Marie Thibaudeau et Michel Lamarche sont en désaccord avec le retrait du processus d'approbation référendaire dans le cadre de la politique de participation citoyenne. (Photo : Aurélie Moulun)

Politique de participation citoyenne : Prévost « retire des droits démocratiques »

Par Aurélie Moulun

Depuis quelques mois, la Ville de Prévost travaille sur une politique de participation citoyenne que plusieurs résidents considèrent aujourd’hui comme contradictoire.

Alors que la Ville souhaite « améliorer les démarches de participation, éclairer la décision publique et être à l’écoute de sa population », plus d’une quinzaine de citoyens y voient surtout le retrait du processus d’approbation référendaire.

Le retrait du processus d’approbation référendaire

Le projet de règlement stipule qu’« aucun acte adopté par le conseil en vertu de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme n’est susceptible d’approbation référendaire sur l’ensemble du territoire de la Ville de Prévost ».

C’est d’ailleurs cet aspect de la politique de participation citoyenne qui a poussé 16 résidents à envoyer une lettre de commentaires et de demandes à la Ville. Le Journal a d’ailleurs rencontré deux des signataires.

Pour Michel Lamarche, résident de Prévost et signataire de la lettre, le retrait du processus d’approbation référendaire constitue un non-sens. « Ce qui est un peu surprenant, c’est que dans les quatre premières pages du règlement, on insiste beaucoup sur l’aspect démocratique. On voit une volonté de la Ville de faire de la consultation publique un processus vraiment ‘’démocratique’’. C’est d’ailleurs un mot qui apparait souvent dans le préambule. Une fois que tu as lu tout ça, ça fini en queue de poisson », indique-t-il en entrevue avec le Journal.

De son côté, Marie Thibaudeau, aussi résidente et signataire, considère que les citoyens perdent du pouvoir face à l’administration municipale. « Notre seule fenêtre, le seul temps où on peut exercer un pouvoir, c’est lors du processus d’approbation référendaire. Si un quartier au complet est en désaccord avec un projet, ç’a un poids légal et démocratique. Donc ce règlement-là, ça concerne tous les résidents de Prévost, tous les quartiers. On nous retire notre seul droit démocratique concret », explique-t-elle.

Ainsi, dans la lettre, plusieurs citoyens de Prévost demandent à la Ville d’inclure à nouveau le processus d’approbation référendaire dans son règlement.

En entrevue avec le Journal, le maire de Prévost, Paul Germain, indique que l’intention de la ville avec ce retrait était notamment de distinguer  » l’intérêt collectif de l’intérêt individuel « .  » En gestion municipale, on doit prendre des décisions essentielles pour l’ensemble de la communauté. Des fois, il n’y a que quelques personnes qui sont contre un projet. Avec la politique de participation citoyenne, on évite que cinq personnes en désaccord bloquent un projet à portée municipale, parce que ça ce n’est plus de la démocratie « , explique-t-il.

Le conseil municipal « paraît ouvert » aux discussions

Le 27 avril dernier avait lieu une séance de consultation publique sur le règlement en question. Selon M. Lamarche, « il y a une dizaine de personnes qui se sont exprimées et c’était unanime. Tout le monde était contre le fait que le processus référendaire soit retiré du règlement 820 », souligne-t-il.

Toutefois, il a constaté une ouverture du conseil municipal à discuter de ce projet. « Le maire a paru très réceptif. À la fin de la séance, il a proposé la formation d’un groupe de réflexion sur comment on pourrait bonifier le règlement. Ce groupe-là aurait comme mandat de faire un remue-méninge et de jeter sur la table différents éléments de solutions et voir à partir de là ce qui serait susceptible de plaire à tout le monde », explique le citoyen.

La première rencontre du groupe de réflexion devrait avoir lieu le 16 mai prochain, indique M. Lamarche.

Paul Germain a d’ailleurs confirmé la création de ce comité. Le maire ajoute également qu’il réserve  » une proposition intéressante pour sauver le processus d’approbation référendaire avec notamment des conditions et des critères « , dit-il.

 » On est à l’écoute de nos citoyens. Le but c’est de bonifier et d’améliorer la politique de participation. Donc on a trouvé des compromis qui devraient satisfaire les citoyens « , avance-t-il.

Projet de 104 logements : Les citoyens veulent se faire entendre

Le retrait du processus d’approbation référendaire inquiète surtout Marie Thibaudeau dans le cadre du projet de 104 logements à Prévost. Elle souhaite conserver le processus afin que les citoyens du quartier se fassent entendre.

« On comprend que ça prend du développement pour loger les gens, mais est-ce qu’on peut le faire de façon acceptable socialement et avec réflexion ? Si je me fie aux casiers postaux de notre quartier, ils vont doubler la population avec le projet de 104 logements. Moi je trouve ça beaucoup », explique-t-elle au Journal.

Les 16 signataires de la lettre demandent notamment à la Ville de s’engager à « passer par le processus d’approbation référendaire » dans le cadre de ce projet. Selon Michel Lamarche, Prévost se serait d’ailleurs engagée à le faire.

Tout juste avant d’aller sous presse, le maire de Prévost a confirmé au Journal que le projet de 104 logements suivrait le processus actuel : il passera effectivement par le processus d’approbation référendaire.

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