’on va vivre aussi avec les voitures importées qui arrivent d’Europe ou d’Asie.
Par contre, il y en a d’autres qui sont encouragés comme Martin Demers, directeur général chez Mitsubishi à Saint-Jérôme. Il dit qu’il a 80 véhicules en inventaire au moment où on se parle. Pour lui, c’est revenu.
Donc, la bonne nouvelle, c’est que, en général, on voit la lumière au bout du tunnel. On commence à dire : oui, ça va arriver. On peut commencer à voir un peu la vie en rose.
Pourquoi opter pour faire entretenir sa voiture directement chez le concessionnaire ?
Pour les gens qu’on a visité, c’était évident. Chez le concessionnaire, vous avez des pièces d’origine qu’on retrouve pour tous les modèles et une formation continue des techniciens. D’ailleurs, les constructeurs sont assez exigeants à ce niveau-là. La plupart nous disait qu’on doit avoir au moins un ou deux techniciens formés, par exemple, dans les véhicules électriques parce que là on commence à en avoir un peu partout. Et la plupart nous ont répondu qu’ils en ont même plus que ça.
On a aussi des véhicules de courtoisie et des programmes de fidélité. Yan Deroy, directeur général chez Volkswagen des Laurentides, expliquait que si vous faites, par exemple, 150 $ de réparation, même si votre véhicule n’est plus garanti, on va vous donner six mois d’assistance routière. Ce sont des incitatifs pour garder la clientèle.
On a également Michel Trépanier, aux ventes chez Léveillé Ford, qui parlait d’une atmosphère familiale. À Saint-Jérôme, on a une relation qui est proche avec les gens et il dit qu’il y a même des clients qui emmènent des beignes à nos aviseurs techniques ! Il y a une atmosphère détendue et ça, ce sont des choses que les gens apprécient d’un concessionnaire.
Quelles conclusions tirez-vous de vos entretiens ?
Je pense qu’on peut garder le sourire, on est du bon côté de la côte. Ça remonte pour beaucoup de gens et on a beaucoup d’espoir dans cette nouvelle aventure que va être la voiture hybride, branchable, électrique qui s’en vient. Et il y a plusieurs belles surprises qui vont arriver.
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J’aime des reportages comme ceux-ci.Je n’ai pas de gros moyens et agés de 70 et plus,nous surveillons toutes les aubaines pour un achat d’un V.E.éventuellement.