Sylvie D’Amours, Ministre responsable des Affaires autochtones, répond à nos questions
Par Journal-le-nord
Un après la Commission Viens, l’inaction est déplorée chez plusieurs groupes et l’impatience se fait sentir. Notamment, un chapitre de la commission est dédié aux services de santé et aux services sociaux. On y écrit que « les préjugés envers les Autochtones demeurent très répandus dans l’interaction entre les soignants et les patients. »
Qu’est-ce qui a changé depuis? Comment expliquer que ce soit aussi long avant d’être témoin de changements concrets?
Plusieurs éléments sont à considérer. Suite au dépôt du rapport Viens, j’ai promis qu’il ne prendrait jamais la poussière. Au Cabinet et au SAA, c’est un document actif, nous en parlons tous les jours. Les recommandations du Juge Viens demandent à certains égards, des changements en profondeur des services gouvernementaux offerts aux autochtones et ces changements ne se font pas du jour au lendemain. Pour faire ces changements d’envergures, il faut prendre le temps de bien le faire et surtout il faut le faire en collaboration. J’ai donc sollicité les représentants des Premières Nations et des Inuits afin de déterminer, ensemble, quelles actions nous devions faire en premier. Les grands thèmes qui sont sortis de nos rencontres sont la sécurité, le logement et le bien-être des femmes et des enfants. Nous sommes donc guidés dans nos actions par ces 3 grandes priorités.
Il ne faut pas oublier que nous avons vécu une pandémie, nous y sommes encore et nous avons dû mettre les bouchées doubles pour aider les communautés à se protéger de ce virus d’autant plus qu’un grand nombre de communautés vivent loin des grands centres et en région éloignée, donc avec une faible accessibilité au soin de santé.
Nous ne pouvons pas changer 150 ans d’histoire en 2 ans. Mais nous sommes sincèrement déterminés à poser des gestes concrets pour améliorer la situation.
La commission Viens fait aussi état de la présence de racisme systémique au Québec. Or, le gouvernement ne reconnaît pas son existence. Est-ce un obstacle à la réconciliation selon vous?
Nous ne souhaitons pas faire un débat de sémantique. Oui, il y a des gens racistes au Québec, oui, il y en a dans certaines professions, nous le savons. La situation actuelle commande que toutes les parties concernées s’élèvent au-dessus de la mêlée et travaillent ensemble vers un objectif commun, celui de mieux vivre ensemble et de mettre fin au racisme et aux inégalités qui touchent les autochtones. L’histoire de Joyce Echaquan nous rappelle tout le travail que nous avons à faire en collabo-ration avec les Premières Nations pour venir à bout des difficultés qu’endurent depuis trop longtemps les nations autochtones au Québec.
La confiance des groupes autochtones envers le gouvernement semble très fragilisée. Comment comptez-vous regagner cette confiance et tisser des liens solides avec ceux-ci, en route vers une réconciliation?
Depuis le début de mon mandat que je travaille sans relâche avec les représentants des Premières nations et Inuit et des organismes autochtones afin d’établir des ponts pour collaborer ensemble. De la même façon que je travaille directement avec mes collègues du Conseil des ministres afin de m’assurer que leurs actions et leurs décisions soient influencées par les recommandations des rapports Viens et de l’ENFFADA. Les changements importants demandent du temps, mais il y en aura.