Mercedes-AMG GLE 53 Coupé 2021 : Stuttgart contre Munich


Le Guide de l'Auto

Article par William Clavey

HOCHGURGL (Autriche) – Eh oui, nous avons désormais des VUS « coupé ». Depuis que BMW a donné naissance à cette étrange mode avec son premier X6, la concurrence n’a pas tardé à le suivre. Porsche a récemment introduit un Cayenne du même genre, et Audi commercialise le Q8. Pendant ce temps, Mercedes-Benz continue d’affronter son ennemi juré avec le GLE coupé.

Inévitablement, avec l’arrivée d’un nouveau X6 M50i Mercedes se doit de répondre. Voici donc l’AMG GLE 53 coupé, prévu pour notre marché à l’automne 2020.

L’hybridation à la rescousse
Bien que l’AMG GLE 53 paraisse comme un clone mécanique du BMW X6 en raison de ses spécifications presque identiques, il arrive à ses fins différemment. Tandis que son rival bavarois recourt à un V8 biturbo, le GLE 53 est alimenté par un six cylindres turbo de 3,0 litres, associé à un système d’hybridation légère que Mercedes nomme « EQ Boost ».

Le GLE ne peut toutefois pas rouler en mode électrique. Ce système 48 volts est plutôt un alterno-démarreur qui assiste le moteur thermique afin de lui ajouter un peu plus de puissance, tout en l’aidant à consommer moins d’essence.

Par défaut, le moteur développe 429 chevaux et un couple de 383 lb-pi. Lorsque le minimoteur électrique s’active, la puissance et le couple montent temporairement à 450 cheveux et 567 lb-pi, question d’intimider le X6 M50i avec ses 553 lb-pi. Tout est jumelé à une boîte automatique à neuf rapports à multiple embrayage. La transmission intégrale 4MATIC + vient de série.

Comme c’est la tradition dans ce segment, le GLE coupé est basé sur le VUS intermédiaire de Mercedes, aussi appelé GLE. Celui-ci a récemment été entièrement repensé pour l’année-modèle 2020.

Ceci dit, outre sa ligne de toit fuyante, plusieurs modifications mécaniques lui ont été apportées afin de lui octroyer une conduite distinguée. L’empattement a été raccourci de 60 mm, et les voies ont été élargies de 83 mm.

Autre fait intéressant : le GLE coupé de nouvelle génération est en réalité plus long de 24 mm qu’un GLE ordinaire. Or, bien qu’il demeure moins polyvalent que son jumeau mécanique (2 273 litres) le volume de son coffre est tout de même considérablement supérieur à son prédécesseur, passant de 1 720 à 1 790 litres. Le GLE coupé est donc plus volumineux qu’un X6 (1 687 litres).

Le châssis du coupé a été renforcé par l’ajout d’une plaque d’aluminium que l’on nomme « shear panel », positionnée sous le moteur, afin d’améliorer la rigidité structurelle. Des renforts diagonaux ont également été installés pour réduire l’effet de torsion dans les courbes.

Idem pour la suspension qui se voit équipée de série d’amortisseurs ajustables à air comprimé, permettant au GLE d’ajuster la fermeté de sa suspension et sa garde au sol selon les modes de conduite choisis.

Par exemple, lorsqu’il est réglé en mode Sport ou Sport +, le GLE 53 s’abaisse de 10 mm, tandis que dans les modes Hors route Trail et Sand, sa garde au sol s’élève jusqu’à 55 mm. Il est toutefois possible de tout ajuster manuellement lorsque le véhicule est à l’arrêt.

Des routes de rêves
Le programme de conduite que Mercedes-Benz nous avait préparé était le parcours idéal pour mettre à l’essai les prétentions sportives de cette opulente brute. Dès notre arrivée à l’aéroport d’Innsbruck, en Autriche, on nous invitait à nous rendre jusqu’au charmant village alpin d’Hochgurgl. Si vous connaissez la région, vous savez que les routes sont étroites, hypersinueuses et limitées à des vitesses plutôt élevées.

Pour vous donner une idée, la vitesse maximale sur l’autoroute est de 130 km/h, alors que dans les étroits chemins montagneux en épingle, la limite est de 100 km/h. Bref, c’est l’endroit de rêve pour tout amateur de conduite.

Ce parcours nous a permis d’exploiter toutes les facettes du GLE 53. En mode Confort, sur la grande route, il demeure fidèle aux promesses de Mercedes au chapitre du raffinement et de la douceur de roulement.

Ses sièges sport, bien que positionnés un peu haut dans l’habitacle, affectant le dégagement pour la tête, disposent néanmoins d’un excellent soutien lombaire et latéral, tout en incorporant une pléthore d’options de confort, comme le chauffage, la ventilation et une grande variété de fonctions de massage.

Tout est configurable via le système multimédia MBUX qui demeure hélas d’une ergonomie discutable par son irritant pavé tactile et ses menus parfois complexes. Les intelligentes commandes vocales saisissent toutefois bien nos messages, sauf si l’on a le malheur de dire le mot « Mercedes » par inadvertance. Et comme tous les récents produits du constructeur, nous trouvons les technologies d’aide à la conduite du GLE beaucoup trop intrusives.

Le moteur, quant à lui, est d’une grande douceur , se permettant même d’émettre quelques pétarades dans l’échappement, tout en enregistrant une moyenne de consommation de 9,3 L/100 km. Pendant ce temps, le système d’hybridation opère discrètement en arrière-plan, se mariant bien à la boîte automatique sans faille.

En mode Sport +, le GLE 53 s’est rapidement transformé en un autre bolide, donnant l’impression d’être beaucoup plus petit qu’il ne l’est en réalité. Il est fascinant de constater à quel point ce gros véhicule est agile dans les courbes, mordant la chaussée avec ses gigantesques pneus de 315 mm de large, et réduisant sa vitesse en un temps éclair grâce à ses énormes freins signés AMG. Rien ne l’arrête, et il nous encourage même à le pousser jusqu’à ses limites.

C’est d’ailleurs cette fluide exécution de la performance qui démontre à quel point ce VUS à bien été mise au point. Comme un X6, on ressent son poids et son haut centre de gravité, mais il demeure un véhicule très habile.

Nous avons toutefois été un peu déçus par la livrée de couple de sa motorisation, surtout en sortie de virage et en ascension. Vu que c’est un six cylindres, il doit révolutionner davantage afin d’extraire tout ce qu’il a dans le ventre. À ce chapitre, le V8 du BMW est mieux outillé. Et bien que nous admirions la sophistication du système EQ Boost, celui-ci ne s’active que périodiquement, rendant les accélérations inconstantes. À plusieurs reprises, nous trouvions que GLE 53 manquait de souffle.

En somme, le Mercedes-AMG GLE 53 est un tantinet moins rapide et moins vocal que son principal concurrent, le BMW X6. En revanche, il est plus confortable, plus sophistiqué et moins gourmant à la pompe. Mais pour le commun des mortels, ces deux véhicules sont excellents et très semblables.

De toute manière, si l’on se fie au nombre élevé de GLE coupé, BMW X6 et Audi Q8 aperçus dans les stations de ski autrichiennes, il est évident que les propriétaires d’un tel véhicule désirent avant tout le style, sans sacrifier la polyvalence et le luxe.

Pour ce qui est de la capacité de ces véhicules pour attaquer les courbes à la même vitesse qu’une auto sport, de telles prouesses sont plutôt le résultat d’une guerre d’ego entre constructeurs. Le Mercedes-AMG GLE 53 coupé 2021 ne fait que nous confirmer que la rivalité entre Stuttgart et Munich n’a jamais été aussi forte.