(Photo : France Poirier )
Martin Damphousse, maire de Varennes et président de l’UMQ, Marc Bourcier, maire de Saint-Jérôme et Rhéal Éloi Fortin, député fédéral de Rivière-du-Nord, sur le site du centre correctionnel communautaire.

Reconstruction du centre correctionnel : Saint-Jérôme poursuit le gouvernement

Par France Poirier

Vendredi dernier, la Ville de Saint-Jérôme a annoncé qu’elle avait entamé des procédures judiciaires pour empêcher la reconstruction du centre correctionnel communautaire (CCC) Laferrière à l’entrée du centre-ville, au coin des rues Saint-Georges et Labelle.

Rappelons que le gouvernement veut reconstruire l’ancien centre carcéral communautaire sur le même site, alors que la Ville a proposé un autre terrain. Le centre a été démoli en janvier dernier après cinq ans d’inactivité. De plus, en avril dernier, la Ville a changé le zonage pour que le terrain soit maintenant zoné parc.

Cependant, le gouvernement fédéral n’est pas tenu de se soustraire aux règlements municipaux et peut reconstruire quand même sur le terrain, même si le zonage a été modifié.

« Si une Ville désigne un endroit comme un parc, c’est gênant de décider d’y construire une centre correctionnel », souligne le maire de Saint-Jérôme, Marc Bourcier.

Poursuites

Ainsi, le 9 septembre dernier, la Ville a déposé à la Cour fédérale une demande de contrôle judiciaire. Cette demande vise à faire annuler la décision de la commissaire Anne Kelly. Cette dernière refuse la tenue de consultations dans ce dossier, alors que celles-ci sont prévues dans le processus d’aménagement ou de réaménagement d’un CCC.

Par cette action, la Ville de Saint-Jérôme souhaite contraindre Service correctionnel Canada à consulter la population quant à la relocalisation de son CCC et à coopérer avec les instances municipales qui sont les premières responsables de l’aménagement de leur territoire.

« Depuis bientôt trois ans, nous multiplions des démarches politiques et administratives afin de faire comprendre que la construction d’un centre correctionnel communautaire sur le site actuel n’a aucun sens. Après maintenant cinq années d’un arrêt complet des activités et la démolition du bâtiment en janvier dernier, Service correctionnel Canada (SCC) doit tenir des consultations conformément à ses propres lignes directrices avant d’arrêter sa décision quant à l’endroit où elle va ériger sa nouvelle infrastructure », a souligné le maire Bourcier. Ce dernier était accompagné du député Rhéal Fortin et du président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), Martin Damphousse, maire de Varennes, lors de la conférence de presse.

« Irrespectueux »

Ceux-ci se sont dit choqués d’apprendre par la commissaire Kelly que SCC entend se soustraire à ses obligations. « C’est irrespectueux envers les élus municipaux et nationaux, et choquant envers notre population. Notre conseil est unanime pour dénoncer ces agissements dignes d’une autre époque », a déclaré M. Bourcier.

« C’est la première fois que je vois tous les acteurs qui vont dans le même sens. Ça n’arrive jamais. Ce n’est pas que la Ville refuse le projet, mais plutôt qu’elle offre un meilleur site. Il y a une forme d’entêtement qui ne s’explique pas. Je ne sais pas d’où et de qui ça vient », souligne le président de l’UMQ.

« Les ministres semblent d’accord, mais ce sont les fonctionnaires qui bloquent. Nous les avons rencontrés, et on leur a dit de s’asseoir et de discuter avec la Ville, mais ils ne veulent pas changer de terrain. Ils disent que c’est trop compliqué. Ça fait cinq ans que c’est fermé, il ne doit pas y avoir urgence », soutient le député Rhéal Fortin.

Des appuis de toute part

Outre les maires de la MRC, la Chambre de commerce et d’industrie de Rivière-du-Nord, les députés et même le lieutenant québécois du Parti conservateur, Pierre Paul-Hus appuient la Ville. L’Union des municipalités du Québec (UMQ) a également offert son appui à la Ville de Saint-Jérôme dans le cadre de sa bataille pour récupérer le site de la Maison Taillon.

« Pour l’UMQ, il n’y a pas de meilleurs interlocuteurs que les élues et élus locaux pour comprendre les besoins en aménagement du territoire. La cause de Saint-Jérôme est un exemple d’une incompréhension des enjeux locaux et du non-respect de l’autonomie municipale. C’est inacceptable d’autant plus que Saint-Jérôme présente une vision organisée et structurante de son centre-ville tout en offrant une alternative avantageuse au gouvernement du Canada. L’issue de cette poursuite est fort significative pour le monde municipal. Nous continuerons donc d’appuyer Saint-Jérôme et félicitons le maire Bourcier pour sa détermination à défendre les intérêts de sa communauté », a ajouté Martin Damphousse.

Le député fédéral de Rivière-du-Nord, Rhéal Éloi Fortin a aussi tenté de faire entendre raison au gouvernement fédéral. « J’accompagne depuis le tout début le maire de Saint-Jérôme dans sa croisade auprès des ministres fédéraux. À chaque occasion, nous avions l’impression que nos interlocuteurs assument le leadership nécessaire pour en arriver à un dénouement respectueux et avantageux pour tous. Je trouve donc regrettable que la Ville de Saint-Jérôme soit obligée d’emprunter la voie des tribunaux pour faire entendre raison. J’espère maintenant que le gouvernement prendra acte de cette situation qui pourrait causer un préjudice irréparable envers les Jérômiens. Je tiens à réitérer au maire et aux citoyens mon appui indéfectible », a mentionné le député Fortin.

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