Youri Chassin : L’équipe derrière le député
Par France Poirier
Mercredi matin, j’arrive au bureau de comté du député de Saint-Jérôme, Youri Chassin. On le croise souvent lors de différents événements, il siège à l’Assemblée nationale, mais à son bureau, il y a toute une équipe qui y travaille. On voulait en savoir plus sur leur rôle.
Je suis accueillie par le stagiaire William Richer. Puis, toute l’équipe se réunit autour de la table de conférence. Composée du député, de ses attachés politiques Lucie Lafontaine et Danik Tondreau ainsi que d’Hugo Lajoie, directeur de bureau, ce sont tous des passionnés qui ne comptent pas les heures.
Pour le citoyen avant tout
Les gens craignent de déranger, mais le bureau du député est là pour les citoyens et pour les aider me racontent-ils. « Des gens viennent et veulent voir le député. Mon équipe de trois et moi faisons chacun 25 % du travail. C’est mystérieux comme travail. Ce n’est pas juste pendant les élections », explique le député.
Lorsqu’il est à l’extérieur du bureau alors qu’il siège à Québec, c’est son équipe qui reçoit les gens du comté, qui répond aux questions des différents organismes. « Moi, j’aime bien dire aux gens que je suis la pieuvre de Youri, le bras droit et le bras gauche. Je suis dans le fond l’extension de Youri. Ça rassure les gens et ils acceptent de me parler de leur problème. Mon rôle est de rencontrer les citoyens qui ont des problèmes ou de les rediriger s’il y a lieu », explique Lucie Lafontaine. Elle raconte qu’elle doit être à l’écoute, user de psychologie parce que souvent, quand les gens arrivent au bureau du député, c’est pour eux leur dernier recours.
Pas de routine
« On arrive le matin et les journées sont toutes différentes. On ne sait jamais à quoi s’attendre. Par ailleurs, on n’a pas de rencontres formelles entre nous, mais on a des rencontres à tout moment de la journée, selon les besoins », rapporte le député. « Puis, je m’informe à Lucie, s’il y a des situations que je devrais connaître et si je dois intervenir auprès d’un cabinet pour un citoyen ou autres. Si je peux intervenir pour m’informer directement au ministre concerné sur une situation injuste, je vais le faire. Mais je ne peux pas intervenir pour faire passer une personne avant une autre », explique-t-il.
« On rencontre les gens et si c’est une problématique citoyenne, c’est moi qui discute avec la personne. Ça commence souvent avec des pleurs, des crises. Mon rôle est de tempérer les choses. C’est fréquent. Par la suite, on discute et si j’ai besoin de signer des procurations pour m’immiscer dans leur dossier, c’est là qu’on le fait. Souvent, nous sommes leur dernier recours. Et ils viennent nous voir en disant ne pas vouloir nous déranger, mais c’est notre travail. C’est exactement pour ça que nous sommes là. Un député, ne peut pas tout régler à lui seul », souligne Lucie Lafontaine.
Durant les sessions parlementaires, le député est à Québec trois jours par semaine. Le bureau continue de rouler et son équipe est là pour recevoir les gens. Certains prennent rendez-vous, d’autres se présentent directement sans rendez-vous.
Pas de miracle
« On n’a pas de baguettes magiques, mais quand on peut faire quelque chose, on est là », nous racontent-ils. « On a des accès. On peut parler à une personne grâce à des points de contact. Souvent, je prends mon portable et j’essaie d’entrer sur le portail de la SAAQ, par exemple, pour prendre un rendez-vous. Ça me permet de retourner au cabinet et de souligner que ça ne fonctionne pas. Nous avons des numéros dédiés dans certains bureaux comme la SAAQ, Revenu Québec, Hydro-Québec, etc. », explique Mme Lafontaine.
« J’ai appelé pour une dame au Tribunal administratif du logement et la personne qui était au bout du fil était sec. Quand je me nomme et que je dis que je viens du bureau du député, ça change de ton. J’ai réussi à obtenir un rendez-vous, alors que la dame n’arrivait pas à parler à personne. Quelquefois, elle doit passer par le cabinet ou par les lignes dédiées au député », poursuit-elle.
Le député peut aussi intervenir si un dossier n’avance pas. Il échange avec le ministre concerné.
Souvent les gens sont référés par des organismes. Quelquefois, des personnes plus âgées ont de la difficulté avec la paperasse. Au bureau du député, ils peuvent les aider rapidement. « Nous sommes un service de confiance. Les gens se sentent pris en charge. On ne peut pas tout régler, mais on va tout faire pour les aider », soulignent-ils.
Dédié aux organismes
L’attaché Danik Trondeau est quant à lui dédié aux organismes communautaires. Il assiste aux assemblées générales de certains organismes et accompagne le député dans différentes activités. Il peut aussi faire de la représentation lorsque le député ne peut pas se rendre.
« Je réponds aux besoins des organismes. Je peux les aider pour des demandes de subventions, par exemple ou pour trouver des programmes qui peuvent aussi les soutenir. Nous sommes là pour répondre à leurs besoins. On les accompagne selon leurs demandes », souligne Danik.
« Danik doit aussi me préparer à une rencontre en me disant qui sera présent, comment ça va se dérouler, l’ordre des discours. Il m’explique la situation parce que je n’ai pas la capacité de tout retenir. Il fait beaucoup de recherches pour me préparer à un événement ou à une rencontre », souligne le député.
Faire avancer des dossiers de comté
Le député travaille également pour faire avancer les dossiers de comté. « Je dois aussi travailler sur mes dossiers comme adjoint parlementaire du ministre de la Santé. Le temps que Danik travaille auprès des organismes, je peux travailler sur les dossiers à faire avancer. »
Hugo Lajoie, le directeur du bureau doit gérer l’horaire du député. « Je dois aussi gérer aussi des situations de crise et répondre aux médias. Par exemple, l’autre jour nous étions à la réception du tournoi de golf de la Chambre de commerce et d’industrie de Saint-Jérôme. En après-midi, le cabinet du ministre m’appelle parce qu’un article de La Presse, à qui on avait accordé une entrevue sur les mini-hôpitaux, sortait le lendemain. On s’attendait à des demandes d’entrevue à cause de l’orientation du texte. Je devais me rendre à Montréal tôt le lendemain matin pour l’émission de Paul Arcand », souligne le député.
« Nous avons passé une grande partie de la soirée à se préparer en fonction de ça alors que ce n’était pas prévu. Nous sommes régulièrement en contact le soir après les heures de bureau. On se texte, on se parle selon les différentes situations. Nous sommes toujours en lien », ajoute Hugo Lajoie. « Quand je suis à Québec, je lui parle au minimum quatre fois par jour, mais s’il y a des urgences, ce sera plus. Il me tient au courant des différentes situations », explique le député.
Malgré que ce soit tous des passionnés et des personnes compétentes, leurs emplois sont loin d’être garantis. Lorsqu’il y a un changement de député lors des élections, il est presqu’assuré que les employés actuels perdront leurs emplois. En général, un nouveau député choisit son équipe qui, il faut le dire, a souvent un côté partisan. Ce dernier doit être en confiance avec ses employés.