Tous les travaux routiers en même temps ! Pourquoi ?!
Par Rédaction
Par Philippe Leclerc
Dans une récente chronique, j’évoquais le manque de vision dans la gestion du transport routier dans notre région, largement dû à un désintérêt de Québec et à la déconnexion entre nos élus locaux. Le défi m’a été lancé de comprendre pourquoi tous les travaux routiers semblent s’accumuler en même temps, en pleine rentrée scolaire, et pourquoi la planification reste un chaos.
La réponse est simple, mais multiple : des décennies de retard, un manque d’investissements, et des finances municipales trop serrées. Depuis quarante ans, les routes ont été négligées. Les fondations mêmes s’effritent, alors que les coûts d’entretien explosent. Les municipalités, qui sont responsables des routes locales, ont été contraintes de repousser les projets faute de moyens.
Routes transférées, mais sans les moyens
Depuis 1993, le gouvernement a transféré la responsabilité de certaines routes aux municipalités sans ajuster les compensations financières. Pendant trente ans, aucun cent de plus n’a été versé, tandis que les coûts montaient. Résultat : plusieurs petites localités, comme Ferme-Neuve avec 200 km de routes à entretenir pour un budget annuel limité, se sont retrouvées submergées.
Le gouvernement a promis des fonds supplémentaires en 2020, mais on ne fait que combler le retard. Il faudra du temps avant que cela ne se reflète sur le terrain.
La météo et l’attente interminable
Les tempêtes et les pluies fréquentes, ajoutées aux innombrables cours d’eau, compliquent tout. Pour chaque tronçon affecté, l’intervention du ministère de l’Environnement rallonge les délais. La question des responsabilités entre le municipal et le ministère de la Sécurité publique crée aussi des retards, notamment pour les réparations liées aux changements climatiques.
Les embûches administratives
Le processus décisionnel est alourdi par une série d’étapes bureaucratiques : plans, subventions, appels d’offres, travaux. Cela prend souvent des années. Entre-temps, la mairesse peut changer, le directeur général part à la retraite, ou la directrice des travaux publics est remplacée. À chaque remaniement, les projets se repoussent.
La coordination entre les différents niveaux de gouvernement manque de fluidité, et cela impacte directement la qualité de vie des citoyens. Pendant ce temps, tout se fait entre la fin-mai et la mi-novembre, avant le gel.
Urgence de la décentralisation
Les municipalités doivent être autonomes pour planifier et exécuter les travaux de manière plus efficace, sans attendre constamment les subventions de Québec. Une taxe sur le déplacement, incluant les véhicules électriques, pourrait financer cette autonomie.
Il est temps de repenser notre approche. Une décentralisation réelle permettrait aux municipalités de mieux gérer les travaux locaux, d’optimiser la planification, et d’éviter le chaos annuel des travaux simultanés. Québec doit laisser les municipalités agir pour ce qu’elles sont devenues : des entités professionnelles, capables de gérer localement leurs infrastructures. Mais une question demeure : nos élus municipaux le veulent-ils vraiment ?