Le défi de la vulgarisation

Par Simon Cordeau

Les six candidats passent l’un après l’autre, sans attendre. Chacun doit expliquer au public le sujet de son doctorat, en 3 minutes top chrono. Le défi est d’être clair, concis et convainquant. Le 23 mars, l’Université du Québec en Outaouais (UQO) tenait le concours Ma thèse en 180 secondes, dont l’objectif est de démocratiser le savoir et de valoriser la recherche.

On m’a invité à faire partie du jury, aux côtés de professeurs de l’université. Durant chaque présentation, nous devons prendre des notes, pour évaluer le talent d’orateur du candidat, sa vulgarisation du sujet et la structure de son exposé. C’est fascinant de les voir résumer des années de recherches, sur des sujets pointus et souvent théoriques, en quelques phrases simples et des exemples concrets.

C’est une compétition de haut niveau, et les présentations sont toutes remarquables. Après délibérations du jury, c’est celle de Madeleine Lefebvre, intitulée Sur quelles bases nos élu.es locaux prennent-ils et elles leurs décisions?, qui l’emporte. La doctorante représentera donc l’UQO lors de la finale nationale le 11 mai prochain, durant le 89e Congrès de l’Acfas à l’Université Laval à Québec. Elle empoche aussi une bourse de 1 000 $.

Madeleine Lefebvre représentera l’UQO à la finale nationale de Ma thèse en 180 secondes, le 11 mai.
Madeleine Lefebvre représentera l’UQO à la finale nationale de Ma thèse en 180 secondes, le 11 mai.

« Je suis hyper excitée, très heureuse et reconnaissante envers l’UQO, mais aussi très humble devant les fortes présentations de mes collègues. Je les ai tous trouvés excellents et je me sens solidaire de tout le monde », déclare Mme Lefebvre, en entrevue après la compétition.

Anne Chartier, seule candidate pour le volet maîtrise du concours, remporte quant à elle une bourse de 200 $ pour sa présentation L’équité sociale : une alliée oubliée du développement territorial.

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Comme le concours était tenu en mode virtuel, Mme Lefebvre a pu faire sa présentation depuis Whistler, en Colombie- Britannique.

« Je me suis levée à 4h du matin pour participer. La nuit a été courte, mais ça valait la peine. »

« Pour moi, la vulgarisation scientifique est à la fois un objet d’études et un outil de recherche », poursuit-elle. C’est pourquoi la doctorante était si enthousiaste de participer à ce « bel exercice ». « On est un peu toutes des cordonnières mal chaussées. Ça fait 5 ans que je suis au doctorat, et même mes enfants savent plus ou moins sur quoi je travaille. Là, il faut l’expliquer en 3 minutes! C’est formateur comme exercice », illustre-t-elle.

Trop souvent, la recherche est hermétique, explique Mme Lefebvre. Les chercheurs se comprennent entre eux, mais rendre leurs découvertes accessibles au grand public est une autre paire de manches. Il faut donc s’en tenir à l’essentiel et utiliser des techniques de vulgarisation, comme pour le concours. Par exemple, Mme Lefebvre a utilisé la métaphore d’un joueur de hockey pour illustrer le travail d’un élu municipal, durant sa présentation.

« Avec une image, on espère que l’audience pourra comprendre ce qu’on n’a pas le temps de dire. »

Mme Lefebvre s’intéresse d’ailleurs au développement des milieux : comment leurs différents acteurs acquièrent et partagent leurs connaissances.

« Mais les élus, surtout dans les petites municipalités, ont un mandat à temps partiel. Ils n’ont pas le même accès que les fonctionnaires aux informations, ni le même temps. Comment se renseignent-ils? Quel est la base de leurs décisions? C’est super important », explique la doctorante.

« Le développement de l’humain et le développement collectif vont ensemble. Je suis passée du domaine de l’éducation, qui concerne le développement de l’individu, aux sciences sociales, qui est plus global. Mais l’intérêt est le même : l’épanouissement de tout le monde », indique la lauréate.

Participants du concours

• Anne Chartier, étudiante de 2e cycle en Sciences sociales : L’équité sociale : en une alliée oubliée du développement territorial

• Marie-Pier Jubinville, étudiante de 3e cycle en Sciences infirmières : Une formation en soutien à l’assistante infirmière-chef

• Edwin Parrado, étudiant de 3e cycle en Sciences de l’éducation : Représentation sociales de la culture

• Camille Kowalski, étudiante de 3e cycle en Science naturelles : Simulons un Saint-Laurent plus plaisant pour les bélugas!

• Kassi Venceslas Kadio, étudiant de 3e cycle en Sciences et technologies de l’information : Le ecall

• Madeleine Lefebvre, étudiante de 3e cycle en Sciences sociales : Sur quelles bases nos élu.es locaux prennent-ils et elles leurs décisions?

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