Le 29 janvier prochain, aura lieu la Journée Bell Cause pour la cause qui permet de soutenir les initiatives en santé mentale au Canada.

Santé mentale : L’anxiété et la dépression en hausse chez les jeunes

Par Rédaction

Bien que la santé mentale demeure un sujet parfois tabou, il est de plus en plus démystifié par notre société, surtout en ce qui concerne la santé mentale chez les jeunes. On identifie chez eux une hausse significative de l’anxiété et de la dépression.

Statistiques

Le 5 décembre 2018, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) diffusait les données du second cycle de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2016-2017 (EQSJS). Elle faisait suite au premier cycle réalisé en 2010-2011. Dans les Laurentides, ce sont 3 453 élèves de 33 écoles secondaires qui ont participé.

Notamment, l’étude a permis de constater une hausse significative de 10 % dans la région en ce qui concerne les diagnostics d’anxiété, de dépression ou de troubles alimentaires. La proportion des élèves ayant reçu au moins un de ces diagnostics est passée de 13 % à 23 % de 2010-2011 à 2016-2017.

Patrice Coquereau se confie sur son anxiété

« Du jour au lendemain, mon monde s’est effondré »

Patrice Coquereau, que nous avons vu au théâtre, au cinéma, à la télévision et à la radio, a vécu, plus jeune, de l’anxiété sévère. En 2014, il a écrit le livre Guérir à gorge déployée, un ouvrage relatant ses expériences liées aux troubles anxieux. Depuis, il donne une conférence intitulée Face à face avec l’anxiété et qui sera de passage au Théâtre Gilles-Vigneault le 10 mars. On s’entretient avec lui sur les parfois délicats sujets de l’anxiété et de la dépression.

En 1983, alors qu’il avait 22 ans et débutait sa formation à l’École nationale de théâtre, un épisode a complètement changé sa vie : lors d’une soirée, il a très mal réagi au THC contenu dans un joint. « Du jour au lendemain, mon monde s’est effondré. Sur le joint pendant la soirée, tout devenait étrange. J’ai mis ça sur le compte de la drogue. Mais à jeun, à un cours de chant à l’École nationale, les crises se sont manifestées. »

Face à face

« Avant, j’étais une bombe sur deux pattes. Tôt ou tard ça aurait explosé. Le joint a été le déclencheur. Composer avec le quotidien devenait problématique. Tout me faisait paniquer. » Patrice Coquereau décrit l’anxiété comme étant un synonyme d’encombrement. « On étouffe, on est pris avec un paquet de détails, des choses qui ne nous conviennent pas. »

Pour s’en sortir, il a pris la décision personnelle d’emprunter un cheminement sans médication. Dans son cas, le résultat s’est avéré positif. « À force de le vivre, je l’ai apprivoisé et l’intensité des crises a diminué. Pour bien des gens, la meilleure façon de faire taire les crises, c’est l’évitement. Ce que je n’ai pas fait. C’est un soulagement à court terme, mais à long terme, ça ne fait qu’amplifier les murs et les limites dans lesquels on s’enferme. »

Une obsession de l’image

Comme mentionné plus haut, les diagnostics d’anxiété et de dépression sont en hausse chez les jeunes. Pour Patrice Coquereau, le monde d’image dans lequel on vit a un impact sur cette réalité. « On est dans un monde de performance, de résultats, de comparaison. C’est une culture mondiale de l’image et de la jeunesse absolue. Les gens sont dans des illusions d’Instagram pour avoir l’air. Ils recherchent plus la sécurité que la liberté. »

Force est de constater que pour l’acteur, les réseaux sociaux qui créent cette obsession à toujours vouloir être validé par l’extérieur, est au centre du problème. « À travers les images, les gens veulent être conforté avec les likes. Beaucoup de gens se limitent à imiter. Ils vont s’ajuster à des images et des modèles, au détriment de leur santé mentale et physique. »

Un monde malade

Ironiquement, Patrice Coquereau a évolué toute sa vie dans un monde d’image et a étudié dans un domaine considéré comme étant stressant. « Plutôt que de le subir, j’ai décidé de m’en servir. Je le mettais dans mes rôles. Ce métier-là a été pour moi une école pour respirer, regarder le partenaire dans les yeux, cultiver la présence, cultiver l’inconnu. » L’acteur conseille aux gens de se désencombrer, de faire du ménage: « Quand on se sent lourd, encore faut-il identifier ce qui nous pèse, pour aller vers ce qui nous porte. »

Patrice Coquereau qualifie le monde d’aujourd’hui comme étant profondément malade. « Il n’y a jamais eu autant d’objets, d’opportunités, de travail, et pourtant, jamais autant de détresse. Comment se fait-il que les gens se sentent si mal? Il y a des appels au secours, la dépression, des médicaments. Il y a un manque affectif effrayant. »

Il cite le philosophe hindou, Jiddu Krishnamurti : « Ce n’est pas un signe de bonne santé que d’être bien adapté à une société profondément malade. »

Une réalité semblable dans le sport

L’anxiété reliée au souci de performance chez les jeunes se traduit aussi dans le sport. Heidi Malo est consultante en préparation mentale à la Clinique Sport Santé Laurentides. Elle a elle-même évolué plusieurs années dans le circuit FIS en ski alpin en plus de faire le circuit collégial pendant un an. Ensuite, elle a effectué une transition en tant qu’entraineur et en enseignement.

Heidi Malo

C’est dans ce rôle plus précis qu’elle a réellement pris conscience à quel point les performances devenaient de plus en plus mentales. « Avec le temps, la génération change et il y a de plus en plus de pression de performance. Je vois de plus en plus de cas de santé mentale chez l’athlète. Il y a beaucoup de pression pour être parfait en société. »

Aujourd’hui, Heidi Malo collabore avec le programme sports-études de la Polyvalente Saint-Jérôme, l’équipe du Québec de planche à neige, Ski Québec Alpin, Division Laurentienne de Ski Alpin, en plus de travailler avec des clients individuels provenant de plusieurs domaines et de différents niveaux. Après une dizaine d’années d’expérience, elle dit être témoin d’une certaine évolution et d’une prise de conscience dans le milieu sportif. « On parle de plus en plus de la santé mentale chez le jeune athlète. On commence à enlever le stigma des préparateurs mentaux, de la psychologie. Plus on en parle et plus les jeunes sont conscients que c’est normal ».

Arrive-t-il qu’à travers le sport, les études et les arts, on en mette parfois trop sur les épaules des jeunes? « Oui» me répond-t-elle. « C’est sûr qu’on prône que les jeunes fassent du multisport. Oui, il faut qu’ils restent actifs, c’est bénéfique pour la santé mentale, mais pas toujours dans un sport qui est encadré et compétitif. »

Selon elle, il faut surtout « apprendre à changer leur perception face à l’échec et le succès et vraiment mettre l’emphase sur l’apprentissage et le développement. »

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