Programmes spécialisés: Les parents devront assumer le transport
Par Luc Robert
L’accès à cinq profils régionalisés d’études sera ramené localement, en raison des hausses de frais de transport, a décidé le Centre de services scolaire de la Rivière-du-Nord (CSSRDN) lors de l’assemblée de son conseil d’administration du 15 mars dernier.
Les futurs finissants du primaire pourront toujours accéder aux tests d’admissions des profils en 2023 pour l’entrée en première secondaire, mais s’ils sont admis après leur choix d’école, leurs parents des zones éloignées devront en assumer le transport.
Les élèves déjà inscrits bénéficieront d’un « droit acquis » et pourront compléter leur cinquième secondaire en étant transportés. La cohorte d’élèves acceptée à l’automne 2021, en vue de l’admission scolaire en septembre 2022, sera aussi véhiculée selon les anciennes normes.
« Le CSSRDN prévoit une période de transition pour les élèves déjà inscrits à un programme régional, incluant les élèves de la 6e année, qui ont été acceptés pour l’année prochaine (2022-2023). Ceux-ci pourront continuer de fréquenter leur programme jusqu’à la fin de leur parcours éducatif au secondaire ou jusqu’en juin 2028 (au plus tard). Le transport scolaire continuera également de leur être offert. Aucun impact n’est donc à prévoir pour votre enfant (déjà enrôlé) », a dévoilé dans une lettre aux parents le directeur général du CSSRDN, René Brisson.
Programmes touchés
Les profils régionalisés touchés sont l’informatique (école des Haut-Sommets), la musique (école Émilien-Frenette), le cheerleading et le football (école Saint- Stanislas), ainsi que le hockey (école Cap- Jeunesse). Le profil régional en éducation intermédiaire (PÉI, bac international) demeure intact, à la Polyvalente Saint- Jérôme. La mesure n’impacte pas non plus les programmes sports-études.
« On nous vantait que les jeunes évitent le décrochage en étant motivés par les profils spécialisés. Mais là, les chiffres changent et ça ne serait plus vrai ? On m’assure que nos excellents professeurs ne perdront pas de postes. Mais ça peut être une perte de motivation pour nos jeunes », a témoigné M. Christian Aubin, président du Syndicat des enseignants de la Rivière-du-Nord, dont un enfant est passé par le profil hockey.
Cette mesure de revenir au local provientelle du ministère de l’Éducation (MEQ) ou uniquement du CSSRDN ? « Les programmes régionaux qui sont offerts par les centres de services scolaires et les projets particuliers (ou profils) ne relèvent pas du MEQ. Ce sont des initiatives territoriales et locales », a démystifié Mme Nadyne Brochu, conseillère en communication au CSSRDN.
« De plus, rien n’empêcherait une école d’intégrer à son offre de services un profil auparavant régional dans une autre école. Par exemple, même si l’école secondaire des Hauts-Sommets offre le programme informatique, une autre école pourrait également l’offrir à sa clientèle. La décision appartiendrait alors à l’école et à son conseil d’établissement », précise Mme Brochu.
Pistes de solutions
Des parents y sont allés de solutions novatrices à considérer.
« Si le problème consiste seulement en frais d’autobus, c’est moins cher payer que créer des centaines de décrocheurs potentiels. Pourquoi ne pas s’inspirer des mandataires du programme sport-études de baseball, qui utilisent un gymnase à Blainville ? Selon les groupes d’âge, les parents vont reconduire les jeunes à 7h15 le matin, puis les autobus ramènent les joueurs-étudiants à la Polyvalente en après-midi. 50 % des coûts sont ainsi sauvés. Le CSSRDN doit faire preuve de créativité », a souligné un père, dont l’aîné a obtenu son DES en suivant un profil régional et dont le 2e rejeton s’apprête à emprunter la même voie en 2023.
À la CSSRDN, tant le directeur général René Brisson que son adjoint Michaël Charette n’étaient pas disponibles pour une entrevue.
Projets particuliers
Au CSSRDN, les dirigeants préfèrent utiliser l’expression « transformation des programmes régionaux ».
« Actuellement, ces (5) programmes régionaux sont accessibles à l’ensemble de la clientèle de notre territoire, qui bénéficie du transport scolaire, et ce, quel que soit le lieu de résidence de l’élève inscrit. Ces programmes deviendront des « projets particuliers », mis en place localement par l’école secondaire sous forme de « profils ». Ils seront dorénavant offerts à la clientèle de bassin de l’école (de quartier) et aux élèves ayant fait un choix d’école pour y poursuivre leur cheminement scolaire », a poursuivi le DG dans sa missive.
Équilibre budgétaire
D’autre part, le dirigeant a invoqué une surpopulation pour procéder à la transformation quinquennale.
« La CSSRDN connaît une importante croissance (…). Nos écoles doivent accueillir de plus en plus d’élèves. Cette transformation permettra au CSSRDN de réduire les coûts de transport qui, dans une perspective de maintien des programmes régionaux, met à risque son équilibre budgétaire et, par le fait même, sa capacité à offrir les services de transport auxquels tous les élèves ont droit. (…) Aucun impact majeur sur la continuité des activités liées à ces projets particuliers n’est envisagé », a prédit M. Brisson.
Un intervenant a balayé cette prétention du revers de la main. « Ça va à l’encontre même du projet de refonte du hockey instauré par le premier ministre Legault. Le comité s’oriente entre autres vers le développement du hockey scolaire de masse. Le refus de transporter les jeunes provenant de Lachute, Saint-Hippolyte, Prévost ou Mirabel, aura des conséquences. On ne pourra plus développer des jeunes pour les équipes compétitives. On reviendra au hockey récréatif », a-t-il évalué.
La prochaine réunion du CA du CSSRDN aura lieu le mardi 26 avril.