Saint-Jérôme ne veut pas de centre correctionnel à son entrée
Par Aurélie Moulun
Plusieurs élus de la MRC de La Rivière-du-Nord dénoncent l’intention du gouvernement fédéral de reconstruire le centre correctionnel communautaire Laferrière « sans mesurer l’acceptabilité sociale du projet ni se saisir des autres possibilités offertes par la Ville de Saint-Jérôme », lit-on dans un communiqué. « Selon toute vraisemblance, il sera démoli et reconstruit sur le même site dans les prochains mois ».
Au cours d’une conférence de presse ayant eu lieu devant l’immeuble Taillon, Marc Bourcier, maire de Saint-Jérôme, et Rhéal Fortin, député de Rivière-du-Nord, en compagnie de Xavier-Antoine Lalande, préfet de la MRC et de John Tittel, président de la Chambre de commerce et d’Industrie Saint-Jérôme métropolitain, ont demandé au ministre Marco Mendicino « d’intervenir personnellement et immédiatement afin de réévaluer les propositions de la Ville de Saint-Jérôme ».
Le fédéral refuse les propositions de Saint-Jérôme
« Imaginez la scène. Notre centre-ville que l’on veut attractif et dont on est si fier offrira comme porte d’entrée un centre correctionnel communautaire avec des dizaines de détenus en réinsertion juste à côté d’une université, au centre de notre quartier des arts et du savoir, bondé de touristes. C’est insensé et clairement à l’encontre de notre plan de développement. Comment les fonctionnaires fédéraux ont pu ignorer ce fait, ils ont pourtant été mis au courant. À Ottawa, au préalable, nous avions rencontré le ministre Mendicino qui semblait très favorable au fait que notre administration ait officiellement offert d’autres terrains, mieux situés et mieux adaptés aux activités d’un centre correctionnel en échange de l’emplacement où est situé l’immeuble Taillon », se désolait Marc Bourcier.
Le Ville de Saint-Jérôme aurait ainsi proposé plusieurs alternatives à l’immeuble Taillon. Toutefois, le fédéral les aurait toutes refusées » parce que selon eux, c’était trop long », indiquait M. Boucier. » Je suis furieux et je demande officiellement au Ministre Mendicino de faire entendre raison à ces fonctionnaires littéralement déconnectés de la réalité de notre communauté « , lâchait-il.
Si rien ne bouge, Saint-Jérôme prendra action
Le Centre correctionnel communautaire aurait cessé ses activités en 2019. Depuis, l’immeuble est demeuré inutilisé. En janvier 2022, la Ville de Saint-Jérôme avait indiqué son intention d’acquérir l’immeuble Taillon, appartenant au fédéral, en échange d’un autre terrain pour y construire le centre. Une offre que le gouvernement fédéral aurait vraisemblablement refusé.
« C’est scandaleux », lançait Marc Bourcier. « Je ne sens absolument aucune volonté de régler de leur bord et je n’aime pas ça. Si la direction du centre correctionnel s’entête à vouloir reconstruire et maintenir ses activités à ce même site, nous exigerons de procéder à une étude d’acceptabilité sociale. Alors, ils pourront constater que leur décision incompréhensible n’est pas adaptée à la réalité jérômienne d’aujourd’hui », scandait-il.
Le gouvernement fédéral « doit s’ajuster »
Xavier-Antoine Lalande indiquait d’ailleurs le soutien de l’ensemble de la MRC face à cette situation. « Il y a plusieurs projets résidentiels aussi qui vont s’ajouter au cours des prochaines années. Donc, nous pensons que le gouvernement fédéral doit s’ajuster et qu’il devrait réviser sa position pour suivre les changements qui se sont passés dans les dernières décennies pour faire de Saint-Jérôme une capitale régionale qui est distinguée pour ses arts et pour son savoir. »
« Il serait totalement inacceptable, incompréhensible et irrespectueux envers notre communauté de ne pas tenir compte de notre vision régionale et de la volonté unanime du milieu », ajoutait-il par voie de communiqué.
De son côté, le député Rhéal Fortin s’est engagé à relancer le dossier auprès du ministre Mendicino afin de faire bouger les choses. « Je trouve ça un peu triste. J’étais content de l’ouverture du ministre Mendicino, je suis déçu de la fermeture qui s’en est suivi. Moi ça me semble aberrant et ça semble aberrant aux yeux des élus municipaux. Ça m’apparait être une mauvaise décision et on souhaite que ça bouge. Je vais revenir au ministre pour essayer de relancer le débat, mais je trouve ça inacceptable. »
« Je m’attends à ce que M. Mendicino mette son chapeau de ministre, règle le problème et nous confirme sa collaboration », ajoutait le député. D’ailleurs, M. Fortin considère que rien ne justifie » le refus obstiné de l’Administration pour ne pas saisir l’une des alternatives offertes par les autorités municipales « .