(Photo : Courtoisie)
La tour de la papeterie Rolland, érigée en 1882, surplombe toujours la rivière du Nord, à Saint-Jérôme.

Que reste-t-il de la Rolland ? – Partie 4

Par Simon Cordeau

Le nom des Rolland est aussi indissociable de l’histoire des Laurentides, ou presque, que celui du curé Labelle. Mais que reste-t-il de leurs deux papeteries aujourd’hui? Celle de Saint-Jérôme continue d’opérer, 138 ans après sa construction. Écrit avec l’aide de Marcela Lopes, directrice marketing, et un texte de Mario Fauteux, retraité de la Rolland.

En 1992, à la suite d’une crise économique, Lucien Rolland et ses frères Lantier et Roger vendent l’entreprise familiale, et la papeterie de Saint-Jérôme, à Cascades. Celle de Mont-Rolland avait déjà fermé, en 1990. Sous la gouverne de Cascades, la fabrication de papier recyclé permet à la Rolland de se tailler une place compétitive dans une économie transformée par l’informatisation.

En 2014, la Rolland est cédée au groupe HIG, un fonds d’investissement privé américain, basé à Miami. La papeterie appartient toujours à sa filiale, Sustana.

La papeterie compte 350 employés et produit 150 000 tonnes de papier par année. Photo : Courtoisie

Aujourd’hui

Malgré ces changements de propriétaires, la marque Rolland est toujours présente et demeure tout aussi prestigieuse. À la papeterie érigée sur le bord de la rivière du Nord se sont ajoutées une usine de fabrication de pâtes, à Lévis, et une usine de transformation, à côté de la papeterie de Saint-Jérôme.

La compagnie compte maintenant 350 employés et produit 150 000 tonnes de papier par année. Le papier fin 100 % coton qui faisait la renommée des Rolland y est toujours produit, 138 ans après la première feuille. Il sert encore comme papier sécuritaire, par exemple pour les chèques et les bulletins de vote. La Rolland est même le manufacturier exclusif du papier pour les passeports canadiens! Les procédés en sont d’ailleurs gardés secrets, et l’accès au lieu de production est rigoureusement contrôlé.

Mais aujourd’hui, c’est le papier recyclé qui représente la majeure partie de la production, alimentée par la « forêt urbaine » de nos bacs de recyclage.

Environnement

Le développement durable et l’environnement sont au cœur de la papeterie, affirme Mme Lopes. « C’est dans l’ADN de la Rolland. »

Autrefois, c’était la force motrice de la rivière du Nord qui animait toute la machinerie. Depuis 2004, c’est du biogaz. Le méthane produit par le site d’enfouissement de Sainte-Sophie est acheminé par un pipeline de 13 km jusqu’à la papeterie. Le biogaz répond à 93 % des besoins en énergie de l’usine, et permet de réduire l’émission de GES (gaz à effet de serre) de 70 000 tonnes par année, ou l’équivalent de 23 400 voitures compactes.

C’est la seule compagnie en Amérique du Nord à utiliser ce procédé. Donc si à la fin de votre roman, vous lisez que le papier a été « fabriqué dans une usine fonctionnant au biogaz », il vient de la Rolland de Saint-Jérôme.

L’eau utilisée dans le processus est aussi recyclée, jusqu’à 30 fois. La papeterie utilise ainsi 6 fois moins d’eau que la moyenne de l’industrie. De plus, comme l’eau doit être chauffée, sa réutilisation permet d’économiser de l’énergie. L’eau est ensuite filtrée (et analysée) avant d’être renvoyée dans la rivière du Nord. Autrefois, elle était simplement déversée dans la rivière après usage, sans plus de cérémonie.

Patrimoine

On peut toujours voir, sur le bord de la rivière du Nord, la tour en briques rouges de la Cie Papier Rolland, 1882. Un agrandissement en 2002 est venu ajouter un entrepôt pour les pâtes, à l’arrière, et des rénovations ont été faites à l’intérieur, pour les bureaux. Sinon, les bâtiments originaux sont conservés et entretenus. Seuls les bâtiments des chiffons et des contremaîtres ainsi que l’écurie sont disparus à l’histoire, dans les années 1920 et 1950 respectivement.

C’est la fin de cette série d’articles sur les Rolland et leurs papeteries. Mais espérons que l’histoire de la Rolland et de son patrimoine, elle, durera encore longtemps.

Les bâtiments ont gardé leur charme d’antan. Photo : Courtoisie

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