(Photo : Courtoisie)
Saul Fenster passe l’arche du 40e anniversaire de Belle Neige.

Un homme au grand cœur laisse derrière lui un héritage remarquable

Par Ève Ménard

Saul Fenster, fondateur de la station de ski Belle Neige avec son frère Henry et survivant de l’Holocauste, est décédé le 5 février dernier à l’âge de 94 ans.

Saul était non seulement un bâtisseur significatif pour la région, mais aussi un être humain honnête, travaillant et attentionné, au vécu hors du commun. Diane Fenster, sa femme depuis plus de 60 ans, nous parle d’un homme au grand cœur.

L’être humain

Né en Pologne en 1928, Saul est le plus jeune de 10 enfants. Il n’a que 13 ans lorsqu’il entre au camp de concentration, où ses parents, ainsi trois de ses frères et sœurs décéderont. Saul passe trois ans et demi dans le camp. À la fin de la guerre, en 1945, il est transporté en Suisse pour se faire soigner; il est atteint de la tuberculose.

À l’époque de son ouverture, Belle Neige compte 3 arbalètes qui desservent 8 pistes. Elle compte aujourd’hui 20 pistes et 4 remontées mécaniques.
À l’époque de son ouverture, Belle Neige compte 3 arbalètes qui desservent 8 pistes. Elle compte aujourd’hui 20 pistes et 4 remontées mécaniques.

C’est là-bas qu’il apprendra le français et tombera en amour avec le ski. En 1950, il arrive au Québec. Avec ses frères Israël et Henry, il démarre dans les années 50 une manufacture de sacs à main à Montréal. C’est là qu’il fait la rencontre de sa future femme, en 1956. À l’époque, Diane, de 12 ans sa cadette, est encore aux études. « Mon père voulait que je quitte l’école et que j’aille travailler pour Saul à la manufacture. Il était mon patron », indique Diane, un sourire dans la voix. « Puis, on a commencé à se connaître, à se voir et on s’est mariés un an plus tard. » Le couple a eu quatre enfants ensemble, Mark, Helen, Tedd et Elie.

« Saul était toujours tellement gentil. Il ne voulait jamais faire du mal à personne. Il écoutait les gens, il a aidé beaucoup de personnes avec l’argent ou en leur donnant du travail. Il était toujours, toujours très gentil avec les gens. Il travaillait aussi très, très fort. C’est un homme qui avait toujours bon cœur. »

Saul Fenster en compagnie de son frère, Henry, et de sa femme, Diane.
Saul Fenster en compagnie de son frère, Henry, et de sa femme, Diane.

Le bâtisseur

En parallèle à la manufacture, Saul caresse aussi le rêve d’ouvrir une station de ski. Son frère Henry et lui sont partis de rien pour finalement fonder un centre qui près de 60 ans plus tard, continue d’opérer et de rassembler les familles.

Belle Neige a vu le jour en 1963. Un an plus tôt, un agent d’immeuble propose un terrain comprenant une montagne en bordure de la route 11 ayant un potentiel skiable aux deux frères Fenster. Avec l’aide financière de quelques amis, ils achètent finalement le terrain pour 53 000$. À l’époque de son ouverture, Belle Neige compte seulement 3 arbalètes qui desservent les 8 pistes de la montagne. La station fut aussi une des premières à faire l’acquisition d’un système d’enneigement. Elle compte aujourd’hui 20 pistes et 4 remontées mécaniques.

Rock Otis, ancien champion de ski acrobatique, en compagnie de Henry Fenster (à gauche) et Saul Fenster (à droite) lors des célébrations du 40e anniversaire.
Rock Otis, ancien champion de ski acrobatique, en compagnie de Henry Fenster (à gauche) et Saul Fenster (à droite) lors des célébrations du 40e anniversaire.

L’actuel directeur de Belle Neige, Nicolas Vallières, a tenu à souligner l’héritage significatif de Saul Fenster : « Nous sommes profondément attristés d’avoir appris son décès. Belle Neige est une grande famille et elle vient de perdre un grand homme. Son départ ne laissera personne indifférent, pour ceux qui auront eu la chance de le côtoyer à la montagne. Saul a toujours été et restera le visage de la station. Il a toujours su être à l’avant-garde pour innover et faire de Belle Neige un leader de l’industrie et de la région. La nouvelle direction tentera de perpétuer cet héritage et de continuer à développer la station à la hauteur des attentes que ses fondateurs avaient en elle, au départ de cette aventure. »

Luc Ménard, directeur général de la station de 1991 à 1994, puis président et copropriétaire de 1999 à 2006, souligne la grandeur de l’être humain : « Saul a été pour moi d’abord un patron, puis un mentor, ensuite un associé, mais surtout, un ami. À mes yeux, il représentait le
parfait exemple de ce qu’on peut appeler une «  bonne personne  ». Je garderai de précieux souvenirs de cet homme d’exception au parcours peu commun. »

Belle Neige a été fondé en 1963.
Belle Neige a été fondé en 1963.

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