Une concentration pour tous : c’est possible ?
Plusieurs parents à Sainte-Adèle dénoncent l’accès trop difficile à des programmes particuliers dans les écoles secondaires de la région. Selon Marie-Josée Lebel, mère d’une élève de 5e année, l’accès à un programme pédagogique particulier ne devrait pas « partir d’une loterie ».
« Je propose des changements dans notre centre de services. Oui, il faut que ça parte des écoles, mais il doit y avoir une vision d’en haut », croit Mme Lebel. Elle a adressé une lettre à la direction du Centre de services scolaire des Laurentides (CSSL) pour proposer « d’abolir le programme régulier ».
« Le but serait d’offrir un programme pédagogique particulier à chaque enfant sans discrimination et d’avoir une belle diversité de programmes comme la robotique, les arts, le théâtre, plusieurs sports », écrit-elle.
À l’école secondaire Augustin-Norbert-Morin par exemple, 137 élèves ont fait une demande pour la concentration ski-études, mais il y a seulement 51 places disponibles.
« Il faut une plus grande diversité pour les programmes particuliers pour ramener l’égalité des chances pour tous », soutient Mme Lebel. Selon cette mère, l’offre doit être plus variée au niveau local, et pas seulement en sports.
Transformation en profils locaux
Au Centre de services scolaires de la Rivière-du-Nord (CSSRDN), les programmes régionaux ont été transformés en profils locaux. Les programmes de cheerleading, de football, de hockey sur glace, d’informatique et de musique sont touchés. Ceux-ci sont devenus des profils localement offerts « aux élèves du quartier de l’école secondaire visée (avec transport scolaire) » ainsi qu’aux « élèves ayant fait un choix d’école pour fréquenter l’école secondaire visée (sans transport scolaire) ».
Cette décision « permettra aux écoles de démocratiser l’accès à leur profil et à un plus grand nombre d’élèves d’en bénéficier », peut-on lire dans un communiqué du CSSRDN de mars 2022.
Le centre de services scolaire va d’ailleurs sonder les élèves du troisième cycle de toutes les écoles primaires sur son territoire cet automne. L’objectif est de connaître les intérêts et les besoins des élèves qui feront leur entrée dans une école secondaire. Ensuite, de nouveaux profils pourront être déterminés à partir des réponses.
« Ça me désole quand on pose la question à un élève pour savoir dans quel programme il est, et qu’il répond : « en rien. » Dans un monde idéal, si on pouvait trouver un intérêt pour chaque élève et un programme qui y répond, on le ferait », souligne René Brisson, directeur général du CSSRDN.
« En faisant les sondages, on va voir la diversité des intérêts, et comment on peut les conjuguer avec les ressources des écoles », explique-t-il. « Le pouvoir appartient aux directions d’écoles et aux enseignants de démarrer ces nouveaux profils. »
Obstacles
Plusieurs obstacles sont toutefois à prendre en considération pour la création de nouveaux profils. D’abord, il faut qu’il y ait une masse critique d’élèves intéressés pour ouvrir un nouveau programme. Puis, il y a la question des infrastructures. Certaines peuvent être offertes par le CSSRDN, comme des ordinateurs plus puissants pour un programme informatique, alors que d’autres sont « hors du contrôle » des écoles, comme les arénas. De plus, certains programmes nécessitent des spécialistes qui peuvent offrir le programme.
« Le gros du travail reste à faire. Il faut passer de l’intention à la réalité. Mais on est convaincu que tous nos élèves devraient avoir un parcours scolaire en lien avec leurs intérêts », soutient M. Brisson.
Le pouvoir aux écoles et aux enseignants
Le directeur général du CSSL, Sébastien Tardif, croit qu’une « solution mur à mur est peu envisageable ». « La réalité est différente selon chaque communauté. Puis, il faut tenir compte des spécificités des milieux », explique-t-il. Puis, il explique qu’un bon nombre d’élèves au primaire ne savent pas encore leur champ d’intérêt.
La balance des pouvoirs a changé avec la nouvelle gouvernance, soutient M. Tardif. Désormais, ce sont les écoles qui ont le pouvoir d’instaurer un nouveau programme, et celui-ci doit être une initiative d’un enseignant.
Une des solutions envisageables est d’offrir des activités à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des heures de cours. « Ça appartient aux établissements. Ils pourraient en offrir davantage […], mais il y a les limites des plateaux à prendre en compte », souligne M. Tardif. Il note surtout la limite d’enseignants qui sont prêts à démarrer de nouveaux programmes, alors que la pénurie de main-d’œuvre a grandement touché le milieu scolaire.
David Bellart est enseignant en éducation physique et coordonnateur du Programme Ski-Études à l’école secondaire A.-N-Morin depuis 12 ans. Selon lui, le programme s’est beaucoup « démocratisé » depuis les 30 dernières années. « Au départ, c’étaient seulement des athlètes de compétition qui entraient dans le programme. Puis, les élèves étaient aussi choisis selon leurs notes, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui », explique-t-il.
Pour entrer dans le programme de ski-études, il faut être en réussite puis passer le test sur neige, qui évalue les techniques de base du skieur. Ensuite, un tirage au sort est fait parmi ceux qui respectent les critères. Mais il faut nuancer, souligne M. Bellart.
« Il n’y pas tant de jeunes qui ne sont pas acceptés, par rapport au nombre de demandes. »