Recruter des candidats- entre défi et opportunité
Par Simon Cordeau
Aux élections municipales de 2017, la plupart des candidats ont été élus sans opposition. Trouver des citoyens prêts à se lancer en politique est donc un défi pour la campagne électorale de 2021. Mais plusieurs y voient aussi l’opportunité de changer les choses.
D’abord, pourquoi voudrait-on s’impliquer dans la politique de notre municipalité? « C’est tellement stimulant, il y a tellement de défis à accomplir! On s’implique dans le quotidien des gens. C’est le palier de gouvernement le plus proche du citoyen. On s’investit dans la vie, la culture, le sport, les loisirs, le développement économique… », répond, enthousiaste, Daniel Côté, président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ).
Marie-Ève Bélanger-Southey, membre de l’équipe centrale de la Vague écologiste au municipal, abonde dans le même sens.
« C’est un gouvernement de proximité! C’est vraiment un lieu où on peut prendre des décisions qui ont un impact concret, tangible, visible, sur nos quartiers et nos milieux de vie. »
Défis
Alors, pourquoi si peu de citoyens se présentent-ils aux élections? Plusieurs facteurs freinent les candidatures.
Être conseiller municipal peut exiger de 8 à 10 heures par semaine, voire plus selon les municipalités et les comités auxquels vous participez. Mais la rémunération est assez faible, autour de 10 000 $ par année dans les petites municipalités de la région. Il peut donc être difficile de concilier un emploi à temps plein avec ces responsabilités, en particulier pour les jeunes familles.
Le climat toxique, sur les réseaux sociaux et sur certains conseils municipaux, peut aussi rebuter certains candidats. Le désintérêt du public pour les affaires municipales est aussi un facteur, déplore M. Côté. « Les aqueducs, les égouts, l’éclairage public, même les parcs et les aires de jeux pour les enfants… Les gens voient tout ça, mais le prennent souvent pour acquis. Il ne faut pas oublier toutes les décisions qui sont prises en amont de ça. »
Enfin, plusieurs citoyens seraient tentés, mais ne se sentent pas suffisamment outillés. « Ils se disent : « Je ne connais pas ça. Je ne suis pas un expert. » Ils ont un sentiment d’imposteur, mais à tort. Pour être représentant, il faut d’abord être à l’écoute et avoir le coeur à la bonne place », explique Mme Bélanger-Southey. Elle rappelle que les municipalités ont une administration, composée de cols bleus et blancs, pour la gestion des affaires quotidiennes.
Opportunités
C’est pourquoi il y a plusieurs initiatives pour démystifier la politique municipale, encourager les citoyens à se lancer et les soutenir dans leurs nouvelles responsabilités. Par exemple, la campagne « La démocratie dans le respect, par respect pour la démocratie » de l’UMQ vise à assainir et à valoriser la démocratie municipale, grâce à une déclaration d’engagement des municipalités.
La Vague écologiste au municipal, dont fait partie Mme Bélanger-Southey, y voit une opportunité de faire élire des candidats plus environnementaux et progressistes sur les conseils municipaux. Pour ce faire, la Vague veut mettre sur pied des équipes locales de soutien, formées de bénévoles. Ces équipes travailleront sur le terrain, pour outiller et soutenir moralement les candidats potentiels, et offrir de leur temps pour faciliter la conciliation travail-famille. « Nous, on veut aider les gens pour qu’ils se sentent en confiance », explique Mme Bélanger-Southey.
C’est aussi l’occasion de former des conseils municipaux plus représentatifs de leur communauté. En ce moment, 34,5 % des conseillers municipaux et seulement 18,9 % des maires sont des femmes. Parmi les élus, 26 % ont moins de 45 ans, et 8,3 % ont moins de 35 ans. « Il faut que nos instances soient le reflet de la société, pour prendre les meilleures décisions possibles », insiste M. Côté.