Sainte-Sophie : La ferme Alary à l’avant-garde depuis plus de 100 ans
Par France Poirier
Frédérick Alary fait partie de la 4e génération de producteurs à la ferme familiale de Sainte-Sophie. Puis, la 5e génération a commencé à s’impliquer dans l’entreprise.
La ferme Alary est certifiée biologique depuis presque 30 ans. Frédérick Alary est aussi président d’un club agro environnemental. « On engage des agronomes, des techniciens en agro environnement qui travaillent pour les producteurs », nous explique ce dernier.
C’est son agronome qui lui a proposé de faire un bilan carbone, c’est-à-dire une étude plus poussée des sols. « Je trouvais que ça allait dans la continuité de l’entreprise en étant biologique. On veut s’améliorer tout le temps et je trouvais qu’on stagnait un peu. Alors quand il m’a approché, je trouvais que c’était une belle opportunité d’aller voir ce que les sols avaient l’air. À la suite du bilan carbone, il y a eu le projet de Laboratoire vivant – Racines d’avenir. Ce sont 5 cellules avec différents projets d’étude. Quand tu as fait ton étude carbone, tu as accès à ces projets d’étude, en partenariat avec Agriculture Canada et l’Union des producteurs agricoles (UPA) », explique Frédérick.
« Les résultats de nos sols étaient satisfaisants. Pour ce qui est du bilan carbone, nous avons des animaux, alors ç’a un effet sur le carbone. Pour la partie des champs, nous avons eu d’excellents résultats. »
Projet pour la matière organique
Frédérick Alary travaille à améliorer la matière organique des sols qui est l’un des projets qu’on souhaite réaliser à la ferme Alary.
« J’ai semé du soya. Normalement à l’automne, je travaille le sol pour l’année suivante. Cette année, quand mon soya était prêt à récolter, j’ai semé à la volée du blé. Celui-ci va s’implanter à l’automne, continuer de pousser durant l’hiver, puis au printemps. Au lieu de travailler le sol, je plante directement ma culture au sol pour l’année d’après. Je sauve des étapes de travail et beaucoup de temps. De plus, la machinerie est utilisée moins souvent, ce qui a des effets bénéfiques pour l’environnement », explique Frédérick.
« De cette façon, la matière organique augmente avec le pourcentage et le taux de racine dans le sol. Plus il y a de racines, plus les micro-organismes comme les vers de terre vont nourrir les racines, et c’est là que la matière organique augmente le plus », ajoute-t-il.
C’est bénéfique pour tout le monde, il y a moins de travail, c’est plus efficace pour l’environnement et le sol travaille mieux.
D’autres producteurs avaient commencé à travailler de cette façon. « C’est très marginal comme façon de faire. J’y pensais déjà et quand je l’ai proposé au Laboratoire vivant et que ç’a été accepté, j’ai embarqué. »
D’autres initiatives
Innovateurs il y a 35 ans, alors que presque personne ne faisait ça, son père et son oncle ont planté des arbres comme haies brise-vent. « Depuis ce temps, on a planté presque 7 000 arbres sur l’entreprise », explique-t-il fièrement. Il y a aussi d’autres projets en agro foresterie pour la protection des cours d’eau et pour l’amélioration des pâturages pour les animaux. On veut également ramener de l’ombre sur les pâturages. « J’essaie le plus possible de minimiser mon impact sur l’environnement », ajoute Frédérick Alary.
Deuxième projet
Le 2e projet du Laboratoire vivant est en lien avec les arbres qu’ils ont plantés pour les haies brise-vent. Une analyse de sol est faite à côté des arbres pour vérifier la séquestration du carbone dans les sols.
« Quand mon père a planté les premiers arbres, il m’a dit que ça serait bénéfique. Et depuis les cinq dernières années, on le voit avec les grands vents, la neige moins abondante et les pluies en augmentation. On voit que c’est bénéfique. Ils étaient avant-gardistes. »
Frédérick rappelle que la ferme Alary a été parmi les premières sur la production biologique. Et avec le projet de planter des arbres dans les pâturages, on innove encore chez les Alary. Ce concept est assez unique au Québec. « On travaille beaucoup de concert avec l’environnement et c’est important d’en prendre soin. Ça rapporte à tout le monde. On travaille beaucoup sur le marché local pour que les gens n’aient pas à trop se déplacer pour accéder aux produits », insiste Frédéric Alary.
La ferme Raymond Alary et fils
- Ferme laitière certifiée biologique depuis 30 ans et qui transforme depuis 20 ans 100 % de son lait en fromage artisanal.
- La ferme a eu 100 ans en 2022 – 5 générations de relève.
- La ferme sème du maïs, du soya (occasionnellement) et des céréales d’automne. Elle travaille sur une superficie totale de 150 ha en cultures.
- Un peu de son histoire : fromagiersdelatableronde.com/notre-histoire
- Dans le Laboratoire vivant – Racines d’avenir (2023-2028), la ferme participe à ces activités :
- Cultures de couverture en dérobée
- Portrait et dynamique des stocks de carbone
Lancement du Laboratoire vivant – Racines d’avenir
L’Union des producteurs agricoles (UPA) procédait au lancement officiel des activités entourant le Laboratoire vivant – Racines d’avenir sur la ferme Alary de Sainte-Sophie, le 11 octobre. L’UPA a mis une année à préparer la planification rigoureuse, le recrutement des fermes participantes et la mise en oeuvre des cellules d’innovation.
Ce projet, annoncé en 2023 dans le cadre du programme Solutions agricoles pour le climat – Laboratoires vivants, est soutenu par un investissement d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) pouvant aller jusqu’à 8,9 M$. L’UPA assurera, jusqu’en 2028, la coordination complète de cette initiative qui soutient les producteurs agricoles dans le développement d’innovations et de solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et séquestrer davantage de dioxyde de carbone.
« Parce que les productrices et producteurs agricoles sont les mieux placés pour parler de tout ce qui touche leur secteur d’activité, l’UPA est fière de les appuyer dans ce projet d’avant-garde qui vise le partage d’idées et l’adoption de pratiques agro environnementales durables. Nos producteurs ne demandent pas mieux que de collaborer pleinement à la recherche de solutions concrètes, et c’est là l’essence même d’un laboratoire vivant », a expliqué le président général de l’UPA, Martin Caron.
Cinq cellules de travail
Les travaux effectués avec le Laboratoire vivant – Racines d’avenir ont été divisés en cinq cellules d’innovation, chacune ayant un thème de pratiques agricoles et des activités de recherche précises.
- Gestion et fertilisation des sols
- Alimentation des ruminants et régie des plantes fourragères
- Gestion des lisiers (entreposage, épandage)
- Réappropriation du savoir et restauration écologique du foin d’odeur
- Agroforesterie et aménagement des cours d’eau
Il est possible de suivre l’évolution du projet en visitant la page Web.