Mitsubishi RVR 2020 : comme la garantie


Le Guide de l'Auto

Article par Antoine Joubert

D’ici quelques mois, les premiers Mitsubishi RVR vendus au Canada et qui n’auront pas atteint 160 000 km seront officiellement hors garantie.

Pourquoi? Parce que cela fait maintenant près de dix ans que le RVR a été introduit sur le marché, permettant ainsi à Mitsubishi de séduire de nombreux consommateurs. Jusqu’ici, tout près de 60 000 RVR ont d’ailleurs pris la route au Canada, certains d’entre eux ayant débuté leur carrière dans des parcs de location à court terme.

Aujourd’hui, le RVR est évidemment le plus âgé des produits de la marque, ce qui ne l’empêche pas de demeurer au sommet des ventes du constructeur. On peut donc comprendre pourquoi Mitsubishi Motors choisit cette année d’étirer la sauce en lui apportant quelques retouches, sans toutefois procéder à une refonte complète.

En 2011…
En reculant 10 ans derrière, on réalise à quel point le marché des utilitaires et multisegments était différent. Il suffit de penser au segment alors naissant du RVR pour constater que sa seule véritable compétition était les Jeep Compass/Patriot et la Suzuki SX4 AWD. On pourrait aussi citer le duo Hyundai Tucson/Kia Sportage, mais ce dernier avait pris du volume en 2011, rejoignant plutôt le segment des Ford Escape et Honda CR-V.

Précurseur d’un segment aujourd’hui très en demande, le RVR fait désormais face à des véhicules aussi populaires que le Honda HR-V, Hyundai Kona, Nissan Qashqai et la Subaru Crosstrek. Sans compter bien sûr le nouveau Mazda CX-30 qui débarque ces jours-ci chez les concessionnaires, affichant une fourchette de prix carrément identique à celle de notre sujet.

En mode camouflage
Un remodelage de la partie avant, de nouvelles jantes et de nouvelles lentilles de feux arrière décrivent essentiellement les changements apportés au RVR 2020, lequel a aussi droit à une palette de couleurs un peu plus étoffée. Admettons-le, ces modifications sont de bon goût et réussissent à rajeunir la silhouette d’un véhicule qui, malgré son âge, n’affiche que très peu de rides.

C’est à l’ouverture des portières que les signes de vieillesse sont plus évidents. D’abord parce que l’on a toujours l’impression de portières en carton, ensuite parce que présentation intérieure est désuète. De plus, l’ordinateur de bord ne permet pas de calculer la consommation de carburant sur une longue période! Bref, une sérieuse mise à jour est nécessaire à son bord, et ce, en dépit du nouvel écran central tactile de 8 pouces. Bien sûr, ce dernier intègre les applications AppleCarPlay et AndroidAuto, mais vous serez à même de constater que les illustrations graphiques sont plutôt moches.

Côté équipement, on vante également la disponibilité pour 2020 d’un volant chauffant, lequel n’est hélas offert que sur la version GT, hors de prix et qui ne rejoint qu’une infime partie de la clientèle. En comparaison, cette caractéristique est proposée dans la plupart des versions des Hyundai Kona, Kia Seltos et Mazda CX-30. En fait, cela illustre que l’équipement n’est pas particulièrement compétitif à bord du RVR, qui nous amène au-delà des 30 000 $ pour obtenir un gadget aussi bête que l’accès et le démarrage sans clé…

La bonne nouvelle, c’est que l’habitacle du RVR est convivial et polyvalent. Plus spacieux que celui de plusieurs véhicules rivaux, avec un volume de chargement total même supérieur à celui du Mitsubishi Eclipse Cross, vendu beaucoup plus cher. J’ajouterais aussi que le confort des sièges étonne lors de longs trajets, alors que l’on ne peut en dire autant de certains modèles compétiteurs.

Bonjour, Dodge Caliber!
Depuis toujours, Mitsubishi fait appel au « World Engine » pour mouvoir plusieurs de ses produits. Pensez à la Lancer, à l’Outlander ainsi qu’au RVR, qui utilisent les deux variations de ce vieillissant moteur. Introduit au milieu des années 2000, il équipait à l’époque les Hyundai Elantra, Dodge Caliber, Jeep Patriot, ainsi que certains modèles Mitsubishi. Extrêmement fiable, ce moteur (2,0 L et 2,4 L) n’a que très peu évolué depuis, ce qui explique son manque de raffinement.

Solide, cette mécanique vous assure une fiabilité quasi éternelle et de très faibles coûts d’entretien, mais nécessite en revanche un peu plus de carburant que la moyenne. Ne soyez donc pas étonné si Mitsubishi ne vante pas la faible consommation de ces moteurs, qui ingurgitent toujours entre 9 et 10 litres aux 100 km. Ironiquement, les quatre roues motrices n’ont que très peu d’impact sur la consommation, tout comme le passage du moteur 2,0 litres au 2,4 litres.

De ce fait, vous serez donc mieux armé avec le moteur 2,4 litres, qui impressionne davantage, surtout grâce à un couple généreux et à une réaction instantanée à l’accélérateur. Une mécanique passablement intéressante à exploiter, faisant toutefois équipe avec une boîte automatique à variation continue, qui présente hélas une élasticité agaçante en accélération.

Sur la route, le principal inconvénient du RVR s’avère être son insonorisation déficiente, pour ne pas dire inexistante. En quelque sorte, une caisse de résonnance qui vous oblige à augmenter le volume de la radio, même à basse vitesse, et qui vous force à abréger vos conversations téléphoniques via Bluetooth. Sinon, le comportement demeure honnête. La direction est vive, le rouage intégral est efficace, et même si le train avant semble parfois léger, la maniabilité est surprenante.

La facture
Il reste maintenant à parler de prix, puisqu’avec une fourchette variant grosso modo de 23 000 $ à 34 000 $ (+ 1 900 $ de transport/préparation), il est selon moi difficile de parler d’une bonne affaire.

Il suffit d’effectuer un exercice de comparaison avec la Subaru Crosstrek qui, pour moi, est une référence du segment, pour rapidement réaliser que Mitsubishi n’est pas dans le coup. Bien sûr, la puissance du moteur 2,4 litres peut constituer un avantage, mais pour l’acheteur en quête d’un peu plus de jus, le nouveau Mazda CX-30 ou même le Hyundai Kona à moteur turbo viennent immédiatement régler la question.

Pour justifier une telle facture, il faudrait obligatoirement que Mitsubishi nous en donne plus. Plus de technologie, plus d’équipement, de raffinement. Hélas, on ne peut se rabattre que sur la garantie, ce qui n’est guère suffisant, surtout pour l’acheteur qui vise une location.

Pour toutes ces raisons, le RVR ne réussit pas à me convaincre. Il ne s’agit pas d’une mauvaise machine, mais la concurrence est aujourd’hui si féroce et si grande qu’il est impossible, qu’importe vos priorités, de ne pas trouver mieux ailleurs. Le temps est donc venu pour Mitsubishi de passer à autre chose, ou plutôt d’effectuer une refonte complète de ce modèle, ce qui, hélas, n’aura pas lieu avant au moins deux ans.

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