Saint-Jérôme : Le monument du curé Labelle a 100 ans
Par Simon Cordeau
Dimanche 20 octobre, cela fera 100 ans que le monument du curé Labelle, au parc Labelle de Saint-Jérôme, est inauguré. Pour l’occasion, Histoire et Archives Laurentides (HAL) invite la population à des festivités dès 15 h, dans la salle Antony-Lessard de la Maison de la culture Claude-Henri-Grignon.
On y présentera le spectacle Sur les traces du roi du Nord. Le conteur et auteur Marc Sauvageau racontera l’histoire du curé Labelle par la voix de son bedeau, Isidore Martin. Il sera accompagné par le violoniste Éloi Amesse. On présentera aussi cinq capsules vidéo réalisées par HAL, en collaboration avec la Télévision des Basses-Laurentides, sur l’histoire du monument et du site patrimonial qu’est la place du Curé-Labelle. Les places sont limitées.
Un monument qui n’a presque pas existé
Après la mort du curé Labelle, le 4 janvier 1891, les Jérômiens souhaitent lui rendre hommage et honorer sa mémoire en érigeant un monument. La Ville adopte une résolution en ce sens le 4 mai 1891, pour former un comité citoyen chargé du projet.
Mais Mgr Édouard-Charles Fabre, alors archevêque de Montréal, s’y oppose. Il a eu plusieurs conflits avec le curé Labelle et fait donc échouer le projet. Puis, Mgr Fabre meurt à son tour, en 1896. Ainsi un deuxième comité est formé mais, là encore, le projet n’aboutit pas.
Il faut ensuite attendre août 1908 pour que la Ville de Saint-Jérôme nomme un troisième comité. Elle accorde aussi un budget de 5 000 $ au projet. Cette fois, le comité réussit presque à réaliser le monument. Mais le manque de financement, puis l’arrivée de la Première Guerre mondiale en 1914, empêchent le projet une fois de plus.
La quatrième fois est la bonne
Quinze ans plus tard, le 30 août 1923, un quatrième comité est formé. Cette fois, celui-ci ne chôme pas. Dès sa première réunion, le 10 septembre, on décide de lancer une grande souscription publique dans les journaux. Pour financer le monument, on appelle toute la population à contribuer.
Pour promouvoir cette campagne de financement, on publie régulièrement la liste des donateurs dans le journal L’Avenir du Nord. Ceux-ci proviennent de toutes les couches de la société et les dons varient de 1 $ à 5 000 $. Après un an, en octobre 1924, 17 000 $ ont été récoltés.
Pour faire le monument, on choisit le sculpteur Alfred Laliberté, déjà reconnu à travers le Québec. Il propose deux maquettes, à 12 000 $ et à 15 000 $. Le comité choisit la plus coûteuse, qui inclut deux statues de bronze, soit une du curé Labelle et une d’un colon, avec deux bas-reliefs représentant une paysanne et un colon au travail. Dès décembre 1923, le contrat est accordé.
À l’époque, le Canada ne possède pas de fonderies capables de couler des grosses pièces pour des monuments publics, par exemple. Ainsi Laliberté, qui a étudié à Paris de 1902 à 1907, fait couler les deux statues et l’écusson dans une fonderie d’art de Paris.
Une grande fête
En août 1924, on commence les travaux d’excavation au centre du parc Labelle et on y installe la base de ciment. Ensuite, on y dépose le piédestal. Puis le 5 octobre, les statues arrivent au Canada.
Le 20 octobre, c’est le grand jour. Malgré le froid, une grande foule s’est assemblée pour assister au dévoilement du monument. C’est Isidore Martin, ancien compagnon de voyage du curé Labelle, qui a l’honneur de retirer le voile. « C’est bien lui ! », s’exclame-t-il alors. De son bras droit, le curé Labelle en bronze pointe vers le Nord.
NDLR : Cet article tire ses informations du texte Le curé Labelle, immortalisé dans le bronze depuis cent ans de Suzanne Marcotte, paru dans Espace Mémoire, le bulletin d’HAL.