Service des incendies : Les Prévostois seront-ils plus en danger qu’ailleurs ?
Par Luc Robert
Alors que plusieurs corps de pompiers des environs possèdent déjà ou se dirigent vers des horaires de garde interne à leur caserne en semaine, cette demande des sapeurs de Prévost demeure lettre morte dans leur négociation de convention collective.
Échue depuis le 31 décembre 2021, cette dernière fait présentement l’objet d’échanges multiples de documents, sans dénouement. Le syndicat des sapeurs, membre de la section locale 7161 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), est prêt à laisser du leste, mais trouve mince la dernière ébauche patronale reçue le 17 juillet.
« On veut comparer ça avec l’offre de juin dernier. Je l’ai lue en diagonale et on y verra plus clair vers le 10 août, à l’exécutif. À date, par la qualité (sic) de ce qui est écrit, ils n’ont pas mis des heures là-dessus… On voit nettement un manque d’expérience de la partie patronale, de la manière dont c’est rédigé. Si on va au vote avec ça, avant la fin août, j’anticipe un rejet massif des membres », a anticipé M. Guillaume Aspireault-Massé, président du syndicat local.
La Ville s’attend à un vote positif des employés syndiqués sur les dernières offres, alors que ceux-ci attendaient des précisions.
« On voulait recevoir des documents simples : une colonne avec ce qui était appliqué à l’ancienne convention et une autre avec les modifications de ce qui est proposé. Ils nous ont répondu à date avec des projets pleins de trous et c’est supposé être une offre finale et globale. On nous a dit qu’on reçoit déjà tout et qu’on en veut encore plus, mais nos demandes sont raisonnables. Plusieurs points sont des articles presque copiés-collés des conventions de sapeurs des villes voisines, souvent de tailles semblables à Prévost », a-t-il fait remarquer.
Dotée d’un service des incendies avec employés à temps partiel, Prévost se fie à des passionnés pour continuer.
« Jusqu’à quel prix sommes-nous prêts à payer pour demeurer dans un service à temps partiel ? Plusieurs ont deux emplois et vivent très difficilement la conciliation famille-travail. La Ville veut couper dans les acquis des vacances : c’est inacceptable », a précisé un intervenant qui a préféré taire son nom.
Progrès ailleurs
Selon des sources crédibles, lors des pourparlers entre les sapeurs de Saint-Colomban et les autorités locales, aussi en renégociation, on explorerait la possibilité d’assigner 2 hommes en garde interne de jour, de 8 h à 17 h, du lundi au vendredi.
« On a besoin d’un projet global du genre à Prévost. Quand on entend parler d’arbitrage dès le départ, on en déduit qu’ils ne veulent pas négocier. On serait prêt à accepter le statu quo de l’ancienne convention et le (forfait) monétaire présenté. Mais là, nous sommes encore au niveau des salaires de 2021 et c’est du n’importe quoi », a repris M. Aspireault-Massé.
À Sainte-Anne-des-Lacs, qui n’a pas répondu à nos questions avant l’heure de tombée, le problème de la garde interne serait actuellement « contourné en déclenchant une alarme générale (présence accrue), qui implique l’entraide de Prévost de Saint-Sauveur, pour les alertes commerciales ».
Régionalisation
Aspireault-Massé s’inquiète aussi pour le futur.
« On veut savoir la vision de Prévost pour leur service des incendies. On entend parler de régionalisation et pas seulement pour l’état-major. Avec leurs projets d’école secondaire, de garderie, etc., ça prend une permanence interne de semaine. Mais s’en vont-ils vers une privatisation ou à une sous-traitance du service ? La conciliatrice au dossier n’est plus là. Si on règle, on pourrait régler des griefs aussi. Combien ça coûte aux citoyens, en frais juridiques, les démarches engendrées par la Ville face aux syndiqués ? », a-t-il questionné tout-haut.
Projet pilote ?
À Sainte-Sophie, la signature d’une convention collective avec les pompiers sera en vigueur jusqu’au 31 décembre 2027. Elle renferme entre autres un projet pilote de garde interne, pour une durée de 24 mois.
Efficacité
Les pompiers prévostois citent d’autre part l’exemple du jeudi 13 juillet dernier, pour appuyer leur revendication de garde interne.
« Vers 15 h 30, en raison des mauvaises conditions météorologiques, les pompiers ont été mobilisés en garde interne pour couvrir le territoire de la ville pendant la tempête. Leur présence en caserne a permis d’offrir un délai d’intervention rapide en entraide à nos confrères de Saint-Jérôme. Saviez-vous que la mobilisation de pompiers en garde externe augmente le délai de réponse de 7 à 10 minutes, contrairement aux pompiers en garde interne, qui présentent un délai de 1 à 2 minutes avant le départ du premier véhicule ? », est-il spécifié sur la page Facebook du syndicat.
Rappelons que dans les limites territoriales de Prévost, selon le schéma de couverture de risques, une intervention des sapeurs doit se produire dans les 15 minutes d’un appel reçu.
Réponses
Au service des communications de la Ville de Prévost, les réponses suivantes ont été obtenues :
« Nous n’envisageons aucun projet-pilote concernant une garde interne. Advenant que ce type de projet se concrétise dans le futur, nous travaillerons avec les parties concernées. D’autre part, il y a eu une erreur de description sur notre site internet, l’information (3e paragraphe) se lit (maintenant) comme suit : 4 équipes de pompiers assurent la garde externe en alternance. Cette équipe est en garde externe du lundi soir au vendredi matin pour les plages de 18 h à 5 h et pour la fin de semaine, en continu, du vendredi 18 h au lundi 5 h. Aucune transformation de notre service incendie n’est envisagée », a expliqué Mme Gabrielle Malacket, conseillère au service des communications et affaires publiques à la Ville de Prévost.
Garde interne de semaine
- Sainte-Adèle :
- 1 officier, 3 pompiers
- De 8 h à 18 h en semaine
- Saint-Sauveur :
- 1 officier, 5 pompiers
- De 6 h à 18 h
- Saint-Hippolyte :
- 1 officier, 2 pompiers
- De 5 h à 18 h 30 la semaine
- Sainte-Sophie :
- 1 officier, 3 pompiers
- De 8 h à 18 h en semaine