(Photo : Christinne Muschi )
David Laferrière, directeur général et artistique du Théâtre Gilles-Vigneault

Théâtre Gilles-Vigneault : « Une chose est sûre, il faut regarder en avant »

Par Daniel Calvé

Avant d’aller sous presse, nous avons appris que le Théâtre Gilles-Vigneault suspendait sa programmation jusqu’au 1er mai 2020 inclusivement.

Le 12 mars 2020, à la suite de l’annonce du gouvernement Legault d’interdire les rassemblements de plus de 250 personnes, le Théâtre Gilles-Vigneault répondait immédiatement aux directives en reportant ou en annulant ses spectacles pour une durée de 14 jours. Dès le lendemain, la salle de spectacles suspendait sa programmation pour les 30 prochains jours. À présent, le Théâtre Gilles-Vigneault est complètement fermé jusqu’au 14 avril. Cela aura des répercussions autant sur l’organisation, que sur le domaine de la culture dans la région. On s’entretient avec David Laferrière, directeur général et artistique, pour comprendre l’état de la situation.

« On a décidé hier [17 mars], de fermer notre billetterie physique. Les gens peuvent appeler, peuvent interagir en ligne, mais on ne peut plus se présenter sur place », m’explique-t-il. Tout juste avant notre échange téléphonique, nous apprenions que le théâtre musical Fun Home, dont
les 15 représentations devaient être présentées du 2 juillet au 1er août, était annulé. « Duceppe ne va pas aller de l’avant avec la création. Donc on perd notre show d’été. […] Si on se lance dans la planification d’une autre production, on va attendre de voir avant tout comment ça évolue. Ça bouge assez vite. »

Une programmation affectée

Comment, justement, réorganiser une programmation à présent chamboulée? David Laferrière m’explique qu’annuler un mois de spectacles, c’est faisable. « Ce qu’on essaie de faire c’est reporter un maximum de spectacles pour éviter de pénaliser tout le monde y compris les créateurs et les spectateurs.» Bien entendu, certains spectacles ne peuvent être reportés pour plusieurs raisons, par exemple, des enjeux techniques ou des indisponibilités des artistes. Le directeur m’explique que pour l’instant, 18 spectacles différents ont été touchés par la suspension de la programmation. 11 ont pu être reportés et 7 ont été complètement annulés. Or, c’est pour la suite que cela pourrait se compliquer. « Si ça se poursuit au-delà d’un mois, ça va devenir difficile de reporter dans la mesure que notre programmation de l’an prochain existe déjà, les plages horaires sont prises ».

« C’est catastrophique »

Quels sont les impacts, à court, moyen et long terme? « Ce sont des revenus qui ne rentrent pas. On a perdu toutes les locations qui viennent au théâtre. Toutes les locations, plus corporatives, pour nous, c’est le moyen d’arriver en fin d’année. Pour un mois seulement, ce sont des milliers de personnes qui ne sont pas au centre-ville de Saint-Jérôme et qui ne sont pas dans les restaurants, dans les boutiques. C’est catastrophique.

En une année, c’est 100 000 personnes en moyenne qui viennent au Théâtre Gilles-Vigneault. Si on ramène ça sur un mois, c’est près de 10 000 personnes, juste pour la mi-mars à la mi-avril qui ne sont pas ici, dans l’économie locale. Ça va faire un grand trou ». Présentement, David Laferrière n’est pas en mesure de chiffrer précisément les pertes. Or, il estime que ça va se compter en plusieurs dizaines de milliers de dollars, c’est certain.

Les emplois et la culture, durement touchés

Mais ce qui est le plus dramatique au yeux du directeur, ce sont les emplois qui se perdent. « On se croise les doigts pour
que ça ne dure pas, parce qu’on ne sait pas ce qu’on va être capable de faire pour nos équipes permanentes ». Présentement, une trentaine d’employés sont sur la touche et quinze permanents continueront de travailler pour les 30 prochains jours.

L’impact à travers le monde de la culture au Québec est aussi énorme et touche tous les secteurs, comme l’affirme David, que ce soit les artistes, les concepteurs, les travailleurs indépendants du milieu. « C’est une économique énorme au Québec et on ose à peine voir les impacts. Il y a des compagnies de création qui vont fermer, il y a peut-être des diffuseurs qui ne seront plus capable d’opérer. C’est super préoccupant. »

Un directeur optimiste

« Mais une chose est sûre, il faut regarder en avant. La chose qui va être la plus importante pour le public, c’est le jour où on passe à travers tous ensemble, c’est de revenir dans nos lieux. D’y être plus que jamais, de les investir, de venir voir des spectacles. Ça va faire du bien à tout
le monde. Je suis de ceux qui pensent que ça va repartir fort. Les gens vont avoir envie de se regrouper, de revenir dans nos lieux. Mais c’est certain que ça va demander un effort collectif. Il y a peut-être des gens qui vont avoir peur, qui vont être encore inquiet. C’est déjà un traumatisme important pour beaucoup de monde. Nous ce qu’on veut, c’est le plus rapidement possible, permettre au gens de revivre la magie dans notre lieu de diffusion », conclut positivement David Laferrière.

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