Angèle Meilleure est accompagnée par le bénévole Sylvain Désilets, devant la Cité Les Trois R, à Saint-Jérôme, où elle réside.

Ces héros du quotidien- Partie 1

Par Charlier Mercier

Dans les Laurentides, des héros de l’ombre concourent à l’harmonie de la communauté : ce sont les bénévoles. Cette semaine, nous mettons en lumière les services de visites d’amitié et de transport offerts aux personnes âgées ou vulnérables.

Jeudi, 8h35 : Angèle Meilleur nous accueille dans son petit logement à la Cité Les Trois R, à Saint-Jérôme. Toutes les lumières sont éteintes ; la pièce rectangulaire est plongée dans la pénombre. La dame de 69 ans nous offre du café. Sylvain Désilets, bénévole, dépose sur la table de la cuisine six oeufs que ses poules ont pondus.

Tous les jeudis, M. Désilets rencontre la dame non voyante dans le cadre de visites d’amitié, organisées par le Centre d’action bénévole Saint-Jérôme. Le bénévole de 44 ans passe quelques heures à discuter avec elle, à l’aider dans diverses tâches et à la reconduire à certains commerces ou à la clinique.

Ce matin-là, Mme Meilleure discute avec le bénévole pendant une heure à la table de la salle à manger. Sa fille part bientôt à la chasse à l’orignal, raconte-t-elle. La femme aux yeux clairs appuie sur sa montre : « Il est 9h25 », répond la machine. Mme Meilleure revêt son manteau noir et prend sa canne blanche avant de prendre le bras de M. Désilets qui la guide jusqu’à sa Tesla blanche.

Rendue à la clinique d’orthèses-prothèses, Mme Meilleur se procure de nouveaux bas de compression, qui aident à la circulation sanguine. Nous nous rendons ensuite dans une boutique de couture. Tout au long du trajet, M. Désilets la guide avec patience.

Depuis juin, M. Désilets a pris l’habitude de lui rendre divers services. Il a, par exemple, réparé sa barre d’appui dans sa salle de bain. Il l’a aussi aidé à identifier chaque vêtement avec de petites pastilles numérotées. Grâce à un lecteur optique qui lit le code, Mme Meilleur est capable d’entendre de quelle couleur est le vêtement. C’est le même procédé pour ses boîtes de conserve ou sa soixantaine de CD de musique qu’elle a identifiés un à un. « Il me rend service, ça n’a pas d’allure », dit Mme Meilleur, de la reconnaissance dans la voix.

M. Désilets était directeur dans une filiale d’Airbus. Le père de deux adolescents est récemment retourné étudier à temps plein, en psychologie à l’Université de Montréal.

« Je voulais approfondir la relation d’aide », dit l’homme qui a à coeur les personnes vulnérables ou dans le besoin. Le bénévolat est une bonne façon pour lui d’expérimenter et de valider son intérêt et son nouveau choix de carrière. « C’est une amitié qu’on développe », dit M. Désilets.

En plus du transport médical et des visites d’amitié, il fait également du bénévolat tous les jeudis soir à la ligne d’écoute de l’organisme Anorexie et boulimie Québec. Selon lui, les services de transport permettent aux bénéficiaires de se sentir plus autonomes.

Des transports de Sainte-Adèle à Montréal

Michel Couillard est bénévole pour l’Entraide bénévole des Pays-d’en-Haut depuis six ans. Six jours par semaine, il est chauffeur pour raccompagner des bénéficiaires à leurs rendez-vous médicaux. L’Adélois roule souvent de longues distances, se rendant régulièrement dans des hôpitaux de Montréal.

« Je voulais approfondir la relation d’aide. C’est une amitié qu’on développe » – Sylvain Désilets

Retraité depuis 2008, M. Couillard est apprécié des bénéficiaires, qui le réclament souvent comme chauffeur. Le bénévole peut avoir plus d’une dizaine de transports à faire pendant la semaine. Le trafic ne le rebute pas, lui qui a déjà travaillé à Montréal. « Il faut user de patience, autant dans le trafic qu’avec les bénéficiaires », expliquet- il.

La motricité limitée des bénéficiaires représente un défi pour lui, puisque la majorité des bénéficiaires ont besoin d’aide pour se déplacer. Il a donc développé des techniques pour aider les personnes qui se déplacent en fauteuil roulant, en béquilles ou en marchette à s’assoir dans sa voiture et à boucler leur ceinture de sécurité.

Il les raccompagne ensuite jusqu’à la salle d’attente de l’hôpital. Pendant les rendezvous médicaux, qui peuvent durer quelques heures, M. Couillard attend la plupart du temps dans sa voiture. Il s’occupe alors en lisant le journal, en faisant des mots croisés ou en se distrayant grâce à sa tablette numérique.

Le coût du service de transport est fixé lors de la demande du bénéficiaire, en fonction de la distance à parcourir. L’argent que M. Couillard reçoit pour le dédommager de ses déplacements « arrondit ses fins de mois ».

Pourquoi est-il bénévole ? « J’ai toujours aimé les gens », lance M. Couillard qui dit qu’un sentiment de fierté est rattaché à son bénévolat et qui invite les gens à faire comme lui.

L’homme de 73 ans dit connaître un bénévole de dix ans son aîné. « Si je me rends à 83 ans en faisant du bénévolat, je vais avoir accompli quelque chose de bien », conclutil.

1 commentaire

  1. Je fais moi-même du bénévolat depuis plusieurs années dans un organismes de par et pour en santé mentale. Je grandis au travers, mon vécu difficile me permets d’aider les autres, de les écouter et de prier pour eux.

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