Quel avenir pour l'autonomie économique des régions?
Par Lpbw
SAINT-JÉRÔME. Considérant que le gouvernement s’attaque directement au principe même de l’autonomie locale, l’Association des CLD du Québec (ACLDQ) dénonce avec force l’intention du gouvernement du Québec de couper 40 millions $ dans le développement économique du Québec, en plus de retirer le droit aux villes et aux MRC de confier le développement économique à leurs centres locaux de développement (CLD).
Stéphane Maher, le maire de Saint-Jérôme et président du CLD Rivière du Nord, ne voit pas d’un mauvais œil le fait que le CLD relève la MRC Rivière-du-Nord.
De son côté, Bruno Laroche, le préfet de la MRC et maire de Saint-Hippolyte, même s’il n’est pas contre une restructuration qui serait bénéfique pour la communauté, déplore la façon dont le gouvernement procède.
Quant à Michel Gauthier, directeur général du CLD Rivière du Nord, le plus important est de s’assurer que l’on puisse continuer à donner le service aux entreprises.
L’avenir des CLD?
« Je suis d’accord sur le principe que les villes deviennent de plus en plus autonomes pour leur développement économique, nous dit Stéphane Maher. Je n’aurai aucun problème que le CLD se rapporte directement à la ville et je ne suis pas contre l’idée qu’il relève de la MRC, je suis confortable avec ça », commente le président du CLD. La raison? «Ça devient purement financier, la gouvernance du CLD entraine des frais de 30 à 40 % ».
Il fait remarquer que la quote-part de Saint-Jérôme est de 70%, la MRC verse 425 000 $ présentement au CLD, « donc ça coûte actuellement autour de 300 000 $ à Saint-Jérôme pour avoir le CLD. Est-ce que j’ai plus de retours sur investissements en passant par le CLD que si j’avais un commissaire industriel à plein temps? La question se pose, tout l’exercice est là présentement. C’est le mode de gestion qui doit être repensée ».
Michel Gauthier confirme avoir en main le pacte fiscal transitoire prévu pour l’année 2015. Selon Michel Gauthier il va s’agir de savoir comment «on s’organise pour l’avenir quand on aura une confirmation des montants et des différents mandats qui devront y être respectés dans le nouveau pacte fiscal ».
Il précise que, comme c’est souhaité dans le pacte, l’entité CLD n’existerait plus et serait remplacé par un service de la MRC. « On peut penser à un service économique de la Rivière du Nord qui serait rattaché directement avec la MRC et non plus une entité à part ».
Huit employés travaillent actuellement au CLD. « On va faire le maximum pour que tout le monde garde son emploi. Et le plus important dans tout ça est de continuer à donner le service aux entreprises, s’assurer que les entrepreneurs de la MRC reçoivent le même type de services de continuer à les soutenir. C’est plus de 400 projets d’entreprises par année avec lesquels on travaille.»
M. Gauthier ajoute que «tout le monde n’est pas fier de la façon dont ça se fait. Les CLD avaient été mis en place parce qu’ils répondaient à un besoin dans différents secteurs. Si c’est fait comme ils l’entendent, c’est un retour en arrière d’au moins 15 ans dans le service qu’on apporte. Développer un service de ce type-là prend du temps.»
Pour Bruno Laroche, les CLD sont des de lieux de concertation et d’action régionale extraordinaire. « Ce qui me dérange un peu c’est que ça se passe à Québec, un avec le ministre Moreau et non pas Daoust, le ministre de l’Économie, deux, la FQM, l’UMQ et les deux maires Denis Coderre et Régis Labeaume, qu’on consulte de prime abord avant de nous consulter nous. On se sent d’une certaine façon un peu exclu. On ne fait pas partie prenante des décisions».
M. Laroche rappelle que nous avons ici un des CLD les plus performants « et c’est comme si on battait cela de revers de la main. Il se peut que le changement amène des économies viables pour la région, mais il faut se rappeler l’esprit, la raison pour laquelle on a mis en place les CLD. Et si on a des responsabilités supplémentaires à la MRC, il va falloir que le budget suive aussi. »
Le préfet confie ne pas être contre le fait de revoir les structures, mais il déplore la façon de procéder du gouvernement.
Le député de Rousseau, Nicolas Marceau, joint sa voix à celle des nombreux élus et intervenants locaux qui demandent au gouvernement libéral de maintenir les centres locaux de développement (CLD), outils de développement essentiels à l’économie des régions du Québec. Par ailleurs, les députés caquistes de la région des Laurentides dénoncent les coupes que s’apprête à faire le gouvernement Couillard dans les centres locaux de développement (CLD).
Dans un article de La Tribune, le député de Saint-Jérôme, Pierre Karl Péladeau, exprimait au sujet des CLD que « ces entités consistent en des acteurs importants du développement économique des régions et il n’y a aucun sens à en souhaiter l’abolition.»