Julien Fortier, chargé de projet, prépare le terrain agricole pour y planter des arbres.

Aménagements agroforestiers : 2 000 arbres seront plantés au printemps

Par Ève Ménard

D’ici quelques semaines, 2 000 arbres seront plantés sur des territoires agricoles des Basses-Laurentides, dans le cadre du projet pilote d’agroforesterie Des arbres au service de ma ferme.

Quatre systèmes agroforestiers seront aménagés sur quatre fermes de la région, durant le printemps.Ces projets d’Éco-corridors laurentiens serviront de sites de démonstration et de recherche pour la région.

C’est quoi l’agroforesterie?

Comme le nom l’indique, l’agroforesterie combine les arbres et l’agriculture: on intègre des plantations d’arbres sur des terres agricoles. Il existe différents types de systèmes agroforestiers. Julien Fortier, responsable du projet et chercheur en agroforesterie, nous donne des exemples.

D’abord, il y a les haies brise-vent. Ces rangées d’arbres ou d’arbustes ont pour fonction première de réduire le vent. Cette réduction prévient notamment la sécheresse dans les champs, protège le bétail et réduit les pertes agricoles causées par l’érosion éolienne. Il y a aussi l’aménagement de bandes riveraines agricoles, installées entre les surfaces cultivées et les fossés ou les cours d’eau. Elles réduisent les pertes en provenance des champs, protègent la qualité de l’eau, atténuent les impacts des inondations et améliorent l’habitat aquatique et riverain. Dépendamment du système, l’agroforesterie a plusieurs objectifs : entre autres, rendre les exploitations agricoles plus résilientes aux changements climatiques, favoriser la biodiversité, créer des habitats pour les pollinisateurs, etc. Les effets sont donc bénéfiques, autant pour l’environnement, le producteur et la connectivité des milieux.

Collaboration avec les producteurs d’ici

Depuis son arrivée comme chargé de projet chez Éco-corridors laurentiens en mai 2022, Julien Fortier a visité plusieurs fermes de la région pour parler du projet. Finalement, une dizaine de producteurs et de productrices ont manifesté un intérêt quant à l’aménagement d’un ou de plusieurs systèmes agroforestiers sur leurs terres.

Les premiers systèmes d’aménagement seront implantés ce printemps sur quatre fermes, situées à Sainte-Sophie et à Mirabel. Il s’agit de la Ferme Raymond Alary et Fils et Fromagiers de la Table Ronde, la Mirablière Famille Lalande et Les Jardins de la Côte des Saints, Au pays des petits fruits sur la ferme de la famille Éthier, et la ferme de la famille Lauzon. Le projet ne coûte rien aux producteurs. Ceux-ci donnent déjà, d’ailleurs, une partie de leur terrain et de leur temps, pour la plantation des arbres et la préparation du terrain, indique Julien Fortier.

Le projet a été élaboré de manière collaborative. L’idée était d’implanter ou de restaurer des aménagements agroforestiers en fonction des besoins et des objectifs particuliers de chaque producteur. « Je regarde d’abord ce que le producteur veut. Ensuite, je vois comment structurer ça pour en faire un dispositif expérimental pour la recherche », résume le chargé de projet.

1 200 arbres à la ferme Alary

Frédérick Alary sur sa ferme, à Sainte-Sophie.

La ferme Raymond Alary et Fils à Sainte-Sophie accueille le plus gros projet. 1 200 arbres seront plantés sur 1 km de long, de chaque côté d’un ruisseau. Ce corridor reliera deux massifs forestiers et permettra aux animaux de circuler. Une douzaine d’espèces d’arbres seront plantées. L’idée consiste aussi à documenter le succès d’implantation de ces différentes espèces, afin de créer les systèmes les plus performants.

Cet aménagement s’inscrit dans une vision à long terme. Les deux premières années sont les plus déterminantes pour la croissance des arbres. « Si le taux de survie est élevé après les deux premières années, ça garantit pas mal que ça va bien fonctionner», précise Julien Fortier. Pour optimiser les chances de succès, les arbres sont plantés le plus tôt possible, au printemps. À ce moment, la température est encore fraîche et il y a beaucoup d’eau dans le sol, explique le chargé de projet. Une bande de paillis de plastique a également été installée le long du cours d’eau. Cette installation empêche la végétation concurrente de pousser, réchauffe le sol et conserve son humidité.

Le vent tourne en agriculture

Julien Fortier a l’impression que le vent tourne en agriculture « On réalise davantage l’importance des arbres et de l’agroforesterie », dit-il. C’est son premier printemps dans les fermes des Basses-Laurentides, mais il espère développer de plus en plus l’expertise et l’intérêt.

Actuellement, le recrutement de la main-d’oeuvre est un enjeu de taille. « Ces projets demandent une main-d’œuvre à un moment précis de l’année, pour planter les arbres. On ne peut pas engager du monde pour deux semaines », explique le chercheur en agroforesterie. L’entretien à long terme des systèmes est un autre défi qui nécessite du temps et de la main-d’œuvre. « Éventuellement, il va falloir tailler des arbres. Dans les milieux ouverts, les arbres ont tendance à moins pousser en hauteur et à avoir plus de branches. Ça peut gêner la circulation des tracteurs », indique le chargé de projet.

Ces premiers projets permettront d’acquérir des connaissances régionales riches en matière d’agroforesterie. L’objectif est qu’ultimement, les producteurs puissent faire la demande de systèmes agroforestiers et être accompagnés, du début à la fin.


Les autres projets

À la Mirablière Famille Lalande et aux Jardins de la Côte des Saints à Mirabel, une bande riveraine d’environ 10 m de largeur sera aménagée sur chaque berge. Une haie sera aussi élargie afin de créer localement un corridor entre le ruisseau et l’érablière.

Au pays des petits fruits sur la ferme de la famille Éthier, l’objectif du projet sera de restaurer des haies naturelles et plantées dont la structure a été largement affectée par le dépérissement et la mort des frênes rouges attaqués par l’agrile du frêne.

À la ferme de la famille Lauzon à Mirabel, les producteurs souhaitent ralentir les vents dominants avec une haie d’arbres afin d’améliorer la productivité de leurs diverses cultures. En 2023, des peupliers à croissance rapide seront plantés. Puis en 2024, des feuillus nobles seront plantés sur une seconde rangée d’arbres protégée par les peupliers.

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