On vit dans les deux langues à Morin-Heights

Par Simon Cordeau

Morin-Heights est la seule municipalité officiellement bilingue de la MRC des Pays-d’en-Haut. « Toutes les communications se font dans les deux langues », explique son maire, Tim Watchorn. La municipalité contient aussi l’une des rares écoles primaires anglophones de la région. Mais outre sa communauté historique anglophone, Morin-Heights est d’abord bilingue.

Une communauté bilingue

Le bilinguisme fait partie de l’ADN de Morin-Heights. « Moi j’ai 50 ans, et ça fait 50 ans que je reste ici. Il y a toujours eu une belle chimie entre les anglophones et les francophones. » D’aussi loin que M. Watchorn se souvienne, les familles d’une langue ou l’autre ont toujours appartenu à la même communauté. « On se connais-sait tous, on se fréquentait. » Il ajoute qu’on passe d’une langue à l’autre dans une même conversation, parfois avec un peu de franglais entre les deux.

Doug Simon est président de l’Association historique de Morin-Heights. Photo : Courtoisie

Pour Doug Simon, président de l’Association historique de Morin-Heights, c’est difficile pour les anglophones de rester à l’écart dans la petite municipalité, ce qui est une bonne chose. « À Montréal, c’est facile pour les citadins de se tenir entre eux, mais ici en campagne, c’est impossible. Il y a un seul bar dans le village! [Rires] Donc les francophones et les anglophones sont ensemble », illustre-t-il.

L’importance du français

« Tous les commerces accueillent le monde en français à Morin-Heights. » Pour le maire, c’est le français qui rend le Québec unique. « La beauté du Québec, c’est la culture francophone! Il faut la vivre pleinement. J’ai même marié une francophone! », raconte-t-il en riant. « Si on veut être un endroit spécial, il faut que le Québec soit francophone. C’est agréable pour un touriste de se faire approcher en français en premier. Si on l’approche dans sa langue, quelle est la différence entre être à Pittsburgh ou à Montréal? »

Doug Simon abonde dans le même sens, et trouve important d’apprendre le français si l’on est au Québec. Il a vécu 25 ans en Ontario, pour le travail, avant de revenir s’établir au Québec, à Morin-Heights, lorsqu’il a pris sa retraite. « Je me faisais demander : pourquoi veux-tu aller vivre là? Parce que la vie est tellement meilleure au Québec! Il y a une joie de vivre! En Ontario, les gens sont plates », lance-t-il en boutade. « C’est ici que je veux finir mes jours. »

L’avantage du bilinguisme

Si certains voient le bilinguisme comme une menace, M. Simon n’est pas de ceux-là. « Si quelque chose m’inquiète, ce ne sont pas les gens ou les gouvernements. Ce sont ceux qui manipulent la situation pour que les gens ne s’aiment pas entre eux. »

Tim Watchorn est maire de Morin-Heights

M. Watchorn voit même le bilinguisme comme un avantage, pour ses citoyens et pour tous les Québécois. « Les deux langues peuvent vivre ensemble, sans enlever quoique ce soit à la culture québécoise. L’anglais peut ajouter, bonifier. Je connais des gens qui apprennent l’espagnol, le chinois… Le plus de langues on est capables d’apprendre, le plus on est riches. »

En bref: les premiers colons

Les premiers colons à s’établir à Morin-Heights sont anglophones. Si les colons (francophones) du curé Labelle ont monté dans les Pays d’en Haut en suivant la rivière du Nord, les anglo-phones ont commencé plus au sud-ouest, à Saint-Andrews (aujourd’hui Saint-André-d’Argenteuil).

Ils occupent d’abord les riches terres agricoles de Lachute, puis montent vers Milles-Isles, puis à Morin-Heights. L’immigration irlandaise est le principal moteur de cette colonisation. Elle commence dans les années 1820, puis s’accélère suite à la Grande Famine (1845-1849). Des immigrants britanniques et écossais sont aussi du lot.

Comme les colons francophones, ils sont eux aussi déçus de découvrir que les terres rocailleuses des Pays d’en Haut sont pratiquement infertiles.

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