Les expropriés de Mirabel se souviennent

Par France Poirier

50 ans plus tard

Le 50e anniversaire de l’annonce de la construction d’un nouvel aéroport à Sainte-Scholastique a été l’occasion de faire un bilan de la longue lutte menée les expropriés de Mirabel pour la rétrocession de leurs terres réquisitionnées pour cette construction.
Le 27 mars 1969 reste gravé dans la mémoire collective de Mirabel. Ce jour-là, le gouvernement libéral annonce la construction du plus grand complexe aéroportuaire au monde à Sainte-Scholastique. Une décision qui allait entraîner la réquisition de 97 000 acres de terres, sur 8 000 lots, dans 14 municipalités. Pour quelque 12 000 personnes touchées directement, cette annonce a créé une commotion. Puis les citoyens se sont mobilisés graduellement, pour faire reconnaître leurs droits.

Bataille des familles

« Il faut se rappeler que s’il n’y avait pas eu cette bataille, nous serions encore à loyer, souligne Marcel Denis, président de l’UPA Sainte-Scholastique-Mirabel. Cela laisse un bel héritage pour la génération future et démontre le courage et la détermination de nos parents et grands-parents pour récupérer leurs biens. Nous souhaitons clore le dossier de revente des terres et les retourner aux gens concernés; c’est une question de justice. Pour l’avenir, je souhaite une paix sociale, qu’on parle de cette expropriation comme étant du passé et que cela ne se reproduise jamais. »
Il ne s’agit pas d’oublier le passé et les souffrances encore vives pour la communauté de Mirabel, mais bien d’en reconnaître la valeur. Rita Lafond, ex-porte-parole des expropriés, est un témoin privilégié du mouvement qui a pris naissance en 1971, avec la formation du Comité des expropriés dirigé par Jean-Paul Raymond. Devenu le Centre d’Information et d’Animation Communautaire (CIAC), ce mouvement prend de l’ampleur dès 1973. Mme Lafond en témoigne : « Et voilà que ces hommes, ces femmes retrouvent leurs capacités d’agir et, du coup, leur fierté. C’est un premier groupe de 108 agriculteurs qui se tiendront ensemble pour négocier. »
L’histoire aura fait la preuve que l’expropriation de ce vaste territoire, soit la plus importante au Canada, était injustifiée. En 2004, Mirabel a cessé d’accueillir des passagers. La démolition de l’aérogare, gérée par les Aéroports de Montréal (ADM), est amorcée à la fin de 2014.

Rita Lafond, ex-porte-parole des expropriés. PHOTO: Courtoisie

 

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