(Photo : Courtoisie/ André Bernier)
Rhéal Fortin est député bloquiste de Rivière-du-Nord et Marie-Hélène Gaudreau est députée de Laurentides- Labelle et présidente du caucus du Bloc québécois.

Retour en Chambre, deux mois après les élections

Par Simon Cordeau

La nouvelle session parlementaire s’est ouverte à Ottawa le 22 novembre. Les députés fédéraux ont donc pu recommencer leurs travaux à la Chambre des communes, deux mois après la tenue des élections, le 20 septembre. Discussion avec les députés bloquistes Rhéal Fortin et Marie-Hélène Gaudreau.

« La phrase qui revient, c’est : tout ça pour ça », lance d’entrée jeu Mme Gaudreau, députée de Laurentides-Labelle. La reprise des travaux parlementaires, cinq mois après leur suspension en juin, est ardue, admet-elle.

« C’est très difficile pour moi d’expliquer aux gens que, en fait, on revient avec le même président de la Chambre, pratiquement les mêmes députés […], et pratiquement le même discours du Trône avec le même vide de précisions. C’est du jamais vu! »

M. Fortin, député de Rivière-du-Nord, affiche aussi un enthousiasme mitigé face à la reprise des travaux.

« On est tous contents d’être revenus en Chambre, avec un petit bémol. On n’est pas revenus à la normal. Tous les députés sont masqués, et faire cinq, six ou huit heures en ligne avec un masque, c’est un peu moins excitant. Mais on gagne en efficacité, de pouvoir interpeller directement les représentants du gouvernement en Chambre. »

Mort au feuilleton

Lorsque des élections sont déclenchées, tous les projets de loi meurent au feuille-ton : peu importe où en était le projet de loi dans le long processus pour être adopté comme loi, il faut recommencer du début.

Par exemple, le projet de loi Émilie Sansfaçon devait permettre aux gens atteints d’une maladie grave (comme un cancer) de recevoir jusqu’à 50 semaines de prestations d’assurance-emploi. « On arrivait à la dernière étape [juste avant les élections]. Ç’aurait pu voir le jour dès janvier », explique Mme Gaudreau. Maintenant il faut recommencer, et la députée ne sait pas encore quand le projet de loi pourra être de nouveau déposer à la Chambre pour étude. « On doit se retrousser les manches », ajoute Mme Gaudreau.

« La démocratie, j’y crois, c’est notre trésor le plus précieux. Mais elle a des exigences. Il faut s’asseoir et renégocier », défend à son tour M. Fortin.

Priorités

« Nos priorités au Bloc québécois sont les mêmes », souligne M. Fortin. D’abord, la question des soins de santé et des transferts est urgente, soutient-il. « Dans les années 1950, 50 % des coûts de la santé étaient payés par le gouvernement fédéral. Aujourd’hui, c’est seulement 22 %. Les coûts augmentent et les provinces n’y arrivent plus. » M. Fortin et Mme Gaudreau réclament un sommet sur la santé avec les provinces afin de s’entendre sur une solution.

Un projet de loi pour interdire les thérapies de conversion devrait être déposé prochainement et être adopté rapidement.

M. Fortin a l’intention de déposer un projet de loi qui aidera la lutte pour le contrôle des armes à feu. Si la loi est adoptée, celle-ci créerait une liste d’entités criminelles. Cela permettrait de raccourcir les procédures, de faciliter le travail des policiers et d’imposer des peines plus sévères aux membres d’organisations criminelles lorsqu’ils sont pris en possession d’une arme à feu illégale, explique-t-il.

« L’important pour nous, c’est d’agir. On veut proposer quelque chose de concret. Si les autres ne sont pas d’accord, ils pourront proposer des amendements. Mais il faut adopter des dispositions sévères pour décourager la criminalité, et dans des délais raisonnables », plaide M. Fortin.

Les changements climatiques figurent également parmi les priorités. « Il n’y a rien de nouveau, mais la situation est de plus en plus critique. […] Il faut sortir du pétrole, et à court terme. », déplore M. Fortin.

Les aînés préoccupent aussi les deux députés. « Les pensions de vieillesse doivent être augmentées de manière récurrente », plaide M. Fortin.

Quant à elle, Mme Gaudreau souhaite corriger une aberration pour les aînés qui ont perçu la PCU ou la PCRE. Selon que la prestation a été perçue à travers l’Agence du revenu ou Service Canada, celle-ci est comptabilisée ou non comme un revenu, ce qui prive certains aînés de leur supplément de revenu garanti. « C’est à géométrie variable. Les deux ministères ne se parlent pas, parce qu’ils sont trop gros. Et pourtant, les ministres se connaissent, ils sont assis l’un à côté de l’autre à la Chambre », déplore Mme Gaudreau.

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