Réouverture des restaurants
Par Journal-le-nord
Un casse-tête qui ne sera pas viable à long terme
Les restaurants peuvent dorénavant ouvrir et ce, depuis lundi. En entrevue le 11 juin dernier, François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales à l’Association des restaurateurs du Québec, s’est prononcé sur cette reprise imminente et sur les défis qu’elle exige.
L’Association a tout d’abord accueilli la nouvelle avec beaucoup de réjouissance. « Ça faisait un mois que tout le monde attendait la date. C’était une priorité d’avoir un calendrier planifié dans le temps; on aurait aimé l’avoir un peu avant, mais ça c’est l’histoire de bien du monde présentement en ce qui concerne le déconfinement », explique Monsieur Meunier. Il reconnaît qu’il s’agit d’un grand défi pour les restaurateurs. « Les mesures sanitaires, ce n’est pas quelque chose qui sera facile de mettre en œuvre. […] Ça coûtera cher, ça demandera une organisation du travail et un encadrement du personnel et de la clientèle. »
Des mesures difficiles d’application
Le vice-président des affaires publiques souligne que deux volets du plan sanitaire posent problème en terme de préparation et d’application. Tout d’abord, il y a l’équipement de protection individuelle. « Notamment pour le service, avoir la double protection, c’est-à-dire le masque de procédure et les lunettes, c’est quelque chose de vraiment problématique pour nous. » Ensuite, il y a bien entendu la règle de la distanciation physique. « Mais on n’y peut pas grand chose », indique-t-il. « Tant et aussi longtemps que la Santé publique aura son modèle avec le deux mètres, il n’y aura pas de différence pour les restaurants. »
Présentement, François Meunier explique qu’un modèle simple et acceptable est celui qui accueille en restaurant des personnes provenant de la même maisonnée, par exemple deux enfants et leurs parents. « Mais dès qu’on arrive avec des maisonnées qui sont différentes, c’est tout un défi et tout un casse-tête. »
Une discipline éventuellement en chute?
Par ailleurs, il est demandé aux restaurants de se fier à la bonne foi des gens par rapport au respect des consignes. Mais selon François Meunier, certains risquent de ne pas les suivre. « Honnêtement, le niveau de discipline, plus ça va aller et plus nous allons nous retrouver avec du grand n’importe quoi. Les gens comprennent bien ce qu’ils veulent comprendre. Déjà, il y a des personnes qui appellent et qui disent qu’ils veulent réserver pour la semaine prochaine et qu’ils sont douze. ».
« On se maintient la tête hors de l’eau et c’est tout »
François Meunier et l’Association reçoivent aussi beaucoup d’échos de terrain, ayant notamment réalisé un webinaire incluant 730 personnes le 10 juin dernier. Les réalités ne sont pas les mêmes pour tous. « Dans certaines catégories d’établissement, rouvrir n’est pas une option parce que ça coûtera trop cher, mais pour d’autres c’est faisable. » Le vice-président fait un parallèle avec la région de Tremblant. « Combien d’Ontariens vont venir à Tremblant cet été, combien d’Américains? Ça reste à démontrer. Ce ne sont pas les Québécois qui feront vivre les restaurants de Tremblant. Il y a encore énormément d’inquiétudes. »
Actuellement, l’ouverture des restaurants selon le plan sanitaire ne permet pas de viabilité à long terme, affirme Monsieur Meunier. « On se maintient la tête hors de l’eau et c’est tout. » Il espère donc que ça va éventuellement évoluer. « Si on en a comme ça pendant encore six mois, c’est certain que cela va contribuer à la fragilisation de beaucoup d’entreprises de la restauration. »
Toutefois, il souhaite demeurer optimiste. « Je dis depuis déjà longtemps, ce n’est pas la fin de quelque chose, c’est le début du travail qui commence. »
La restauration dans les Laurentides en chiffres
• 1580 permis de restaurant du MAPAQ (toutes catégories confondues)
• 914 restaurants avec service
• 484 restaurantes sans service