(Photo : Nordy par Sébastien Fleurant)
La pinède centenaire, située en face du cimetière à Saint-Jérôme.

Saint-Jérôme : La pinède centenaire cédée au privé en échange de terrains

Par France Poirier

La présidente de l’assemblée, la conseillère Carla Pierre-Paul, a vécu toute une première alors que l’assemblée du conseil s’est terminée à 23 h 30 après de nombreuses discussions, concernant un échange de terrains avec un entrepreneur jérômien.

Avant l’adoption, lors de la période de questions, deux citoyens sont venus plaider contre la cession du terrain de la pinède, une forêt centenaire. Johanne Cadotte et Éric Barbeau sont venus au micro pour poser des questions sur cette transaction. « Pourquoi raser des boisées ? La pinède est un joyau », ont-ils défendu.

« Saint-Jérôme adopte une première politique environnementale et un plan d’actions puis, cède quelques minutes plus tard, une forêt d’arbres centenaire à un promoteur ! C’est historique ce qui s’est passé ! », a souligné le chef du parti Mouvement Jérômien, Rémi Barbeau à l’issue de l’assemblée.

« Vous évoquez de la destruction et coupe d’arbres alors qu’il n’en a jamais été question. Puis la transaction n’est pas encore adoptée. Je suis un maire indépendant et quelque soit la décision, qui sera démocratique, je vais m’y plier. Toutes les questions que vous vous posez, les conseillers les ont eues aussi. Ils ont eu droit à des séances d’information où toutes leurs questions ont été répondues. On exige les plus hauts standards d’éthique et on adopte ce soir une politique d’environnement », a répondu le maire Marc Bourcier.

Le chef du Mouvement jérômien a questionné le maire sur les impacts de voir céder un boisé au privé. Si une entreprise privée met la main sur ce boisé, il a sûrement un projet ? Est-ce que la Ville peut empêcher le déboisement ?

« Je ne connais pas la suite des choses. On favorise le développement industriel plutôt que l’étalement urbain. Il faut que les villes avancent. Il y a des choix à faire. Le nouveau propriétaire des terrains de la pinède devra se conformer à la nouvelle politique environnementale [qui a été adoptée lors de l’assemblée] », a mentionné le maire.

Demande d’amendement

Le conseiller Mario Fauteux et président de la commission des espaces verts a proposé un amendement au point 7.16 afin de demander aux services concernés de la Ville qu’une partie de la pinède soit préservée. La demande d’amendement a été rejetée à sept conseillers contre cinq. Ainsi, les conseillers Ronald Raymond, Jacques Bouchard, Marc-Antoine Lachance, André Marion et Mario Fauteux étaient en faveur alors que Serge Joyal, Dominic Boyer, Carla Pierre-Paul, Jean-Junior Desormeaux, Michel Gagnon, Martin Pigeon et Nathalie Lasalle se sont prononcés contre.

La valeur écologique du boisé

Pour les opposants, ce boisé a une valeur écologique et les citoyens sont attachés à la pinède. Pour ceux qui sont en faveur de la cession du terrain, ils défendent le fait que le boisé est dans le quartier industriel, près de l’autoroute 15 et près d’une cimenterie. 

C’est donc par un vote de 8 conseillers en faveur face à 4 conseillers contre que le point 7.16 a été adopté. Ainsi, l’entreprise Les placements Roland Godard Inc et Société Corporation G (S.E.N.C.) a acquis une partie du lot 2 662 540, où se trouve la pinède en face du cimetière.

L’entreprise cède en échange les lots 3 239 334, 3 694 390 et 2 662 531, situés près de l’ancien écocentre de Saint-Jérôme sur Lajeunesse au bout de la rue Godard. La Ville payera 510 000 $ pour le solde de l’acquisition.

« Ce terrain va nous permettre de construire le nouveau garage municipal. Nous sommes conscients des limites du garage actuel. Il est situé dans un endroit accidentogène, tout près de l’école polyvalente. C’est dangereux, la circulation des gros camions. Un garage municipal se doit d’être dans un quartier industriel », a expliqué le maire Bourcier.

Avec cette transaction, la Ville acquiert une bande de terrain avec laquelle on élargira à trois voies la rue de Martigny. Cela va soulager la circulation qui arrive de l’autoroute. Il y a beaucoup de circulation à cet endroit à cause des déplacements vers Bellefeuille.

Il y a des conditions reliées à l’acquisition de la pinède. Pour l’instant, il n’y a aucun projet relié au terrain. Le promoteur devra également se conformer à la nouvelle politique environnementale. S’il ne s’y conforme pas, la Ville rachètera le terrain au prix du marché.

Le Journal a contacté le promoteur. Celui-ci a confirmé qu’il va se plier aux règles d’urbanisme et aux règlements environnementaux. Il affirme également qu’il n’y a aucun projet de déposé pour l’instant. 


Dernière heure

Lundi matin, le 27 novembre, le conseiller Mario Fauteux a annoncé sa démission du parti Avenir Saint-Jérôme. « Je suis membre depuis sa formation en 2021 et les récents événements, dont le dernier conseil municipal, m’incitent à agir ainsi », a fait savoir le conseiller dans un communiqué.

Il ajoute que le dossier de la vente de la pinède centenaire en face du cimetière a été ardu. Le développement économique qui affronte l’environnement plutôt que d’y être associé est décevant en 2023, selon lui. Il explique que les deux élus d’Avenir Saint-Jérôme de la commission de l’environnement et les espaces verts ont présenté une proposition de médiation territoriale pour préserver la portion la plus riche en biodiversité, soit la pinède centenaire. Ils ont été appuyés par trois élus qui ne font pas partie d’Avenir Saint-Jérôme et battus par les sept qui en font partie. Il ajoute à cela l’adoption difficile et dans la contrariété du plan environnemental.

« Il m’est apparu clair que les visions et les valeurs environnementales ne sont pas sur la même longueur d’onde dans ce parti. Par conséquent, je crois qu’il est préférable que je me retire d’Avenir Saint-Jérôme, dès maintenant, et je compte siéger comme indépendant pour la suite de mon mandat, que la population m’a octroyé », a conclu Mario Fauteux. 

À l’issue de l’assemblée houleuse du 21 novembre, Le Nord avait demandé au maire s’il croyait que le visage du conseil était en train de changer. Il avait répondu : « Nous sommes à la deuxième année du mandat et c’est une tendance qu’on observe partout au Québec, des conseillers et des maires démissionnent. Ça fait partie d’une tendance actuellement. »

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