Vague de dénonciations sur les réseaux sociaux

Par Marie-Catherine Goudreau

La semaine dernière, plusieurs jeunes femmes ont publié des témoignages sur Instagram. Elles disent avoir été victimes d’agressions sexuelles d’un jeune homme de Saint-Jérôme.

Ce mouvement a commencé alors que Annabelle (nom fictif) a publié une vidéo qui a été visionnée plus de 27 000 fois sur Instagram. À la suite de cette vidéo, d’autres ont décidé de prendre la parole à leur tour. L’une d’entre elles, Sophie (nom fictif), nous a expliqué sa démarche et pourquoi elle avait choisi de dénoncer ces actions sur Instagram.

« J’ai vu en début de semaine une vidéo d’Annabelle qui dénonçait que Loïc (nom fictif) l’avait violée. Je lui ai répondu que je comprenais et que j’avais vécu quelque chose de semblable. » Annabelle lui a confié que la journée d’après, elle s’est rendue au poste de police pour porter plainte. Elle aurait reçu plusieurs messages d’autres filles qui avaient vécu la même chose. Certaines se connaissaient par leur nom comme plusieurs allaient à la même école à Saint-Jérôme, mais elles étaient pas liées avant de publier leur vidéo.

« Je me suis dit : c’est assez »

Plus tard dans la semaine, Sophie a vu un autre témoignage en vidéo qui ressemblait beaucoup à son histoire. « Je me suis dit : c’est assez. Je dénonce moi aussi. Je soutiens ces filles. » Elle explique qu’elle a fait cette vidéo avec l’intention d’encourager d’autres femmes à dénoncer. « C’était vraiment de dire aux filles qu’elles ne sont pas toutes seules et qu’on a toutes vécu des histoires semblables et différentes à notre manière. On va se soutenir là-dedans. »

« J’ai publié pour me libérer, pour enlever un poids sur mes épaules. Je cherchais à ouvrir ma porte aux autres filles pour qu’elles sachent que moi aussi j’ai vécu ça et que je suis prête à les appuyer. » Sophie avait des proches qui la soutenaient dans sa démarche et la supportait dans cette décision. Elle nous a confié qu’elle se rendrait à la police vendredi après-midi pour porter plainte contre son agresseur.

Suite à la publication de sa vidéo, elle ne s’attendait pas à avoir autant de soutien de la part des autres. Beaucoup lui ont par ailleurs écrit pour lui faire part qu’elles avaient été victimes de la même chose, mais qu’elles seraient incapables de le dénoncer en vidéo. « J’imagine que pour celles qui ont parlé, ça les aide dans leur cheminement. On vit avec ces blessures toute notre vie. Je crois que ça peut leur faire du bien de dénoncer et de savoir qu’elles ne sont pas toutes seules. »

Plainte à la police ?

Pourquoi choisir les réseaux sociaux plutôt que d’aller à la police directement ? Sophie confie que c’est plus facile sur ces plate-formes, car elles se sentent moins seules. « En faisant ça sur Instagram, tu vois que tu n’es pas toute seule et que c’est arrivé à d’autres. » Selon elle, la police ne peut souvent rien faire s’il n’y a pas de preuves. Elle croit toutefois qu’avec plus de témoignages, la plainte aura plus de poids.

Enfin, si cette plainte se rend jusqu’à un procès, le questionnaire des avocats peut être intimidant. « Tu te fais poser des questions assez difficiles. Tu te fais demander comment tu étais habillée, pourquoi tu es allée chez lui. Je n’avais pas nécessairement la force de répondre à ces questions-là lorsque c’est arrivé. »

Des détails sur l’évolution de la situation suivront dans notre prochaine édition du 14 avril. 

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *