Daniel Malenfant, Steven Morin. et Alain Jasmin. PHOTO: France Poirier

Projet de Loi 17 : Les chauffeurs de taxi sont à bout

Par France Poirier

La région de Saint-Jérôme n’est pas épargnée par la situation qui prévaut dans l’industrie du taxi, alors que le ministre des Transports François Bonnardel veut aller de l’avant avec son projet de loi 17.

Ce projet de loi vise la dérèglementation de l’industrie du taxi et la régularisation d’Uber. Ainsi, les permis payés autour de 200 000 $ n’auront plus de valeur. Même si le gouvernement veut investir 250 M$ pour dédommager les chauffeurs, les propriétaires de permis affirment qu’ils vont tout droit vers la faillite.

À Saint-Jérôme, ce sont une centaine d’emplois qui sont reliés à l’industrie du taxi et près de 200 personnes sont touchées directement par les répercussions. Daniel Malenfant propriétaire du Garage GMS détient 17 permis de Taxi Saint-Jérôme. Il évalue ses coûts à 4 M$. « Il me reste 2,5 M$ à rembourser, si les permis sont abolis, je continue de payer pour une valeur que je n’ai plus. C’est comme si on vous exproprie de votre maison en vous payant quelques milliers de dollars. Vous continuez de payer une hypothèque sans avoir la maison », souligne M. Malenfant.

Le gouvernement promet une subvention de 250 M$ qui s’ajoute à celle de 250 M$ remis à l’industrie du taxi en octobre dernier. « Sur les 250 M$, j’ai reçu l’équivalent de 1000 $ imposable par permis, c’est ridicule », ajoute M. Malenfant qui avoue dormir peu depuis les derniers jours.

Pour sa part le président de Taxi Saint-Jérôme, Steven Morin, soutient que les québécois avaient demandé une modernisation des taxis et non de mettre la hache dedans. « Nous avons acquis toutes les technologies nécessaires pour être à la fine pointe. Nous avons sept véhicules adaptés et les chauffeurs sont formés pour le transport médical. On ne veut pas de subventions, notre industrie est saine », affirme-t-il.

« Pourquoi détruire une industrie qui fonctionne, le gouvernement va perdre le contrôle et ça va engendrer du marché noir. Si le gouvernement veut laisser toute la place à Uber, qu’Uber paie les permis comme ça s’est fait en Inde. Ce n’est pas aux contribuables de dédommager pour une décision du gouvernement. Les 250 M$ viennent de la poche des contribuables. Les propriétaires sont comme des expropriés. On leur enlève leur permis, que l’on dédommage à moindre coût et ceux-ci conservent leurs dettes en ayant perdu toute leur valeur, ça n’a pas de sens », ajoute Alain Jasmin, gestionnaire.

Rencontre avec le député

Les gens de l’industrie du taxi à Saint-Jérôme ont rencontré le député Youri Chassin pour lui parler de leur appréhension. Ils se sont dits déçus. « On n’a pas senti son appui », ont-ils souligné.

Pour sa part M. Chassin que nous avons rejoint a expliqué que son gouvernement est à la recherche de solutions pour indemniser les propriétaires de permis. « Nous sommes ouverts aux commentaires, la porte n’est pas fermée aux suggestions. Le choix du gouvernement est d’alléger les règles et de penser à l’usager en lui donnant différents choix. Par ailleurs, je comprends leurs craintes », a expliqué le député de Saint-Jérôme.

En chiffres

  • À Saint-Jérôme, on compte 48 permis.
  • Dans les Laurentides, 150 permis
  • Un permis coûte environ 200 000 $
  • Au Québec, on totalise 8 000 permis

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