Des locataires de la rue Prévost, à Saint-Jérôme, ont reçu un ultimatum de leur propriétaire : acceptez une augmentation de loyer ou je reprends mon logement. Photo : Simon Cordeau

Saint-Jérôme : Accepter une augmentation de loyer ou se retrouver dehors

Par Simon Cordeau

Mona Robichaud est locataire sur la rue Prévost, à Saint-Jérôme, depuis 22 ans. Mais son propriétaire menace de reprendre son logement si elle n’accepte pas une importante hausse de loyer. Celui-ci passerait de 685 $ à 850 $ par mois : une augmentation de 24 %. « Il nous prend à la gorge. » Les autres locataires du bloc appartement auraient tous reçu la même menace accompagnée d’une augmentation marquée.

« Voilà deux ans, il est arrivé avec une reprise de logement, en disant : « Je me sépare. J’ai besoin de votre logement » », raconte Mme Robichaud. Comme elle ne voulait pas partir, il lui avait plutôt proposé d’augmenter son loyer de 60 $ et de se relocaliser dans un autre de ses logements, à Prévost. « Cette année, il revient encore avec la reprise de logement. Non, non : là, ça ne marche pas. Pas deux fois ! C’est une pogne : j’embarque pas », raconte la locataire. Elle en parle avec ses voisins. « Il a fait ça aux six locataires. »

« Malheureusement, ma situation familiale a changé, donc je dois me relocaliser dans un de mes appartements qui est le vôtre. C’est pourquoi je reprendrai la possession de mon appartement pour le 1er juillet 2024 », écrit le propriétaire dans l’avis qu’il a remis à ses locataires. « Je suis la seule qui n’a pas signé. Tous les autres ont signé par peur », déplore Mme Robichaud

Peur d’être à la rue

Mme Robichaud souffre de fibromyalgie depuis 10 ans. « Je suis très fatiguée, j’ai mal partout et je ne dors pas bien. Je suis sur médication à vie. » Avant, elle était travailleuse autonome. « Je faisais des ongles, j’avais une bonne clientèle. J’enseignais à Saint-Jérôme, Montréal, Québec et Chicoutimi. J’avais une chronique dans une revue spécialisée et j’étais juge [pour une compétition] au Palais des Congrès. Avec mon salaire, je me payais trois voyages dans le sud par année et le char neuf aux quatre ans. Ça roulait mes affaires. »

Du jour au lendemain, elle ne peut plus travailler. « Comme salaire, ce que je faisais par semaine, c’est maintenant ce que j’ai par mois. » Depuis environ trois ans, elle doit faire appel à une banque alimentaire pour se nourrir. « C’est impossible d’arriver avec un loyer de 850 $ par mois. Je me retrouve à la rue. »

Contester

Un locataire peut s’opposer à une augmentation de loyer ou une reprise de logement, explique Denis Miron au Service des communications du Tribunal administratif du logement (TAL), par courriel. « Si le locataire s’oppose à la reprise de logement, le propriétaire peut s’adresser au Tribunal. Il doit alors démontrer qu’il entend réellement reprendre le logement pour la fin mentionnée dans l’avis envoyé au locataire et qu’il ne s’agit pas d’un prétexte pour atteindre d’autres fins. Lorsque le droit à la reprise de logement est exercé de mauvaise foi, le locataire a des recours (dommages-intérêts, dommages-intérêts punitifs). »

La semaine avant notre entrevue, Mme Robichaud est passée devant le TAL pour contester la reprise de logement et l’augmentation de loyer. « Pour moi c’est énorme, juste de faire ces démarches-là. Ça gruge mon énergie. […] Je suis en crise de fibromyalgie. Je n’arrive plus à dormir, parce que le soir, tout me trotte dans la tête. Est-ce qu’il a le droit de me mettre dehors ? S’il me met dehors, je ne sais pas où je m’en vais. Je n’ai pas les moyens de payer 1 000 $ de loyer [dans un nouveau logement]. »

Elle qualifie les actions du propriétaire d’intimidation. « J’aimerais mieux mourir que partir d’ici. Je ne veux pas me ramasser dans la rue : pas avec la fibromyalgie et pas dans mon état. Vous n’avez pas idée à quel point ça me stresse. »

Nous n’avons pas pu rejoindre le propriétaire pour ses commentaires avant d’envoyer sous presse.

1 commentaire

  1. Je répond a votre commentaire. si vous saviez comment il y a de gens comme elle qui on des augmentation de loyer a ne plus finir sans raisons comme nous. mon mari est a la retraite et moi je travail alors le propiétaire se dit on peut augmenté de 50$ par année pas de problème a chaque locataire. il faut que le gouvernement se réveille on a pas des fortune.

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