Volkswagen Tiguan 2018 : de Ti Guan à Grand Guan


Le Guide de l'Auto

Article par Alain Morin

Chez Volkswagen, comme chez tous les constructeurs allemands, l’évolution prime sur la révolution. On n’a qu’à penser à la vénérable Porsche 911, au Mercedes-Benz Classe G, au design Audi des dix dernières années… Volkswagen n’est pas en reste avec ses Jetta, Passat et Beetle.

Pourtant, avec son Tiguan, Volkswagen a joué d’audace. Pas tant au chapitre de l’esthétisme qu’à celui du comportement routier et du positionnement sur le marché. Voyons ça de plus près…

Beaucoup d’encre pour une si petite chose…
Tout d’abord, il convient de rappeler que le nouveau Tiguan, offert au Canada depuis déjà plusieurs mois, est nettement plus imposant que celui qu’il remplace. La longueur totale, par exemple, est passée de 4 427 mm à 4 701, soit une augmentation de 274 mm ou, si vous préférez, près de 11 pouces. L’empattement a, de son côté, connu une hausse de 186 mm, ou près de 7,5 pouces. Ce qui, selon les critères de Volkswagen, est suffisant pour ajouter une troisième rangée de sièges, optionnelle sur toutes les versions au coût de 750 $.

Réglons tout de suite le cas de cette rangée. Pas facile d’accès, elle est peu logeable. L’assise est si basse que l’on a les genoux dans le front. Et la tête qui frotte au plafond si l’on mesure plus de 5 pieds 6 pouces. Bref, ça paraît bien dans une brochure de vente, mais si vous avez fréquemment besoin de transporter jusqu’à sept personnes, le Volkswagen Atlas serait un choix infiniment plus judicieux.

Il faut aussi souligner qu’en optant pour un Tiguan à sept passagers, on perd en volume de chargement. Par exemple, derrière la deuxième rangée d’une version à cinq passagers, on retrouve un coffre de 1 065 litres. Pour la version à sept personnes, on parle de 934 litres. Lorsque tous les dossiers sont baissés, on passe de 2 081 à 1 860 litres, respectivement. Cette différence s’explique par le fait que la troisième rangée prend beaucoup de place, même lorsque repliée dans le plancher. D’ailleurs, le plancher du coffre de la version sept places est plus haut que celui de la version à cinq places.

Un style tout à fait Volkswagen
Le style du Tiguan, bien que moderne, ne tranche pas avec la tradition Volkswagen, autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. C’est sobre, bien exécuté, mais pas très excitant. Le tableau de bord est recouvert de bons matériaux, bien assemblés et les commandes sont placées de façon ergonomique. La version la plus huppée, Highline, présente le Volkswagen Digital Cockpit, une interprétation du cockpit virtuel d’Audi. Ces jauges (odomètre et tachymètre) sont du plus bel effet, mais comme elles contiennent beaucoup d’informations, il faut un temps d’adaptation pour s’y retrouver. Les versions Trendline et Comfortline ont des jauges traditionnelles.

Comme c’est souvent le cas pour les voitures allemandes, les sièges avant sont assez durs, en revanche, ils s’avèrent confortables lors de longs trajets. J’ai trouvé ceux de la deuxième rangée moins bien nantis à ce sujet, cependant, ils offrent amplement d’espace pour les jambes et la tête.

Il manque quelques chevaux
Pour mouvoir les quelque 1 750 kilos du Tiguan 4MOTION, Volkswagen a fait appel à un quatre cylindres 2,0 litres turbocompressé développant 184 chevaux à 4 400 tr/min et 221 livres-pied à 1 600 tr/min. Une boîte automatique à huit rapports fait le relais avec le rouage intégral 4MOTION sur les versions Comfortline et Highline. La version de base Trendline reçoit d’office la traction et il est possible d’opter pour le rouage intégral. Comme mentionné plus haut, nous avions la version Highline. Le Tiguan peut remorquer jusqu’à 1 500 livres (680 kilos).

Parlons consommation
Notre essai s’étant déroulé au mois de janvier, nous n’avons pas pu effectuer de mesures de performance, mais il ne faut pas avoir obtenu un doctorat en dynamique des masses pour découvrir que le châssis accepterait aisément une trentaine de chevaux de plus. Quoi qu’il en soit, les accélérations sont correctes et un 0-100 km/h devrait pouvoir se faire en 9,0 secondes environ. Lors de notre semaine d’essai, alors que le mercure figeait dans les thermomètres, notre Tiguan a consommé 47,9 litres pour 460 km, soit une moyenne de 10,4 L/100 km. On ne peut pas vraiment se fier à l’ordinateur de bord qui se remet à zéro à chaque plein. Pour une semaine aussi froide et un parcours effectué en milieu urbain (environ 30%), cette moyenne est très respectable.

Mode Neige, vraiment?
Cette année, mère Nature, cette vieille chipie, nous a envoyé un hiver dont on se souviendra longtemps. Le rouage intégral de notre Tiguan a donc été fort apprécié. Qui plus est, le conducteur peut choisir le mode Snow (Neige) pour améliorer la traction lorsque le blanc manteau s’étend. Curieusement, ce mode hivernal ne m’a pas impressionné. En réduisant la réponse de l’accélérateur (même si le manuel du propriétaire affirme exactement le contraire) et en obligeant la boîte de vitesses à changer ses rapports plus tôt, on se retrouve avec un comportement assez désagréable, près de celui du mode Eco.

Bref, même dans la neige épaisse, le mode Normal est à privilégier. D’autant plus que le rouage 4MOTION est très compétent. Allié à de bons pneus d’hiver, des Continental WinterContact 235/55R18 dans le cas de notre véhicule, le Tiguan fait preuve d’une conduite hivernale assurée. Pour autant que le conducteur fasse preuve d’intelligence derrière le volant, serions-nous tentés d’ajouter…

On n’a plus les « Volks » qu’on avait…
Là où le Tiguan pêche, c’est au chapitre du comportement général. La direction par exemple, semble plutôt provenir de Buick que de Volkswagen, tant par sa précision, correcte sans plus, et par son retour d’information, minimal. La suspension, à jambes de force à l’avant et à bras multiples à l’arrière, est responsable d’un bon niveau de confort. La tenue de route est satisfaisante, mais on ne sent pas la sportivité innée des produits Volkswagen. Les Américains adorent ça…

Et plusieurs Canadiens et Québécois aussi vont adorer. À moins d’avoir conduit un Tiguan de la génération précédente, l’offre actuelle de Volkswagen n’est pas à dédaigner. Les gens qui désirent un VUS compact sportif sont de moins en moins nombreux. Ce n’est pas pour rien que le Tiguan n’a plus de boîte manuelle… Volkswagen vise ainsi des vente
s plus élevées, au risque de déplaire à sa clientèle traditionnelle. En somme, le Tiguan est rentré dans le rang, tout simplement…