Traverser les Laurentides sans sortir des bois
Par Simon Cordeau
Traverser le Québec par un seul sentier continu : c’est le projet du Sentier national au Québec. Ambitieux? Peut-être. Mais la section de 136,6 km qui traverse les Laurentides est maintenant complétée et ouverte au public.
« C’est sûr que le sentier n’est pas encore parfait. Certains tronçons ont encore besoin d’être travaillés durant les prochaines années. Mais l’important, c’est que le randonneur qui souhaite se lancer un défi, ou qui veut faire plusieurs tronçons en plusieurs randonnées, a maintenant la possibilité de le faire. Tout est en place », s’enthousiasme Sébastien Haineault, agent de développement du plein air de Loisirs Laurentides.
Le Sentier national au Québec est composé de sentiers déjà existants et de nouveaux sentiers, qui sont connectés ensemble. « C’est vraiment l’affichage qui est la clé, et il est fait. Il faut qu’une personne comprenne qu’elle est sur le Sentier national et qu’elle puisse s’orienter », explique M. Haineault.
La section des Laurentides commence dans la Réserve faunique de Papineau- Labelle, puis traverse La Minerve, La Conception, Labelle, La Macaza, Mont-Tremblant et son Parc national, Lac-Supérieur et enfin Val-des-Lacs, avant de continuer dans Lanaudière.
Un sentier pérenne
Le défi était de faire un tracé dont les droits de passage sont protégés à perpétuité, raconte M. Haineault.
« On a fait un partenariat avec le Parc national du Mont-Tremblant. Il y avait une ouverture de leur part cette année, pour prolonger le sentier. On a dû être patients, ça fait plusieurs années que le projet est dans nos dossiers. À chaque fois qu’on essayait de faire un trajet à l’extérieur du parc, on se buttait à des contrats et des ententes avec des propriétaires qui n’étaient pas assez solides. Le parc, lui, est protégé à tout jamais. »
En travaillant avec les clubs de plein air de la région, il a été possible de faire un sentier pérennisé qui traverse les Laurentides d’est en ouest. « Ce sont des bénévoles qui ont fait la grande majorité du travail. Nous, on fait la coordination depuis nos bureaux, mais sur le terrain, tout l’affichage, l’inventaire, les distances, la connaissance du territoire : tout est fait par des bénévoles et les responsables des clubs de plein air. On leur doit tout notre succès », souligne M. Haineault.
Un sentier renommé
Même si le sentier est déjà accessible et balisé, son inauguration officielle, elle, a dû être repoussée en raison des mesures sanitaires. « On espère trouver un moment où les sentiers seront dégelés mais pas trop mous, avant qu’il y ait plein de monde, pour inviter la population et les médias. On veut souligner ce beau travail. Ce ne sont pas toutes les régions qui peuvent se vanter d’avoir un sentier qui les traverse. […] On espère que ça va motiver les autres régions à travailler encore plus fort », détaille M. Haineault.
Il reste tout de même bien du travail à faire, pour que la section laurentienne soit à la hauteur des ambitions du projet. « Le Sentier national, c’est un projet collectif à travers le Québec. Il y a une entente entre nous : on veut que ce soit le sentier le plus reconnu de la province. Ça vient avec des attentes. On veut amener des touristes internationaux dans les prochaines années et que le sentier devienne un incontournable à travers le monde », souhaite M. Haineault.
À long terme, le Sentier national au Québec pourrait être connecté au réseau de sentiers patrimoniaux plus au sud, rêve M. Haineault. Une initiative citoyenne, menée par l’Institut des territoires et d’autres organismes de la région, travaille déjà à pérenniser ces sentiers. « La région va commencer à se solidifier au niveau du plein air. Il y a ça de positif avec la pandémie : ç’a remis le plein air en avant. Ça nous permet de convaincre les décideurs, les élus et les gouvernements que ça vaut la peine de nous soutenir. Ça fait bouger la population dans leurs temps libres », se réjouit M. Haineault.
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Le sentier national au Québec compte déjà 1 650 km dédiés à la randonnée pédestre, à la raquette et au ski nordique, qui traversent neuf régions touristiques, dont les Laurentides. À terme, l’objectif est de lier Ottawa et Gaspé par un sentier continu de renommée internationale.
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Longue vie au sentier