Mercure, cadmium et arsenic : Le terrain de la future école de Prévost contaminé
Par Luc Robert
La Société québécoise des infrastructures (SQI) procéderait à ses frais à la décontamination de 1 071 m2 de matériaux dangereux, selon les dires du maire Paul Germain, au terrain acheté par la Ville de Prévost pour établir une école secondaire dans le secteur Shawbridge.
Lors de la séance du conseil municipal de Prévost du lundi 10 mars 2025, le maire Germain a confirmé que le rapport environnemental de la firme ABS a été présenté à la Ville et que certaines parties du terrain de golf sont contaminées par du mercure, du cadmium et de l’arsenic. Selon ce qui a filtré à la séance régulière, la décontamination ne devrait pas retarder l’échéancier de construction de la nouvelle école, mais une partie du projet immobilier prévu à proximité serait toutefois repoussée. La SQI a prévu, selon le maire, des tests à trois autres verts, dès la fonte des neiges. Des coupes d’arbres devraient suivre dès le printemps, possiblement à la mi-avril. « Il faudrait des milliers de camions de terre pour enlever la terre contaminée, et le simple fait d’ouvrir le terrain pour le faire disperseraient des métaux lourds avec le vent. Cela aurait de graves conséquences pour la santé et la sécurité des résidents de Prévost », a prétendu M. Gary Selby, membre d’un collectif de citoyens préoccupés par la construction sur l’ancien terrain de 9 trous.
Ce dont le premier citoyen a contesté la véracité.
« Selon l’étude, il y a 4 emplacements où le seuil de contamination dépasse les normes, principalement à des tertres de départs et des verts du golf. 1 071 m2 de déchets dangereux ne représentent pas une quantité si énorme à disposer. Le processus (de décontamination) sera aux frais de la SQI. Ils disent que ce n’est pas rare et impossible, qu’une nouvelle phase de tests trouve des contaminants. Ils veulent en faire plus que moins », a expliqué M. Germain à la vingtaine de citoyens présents.
Selon le maire, la SQI a poussé les recherches plus loin parce qu’il s’agit d’un futur site scolaire.
« Ils ont dénombré 164 forages, pour analyser 63 échantillons. Ils parlent de carottages à plusieurs niveaux, soit des échantillons tant verticaux, que horizontaux. C’est rassurant de savoir que le site n’aura pas été aussi propre qu’il y a plusieurs dizaines d’années, après avoir été traité », a-t-il prévu.
Dans un article publié le 24 mai 2024 dans le Nord, le maire Germain avait pourtant spécifié que : « Le gouvernement a fait une étude environnementale, de phase 1. […] Je l’ai vue et elle dit noir sur blanc qu’il n’y a aucun enjeu à ce niveau-là (contamination). Il y a eu 30 forages (à l’époque) qui sont concluants. […] Il y a eu plusieurs études fauniques, floristiques, archéologiques, etc. Ce terrain-là a été scanné de tout bord, tout côté. La Ville de Prévost a aussi fait des vérifications. Je n’ai jamais eu de doutes. […] Je suis très satisfait du travail de la SQI », avait-t-il insisté.
Le citoyen Selby revient sur une mise en garde qu’il avait servi par le passé. « J’ai rencontré le maire Germain il y a un an et je l’ai pleinement informé du possible empoisonnement du terrain, en lui fournissant les documents sur cette possibilité. »
Le maire Germain aurait-il été mal informé par un acteur du dossier ? « On avait deux phases d’études qui disaient qu’il n’y a pas eu de problème détecté. La SQI a poussé les études jusqu’au bout, en allant plus loin que les 4 endroits contaminés découverts. Ils vont enlever les contaminants; je ne suis pas le maître d’œuvre, mais il est de bonne guerre qu’ils en fassent davantage que moins, de leur propre chef, pour prévenir. »
Visiblement irrité, Paul Germain étudie des options légales.
« Pour les premiers résultats obtenus, nous sommes en consultations avec nos avocats, afin de déterminer si des recours seront intentés contre la firme d’évaluation ou l’ancien propriétaire des lieux. Nous devons déterminer avec nos procureurs si c’est envisageable. Il faut que cela en vaille la peine (de poursuivre), pas juste pour un site sur quatre, ou quelque chose du genre », a-t-il réfléchi tout-haut.
Transparence ou opacité ?
Jeudi dernier s’est par ailleurs tenue à l’hôtel de ville de Prévost une rencontre entre la SQI, le CSSRDN, la ville de Prévost et des résidents de la rue Blondin, pour discuter de la décontamination du terrain de la future école secondaire, situé à proximité. La rencontre était prévue à 14 h 30, mais aurait débuté un peu avant.
Au moins un citoyen s’est confronté au maire, qui lui a fait comprendre qu’il ne pouvait participer à la rencontre, car elle était d’ordre ciblée et uniquement sur invitation pour des citoyens du secteur de la rue Blondin. M. Germain lui a signalé que ses questions devaient être posées lors d’une séance subséquente du conseil municipal.
La Ville de Prévost prévoit construire une école secondaire pouvant accueillir 1 500 élèves. L’annonce de lancement du projet a été effectuée en personne par le premier ministre François Legault et son ministre de l’Éducation Bernard Drainville, à l’école des Falaises. Les travaux sont censés débuter en mai 2025. Soulignons que Le Nord a fait parvenir des questions à la Ville de Prévost, ainsi qu’à la SQI, à la suite des derniers développements.
Loi d’accès à l’information
En janvier 2025, ABS Environmental a publié son rapport sur les échantillons de sol. Des Prévostois ont pu obtenir le document grâce à la loi sur l’accès à l’information.
« L’exposition à ces métaux lourds, même en très petites quantités, peut causer le cancer, y compris la leucémie. Ils sont extrêmement dangereux pour les poumons, les yeux, le cerveau et le système nerveux central », a fait valoir le citoyen Gary Selby. De 1950 à 1980, les terrains de golf du Québec, du Canada et du nord des États-Unis utilisaient du mercure, du cadmium et de l’arsenic (pesticides) pour leur entretien. Un environnement verdoyant et luxuriant, ainsi qu’une tonte de gazon à ras le sol, ont fait le bonheur des golfeurs.