Situation difficile pour l’organisme en prévention du suicide

Par France Poirier

Actuellement les organismes communautaires subissent une migration des intervenants professionnels vers le réseau de la santé, ce qui cause bien des maux de tête aux directions de ces organismes.

C’est ce que vit actuellement le Centre de prévention du suicide (CPS) Le Faubourg qui couvre la région des Laurentides. Nous nous sommes entretenus avec Amélie Gauthier, directrice générale, dans le cadre de la Semaine de prévention du suicide qui se tenait du 30 janvier au 5 février.

« En ce moment la situation est difficile à cause d’un manque de personnel dans les CPS. Certains ont dû fermer leur ligne d’appel. Les équipes sont très fragilisées, très vulnérables. On manque de personnel depuis le début de la pandémie. On offre des bonis un peu partout dans le réseau de la santé et c’est impossible pour nous de rivaliser avec ça. Il y a une migration des intervenants professionnels vers le réseau de la santé. On affiche nos postes à 19 $ de l’heure alors que dans le réseau, les intervenants sont payés de 25 $ à 30 $, en plus des bonis et des avantages sociaux », soutient Amélie Gauthier qui peine à trouver du personnel.

Les intervenants sur les lignes d’appel doivent avoir un diplôme d’études collégiales en travail social ou un baccalauréat. « Ce sont des professionnels, c’est un travail difficile. On demande qu’ils aient le même salaire que dans le réseau. Pour ce faire, le CPS Le Faubourg demande un rehaussement. »

Pour être capable de bien fonctionner, la ligne d’intervention de crise devrait être constituée de sept intervenants de crise et de trois intervenants pour le deuil. Présentement, ils sont six intervenants pour tout faire. « Je ne peux pas engager de nouveaux formateurs, ça prend beaucoup d’expérience et les gens d’expérience ne travaillent pas à 19 $ de l’heure. Habituellement, on fait des ateliers de prévention, on va dans les écoles. On a besoin du rehaussement de la subvention. Dans la catégorie actuelle, on est au maximum de la subvention. Mais comme on est ouvert 24/24, on veut changer de catégorie même si on n’offre pas l’hébergement. Actuellement, on fonctionne à un intervenant à la fois, donc les lignes sont souvent engagées. Pour le deuil, la liste d’attente est de trois mois pour avoir accès au service. Quand on est en détresse, c’est rapidement qu’on a besoin d’aide, pas dans trois mois », déplore Mme Gauthier.

Une reconnaissance de la réalité des CPS

Pour le CPS Faubourg, l’ajout d’une nouvelle catégorie d’organismes permettrait de reconnaître à sa juste valeur sa réalité et les actions posées dans la communauté. Cela confirmerait une meilleure reconnaissance des besoins financiers liés à sa mission de prévention du suicide, indique Mme Gauthier. Elle rappelle que le CPS offre une gamme diversifiée de services : promotion de la santé mentale, prévention du suicide, postvention, formation ainsi qu’un service d’intervention téléphonique en situation de crise suicidaire, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. « Nous desservons les personnes suicidaires, leurs proches, les personnes endeuillées à la suite d’un suicide et les intervenants de notre région. D’ailleurs, notre organisme rejoint, chaque année, de nombreuses personnes. Actuellement, la catégorie dans laquelle se retrouve notre CPS ne reconnaît qu’une partie de notre mission, sans prendre en compte l’ensemble de la situation. D’autres organismes qui interviennent en situation de crise se retrouvent également dans la même situation que nous. Tout le monde y gagnerait. De plus, comme le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) débute des travaux pour mettre à jour le Programme de soutien aux organismes communautaires , le moment est donc le bon pour répondre favorablement à cette demande », ajoute la directrice générale.

Une priorité gouvernementale

Alors que la santé mentale et la prévention du suicide font partie des priorités mises de l’avant par le gouvernement, la reconnaissance de l’expertise des CPS passe, entre autres, par l’ajout de la nouvelle catégorie et un financement à la mission permettant de répondre aux besoins croissants de la population. « Au quotidien, l’offre de services des CPS du Québec s’appuie sur la recherche et les données relatives aux meilleures pratiques. Il est donc temps que le MSSS reconnaisse réellement l’apport des CPS par une catégorie d’organismes correspondant à l’ensemble de leurs actions et de leur réalité dans le programme de financement », explique Amélie Gauthier.

Le suicide en 2020, 1re année de la pandémie

Selon les données provisoires émises par le Bureau du coroner en chef du Québec, il y aurait eu 1016 suicides en 2020 au Québec. Ce nombre était sous-estimé et doit être utilisé avec précaution. Cependant, il ne semble pas avoir d’augmentation par rapport aux années précédentes.

À plus long terme, la situation pandémique pourrait se traduire ou non par une augmentation des taux de suicide, selon la disponibilité des soins en santé mentale, le sentiment d’espoir de la population et les effets sur l’économie à moyen et à long terme.

En 2020, on observait une diminution de l’utilisation des services hospitaliers. Il est possible que les mesures sanitaires mises en place en raison de la pandémie de la COVID-19 aient découragé les personnes de visiter les urgences et que cela ait eu des répercussions sur les hospitalisations.

Depuis un an, une nouvelle plateforme a été mise en place au Québec, suicide.ca, sur laquelle il est possible de clavarder avec un intervenant. Ligne d’intervention du CPS Faubourg, 24/24, au 1 866 APPELLE (277-3553)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *